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For Honor : l’âme des guerriers



 

 

Goût subtil du saké ou cervoise bien tiède ?

Le postulat de départ de For Honor peut prêter à sourire. Suite à une catastrophe inexpliquée, sorte de faille bousculant les lignes géographiques et temporelles du monde tel que nous le connaissons, trois civilisations reconnues pour leur amour de la paix et leur sens de l’accueil se retrouvent dans un espace bien trop restreint pour contenir les flots de testostérone en présence. Ce « pitch », qui ne déplairait pas à un Spock ou à un Sheldon, n’est bien-sûr qu’un vague prétexte pour permettre aux joueurs sensibles que nous sommes d’incarner un bon gros barbare cornu, un chevalier sans peur et sans reproche ou un samouraï expert en décapitation. La cinématique d’entrée annonce donc clairement la couleur : dans ce monde de bourrins qui ne savent même pas pourquoi ils combattent sinon pour l’honneur, pas de place pour la diplomatie et la politesse.

Memento mori

Pourtant dès le mode « Histoire », on comprend que For Honor propose un gameplay bien moins caricatural que son background. Précisons d’ailleurs que ce mode solo est loin d’être accessoire et s’avère même assez indispensable avant de vous lancer dans l’arène intransigeante du multijoueur. En effet, la campagne est découpée en trois grands épisodes, chacun d’eux permettant de vous familiariser avec les différentes classes guerrières des trois civilisations ainsi qu’avec leurs techniques spécifiques. Pas trop mal agencé mais souffrant d’un doublage ridicule, ce mode s’avère très plaisant dans la mesure où il vous permettra de faire le tour des héros disponibles et d’assimiler dans les grandes lignes leurs différentes attaques. Pour chaque clan, quatre types de guerriers sont au menu. Les combattants de base sont les plus faciles à prendre en main et offrent un excellent ratio entre agilité, puissance et endurance. Les guerriers massifs sont véritablement impressionnants par leur gabarit et compensent leur lenteur par des coups dévastateurs et une capacité à encaisser de nombreuses blessures avant de s’effondrer. Les assassins sont évidemment les plus rapides et peuvent tournoyer autour de leurs adversaires en les harcelant continuellement. Mais attention, leur faible résistance les rend particulièrement vulnérables et vous oblige à privilégier l’esquive. Enfin, les guerriers mixtes ou hybrides empruntent plusieurs caractéristiques à toutes les classes vous laissant plus de latitude pour varier vos tactiques. Bien évidemment chacun de ces seigneurs de guerre disposent de coups spéciaux plus ou moins difficiles à « sortir » et qui devront être préalablement assimilés. La campagne solo achevée, il est donc préférable de jeter son dévolu sur un guerrier précis afin d’en maitriser toutes les subtilités et tous les enchainements si vous ne voulez pas vous faire déchiqueter par un adversaire cumulant une centaine de parties et optimisant les moindres caractéristiques de son avatar.

Mon épée dans ta face !

Mais puisqu’il s’agit d’un jeu de combat, il est temps de se pencher sur ce gameplay si particulier. Pour résumer en quelques mots, le socle de celui-ci repose sur l’anticipation de votre garde et de celle de l’ennemi. Trois positions sont possibles : une garde haute et deux gardes latérales que vous pouvez ensuite coupler avec deux attaques principales, l’une rapide mais peu létale, l’autre beaucoup plus puissante mais laissant le temps à l’adversaire le plus vif de vous opposer son bouclier, de vous esquiver voire de tenter une parade. L’ensemble pourrait paraître rudimentaire de prime abord mais s’avère à la fois réaliste et bien plus subtil qu’il n’y parait. Réaliste car le changement de garde avec des armes médiévales aussi pesantes ne se fait pas à toute vitesse. Votre adversaire a donc un peu de temps pour percevoir comment vous bloquer ou bien même anticiper votre coup pour vous estourbir.

