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Ghost Recon Wildlands : la menace fantôme



La Bolivie, c’est pas le Pérou !

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Ubisoft n’a pas fait dans la diplomatie avec ce nouvel épisode baptisé Ghost Recon Wildlands ! Sauvages, les magnifiques paysages boliviens le sont effectivement très souvent. Mais bien moins que le climat social et politique qui est ici dépeint. Les scénaristes ont fait de ce pays une véritable république bananière aux mains d’un cartel de la drogue baptisé la Santa Blanca et dirigée d’une poigne de fer par un parrain à la fois sanguinaire et mystique. Celui-ci a clairement phagocyté l’économie du pays, soudoyé politiciens et généraux pour bâtir méticuleusement un Etat dans l’Etat doté d’une armée capable de rivaliser avec une force militaire conventionnelle. Ainsi, la seule alternative pour démanteler cette organisation tentaculaire est de faire appel à une unité d’ élite pour soutenir une rébellion clairement aux abois. La manière dont le jeu égratigne la Bolivie a d’ailleurs officiellement déclenché les foudres de son gouvernement, celui-ci appréciant très modérément un tel traitement. Polémique mise à part, voici un background idéal pour une campagne faisant la part belle à l’infiltration et au combat tactique. Fidèle à ses habitudes, Ubi nous propose donc une vaste map découpée en de multiples régions regorgeant d’objectifs principaux et secondaires à l’instar de la série des Far Cry. En revanche, il faut reconnaître que Ghost Recon Wildlands innove en gommant des gimmicks trop convenus, comme le fait d’avoir à collectionner indéfiniment certains items. Non, votre commando n’aura pas à partir à la cueillette de fleurs exotiques ou bien encore à dépecer tout un cheptel de bovidés afin de se fabriquer des sacs à main et c’est bien tant mieux !  Les développeurs ont intelligemment choisi de recentrer les missions sur des objectifs purement militaires ce qui évite au gameplay de se fourvoyer dans des séquences accessoires et répétitives. Qui plus est, une véritable sensation de liberté se dégage de l’aventure. Certes, celle-ci s’architecture autour de missions principales que vous ne pourrez éviter. Mais il est également possible de naviguer sur la map afin de remplir des objectifs annexes mais toujours cohérents et subtilement reliés à la trame centrale. Ces missions parallèles vous serviront par ailleurs à recueillir de nouveaux équipements pour vos armes ou des points de compétences à utiliser pour améliorer vos performances ou acquérir des gadgets bien utiles pour investir des avant-postes ou des campements extrêmement sécurisés. Au final, le joueur éprouve la très agréable impression de ne pas être « téléguidé » dans une aventure totalement scriptée et peut ainsi se bâtir un arsenal sur mesure selon ses affinités.

 

La réflexion ne tue pas l’action. Non vraiment pas du tout !

Cette sensation de liberté se retrouve également dans un gameplay qui, à l’inverse des FPS traditionnels propose une dimension tactique bien plus conséquente. D’autant plus que les objectifs ne consistent pas systématiquement à prendre possession d’une zone mais parfois à retrouver un document important, à pirater un système ou bien encore à interroger l’un des capo de la Santa Blanca. S’il est toujours possible quoique très périlleux de se la jouer bourrin en rentrant dans une zone hostile tel un chien dans un jeu de quilles, le jeu prend vraiment tout son sens et toute sa saveur si l’on s’attache à bien repérer les lieux et surtout à parfaitement collaborer avec ses trois acolytes qui auront eu le soin de choisir des profils de soldats spécialisés dans un domaine spécifique.