Tout le charme du gameplay réside donc dans la subtile association de la latence dans les mouvements et dans l’anticipation des assauts des combattants adverses. Inutile de frapper comme un forcené d’un même côté si vous êtes bloqué… Vous ne réussirez qu’à faire chuter votre barre d’endurance et vous placer en position de faiblesse. Il n’est donc pas rare que ces duels soient des plus tactiques, vous et votre ennemi vous faisant face en position d’attente afin de saisir la faille au moment le plus opportun. La jouabilité est encore enrichie avec un système de parades qu’il est possible d’enclencher en bloquant le coup dans un timing parfait. Rajoutez également des mouvements de brise-garde ainsi que des combos spécifiques qui peuvent être « imblocables » ou étourdissantes et vous disposez alors d’une palette tactique que vous ne maitriserez de manière optimale qu’au bout de dizaines d’heures de jeu.

Qui plus est, les aptitudes de votre héros ne sont pas figées et les points d’expériences que vous accumulez peuvent être dépensés pour acquérir des « pouvoirs spéciaux » passifs ou actifs comme la régénération des points de vie ou encore des dégâts optimisés durant quelques secondes. Les pouvoirs actifs ne sont évidemment pas activables à volonté mais se rechargent dans des délais plus ou moins longs selon le niveau atteint. Différents bonus exceptionnels sont placés sur les maps, certains d’entre eux permettant des attaques de zone comme une volée de flèches s’abattant sur une horde d’ennemis. Car For Honor ne se contente pas du one on one.

Le multi au cœur du jeu

En effet, l’un des multiples attraits de For Honor réside dans le nombre de combattants présents à l’écran. Sans atteindre la démesure d’un mushu comme Dynasty Warriors, les héros incarnés par les différents joueurs sont accompagnés de leur armée gérée par l’IA. La grande majorité des soldats sont de simples fantassins neutralisés en un seul coup mais des lieutenants intermédiaires proposent déjà beaucoup plus de résistance et sauront épauler les véritables héros à la tête d’une faction. Ecraser les simples péons n’est pas vain car cela vous permettra d’accumuler des points et d’upgrader votre perso en achetant de nouvelles armes ou de nouveaux éléments d’armure. Durant les assauts, au fur et à mesure que vous bloquerez des coups, une jauge de vengeance se remplira et permet par la suite de passer temporairement en mode berzerk. Attention à la boucherie !

Toute cette furia sanguinaire pourra s’exprimer autour de plusieurs modes de jeu favorisant le travail d’équipe. Nous retrouvons donc un mode « domination » qui nécessite d’investir différentes zones et de les « tenir » un certain temps. Vous intégrez ainsi une faction de quatre joueurs et passez de zones en zones pour cumuler des points. Tuer un héros adverse vous apporte évidemment une gratification substantielle et ainsi d’atteindre la barre fatidique des 1000 points synonymes de victoire. Les modes « Rixe » et « Eliminations » sont plus classiques et se déroulent en plusieurs manches. C’est bien simple : à la fin, il ne peut en rester qu’un comme dirait l’autre ! Le mode « Duel » s’avère un peu moins jouissif et reste d’ailleurs moins fréquenté sur les serveurs. Toujours sympa néanmoins de combattre un seul adversaire pour jauger ce que vous valez réellement individuellement. Et si vous choisissez une petite confrontation avec l’IA, sachez que celle-ci est souvent redoutable et propose un vrai challenge pour le néophyte…

Une réalisation plus qu’honorable

Pour ne rien gâcher, For Honor jouit d’une réalisation très séduisante. Si les décors n’atteignent pas un niveau de finesse à se décrocher la mâchoire, ils restent assez diversifiés et plutôt inspirés en termes de level-design. C’est surtout au niveau de la modélisation des personnages principaux et de leur animation que le jeu frise l’excellence. Sérieusement, c’est assez décoiffant et d’un réalisme qui force le respect ! L’impression de puissance dégagée par les personnages est jubilatoire et les exécutions sommaires qui viennent parachever certains duels s’avèrent paradoxalement aussi sanguinaires qu’esthétiques. En revanche, la musique fait parfois cruellement défaut. Ubi a de toute évidence privilégié cette option pour mettre en évidence les hurlements, les explosions et surtout le fracas des armes. Mais un petit « score » n’aurait pas été de trop pour soutenir le caractère épique de vos combats.

Testé sur PS4