En effet, bien du chemin a été opéré depuis le premier épisode de la série et les possibilités offertes par la démocratisation du online portent l’expérience à une dimension coopérative bien supérieure. On peut bien entendu boucler le game en solo (nous reviendrons sur cette possibilité ci-après), mais Ghost Recon Wildlands a clairement été pensé pour le jeu coopératif en ligne. Ainsi, avec l’aide de trois amis, il est possible de réellement travailler en team pour mener à bien les assauts, chacun remplissant la tâche qui lui a été préalablement assignée. Se former une escouade avec ses propres potes reste l’option la plus conviviale mais le jeu offre le choix de recourir à un matchmaking accessible à tout moment dans le jeu. Et c’est un vrai plaisir de reconnaître la configuration topographique, d’observer un pattern dans le déplacement des gardes puis de réagir au quart de tour en parfaite synchronisation. Pendant qu’un sniper élimine un guérillero dans un mirador, un équipier fait sauter les charges judicieusement placées dans le périmètre et deux commandos profitent de cette diversion pour s’infiltrer. Voilà bien le genre de situation jouissive que propose Ghost Recon, même s’il est souvent plus prudent de retarder au maximum l’assaut frontal afin de procéder à des éliminations furtives. En effet, à la première détonation, les troupes ennemies ne feront pas dans le détail et tenteront massivement de vous atteindre et de vous éliminer. Soyons clair, le challenge en mode normal est déjà relativement relevé, l’IA s’avérant alors particulièrement agressive. En revanche, tant que vous restez discret, celle-ci reste assez permissive. A ce niveau, Ghost Recon Wildlands offre une expérience franchement contrastée.

Pour vous aider à reconnaître les lieux, vous disposez d’un équipement qui sera progressivement étoffé : visée thermique, charge de C4 et bien évidemment drone. Tout est mis en œuvre pour vous transformer en ninja des temps modernes. Vous pourrez également emprunter un hélico pour effectuer un pilonnage aérien. Mais la manœuvrabilité des appareils s’avère franchement douteuse et peu intuitive. On fera le même constat pour la conduite des différents véhicules qui frise parfois l’absurde. Franchement, on est à ce titre bien loin du niveau d’excellence d’un GTA, autre pilier du jeu en mode semi-ouvert. Constater qu’un van digne de Scooby Doo permet de survoler la pampa, de surfer sur des rochers sans quasiment se retourner, rivalisant en cela avec le meilleur des 4X4 est assez cocasse ! La Rébellion sera également une alliée parfois déterminante puisqu’elle pourra être sollicitée très ponctuellement pour un soutien au mortier ou d’autres joyeusetés du même acabit.

 

 

Seul ou mal accompagné ?

Mais Ghost Recon Wildlands est-il aussi sympathique en solo qu’en multi ? Le challenge était de taille pour les développeurs et notre diagnostic final est que la mission est à moitié remplie. Si vous désirez la jouer en solitaire, c’est donc l’IA qui prendra en charge la gestion de vos coéquipiers. Deux solutions s’offrent alors à vous. La première est de laisser le jeu gérer intégralement vos partenaires et dans ce cas, il sera assez rapide de constater qu’ils ne servent pas à grand-chose. Sans initiative, ils se contentent de vous suivre pas à pas comme des petits chiots et de faire feu lorsque vous aurez déclenché les hostilités. A partir de là, ne comptez pas sur eux pour se déplacer d’un millimètre même s’il s’avère que la situation devienne critique et que rechercher une autre ligne de tir est une simple question de bon sens. Au final, leur seule réelle utilité sera de venir vous réanimer en cas de blessure grave vous laissant sur le carreau. La meilleure option reste donc de leur assigner des directives via une roue d’ordres décidément bien à la mode. Ceux-ci sont très basiques. Il est possible de désigner un déplacement vers un point donné, de tenir une position ou bien encore d’ouvrir le feu. Le système marche cahin-caha, les équipiers présentant souvent des réactions douteuses et vous laissant par exemple être fusillé à bout portant sans réagir sous prétexte que vous leur avez demandé de tenir une position dix mètres plus loin. En revanche, une technique de sniper est tout de même assez sympathique, celle d’un tir simultané avec des cibles que vous aurez préalablement assignées. Très utile pour tuer des gardes sans déclencher l’alerte générale…

Pas une simple carte postale

Un dernier mot sur la réalisation technique ainsi que le level design de ce dernier opus. Si Ghost Recon Wildlands n’est pas le plus beau jeu disponible sur les consoles next gen, reste que le niveau d’ensemble est plutôt flatteur et que les paysages boliviens sont à la fois splendides et diversifiés. Mais c’est surtout l’architecture des bases ou des villages à infiltrer qui force le respect. Là où les avant-postes des différents Far Cry relèvent souvent du simple copier-coller, chaque bastion de Ghost Recon présente une vraie spécificité avec une exploitation intelligente du dénivelé ou de la topographie en général. Ce qui tombe plutôt bien pour un gameplay qui donne autant d’importance aux phases d’approche et de reconnaissance.

Testé sur PS4.