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Life is Strange – Before the Storm (épisodes 2 & 3) : clap de fin.




Tranches de vie

Il n’est sans doute pas très utile de rappeler en quoi consiste Life is Strange. En effet, ce n’est pas forcément le type de jeu sur lequel on tombe par hasard tant ce titre s’adresse à une niche bien particulière de joueurs, suffisamment curieux et ouverts d’esprit pour accepter l’absence de réel gameplay. Pour ceux qui désireraient néanmoins comprendre de quoi il retourne, nous les invitons à relire les précédents tests parus dans nos colonnes. Rappelons tout de même que Life is Strange propose de suivre les « aventures » d’ados américains passablement torturés et résidant à Arcadia Bay, un trou paumé de l’Oregon. Le genre de petite bourgade répondant à tous les clichés de cette Amérique laissée de côté avec son Diner, sa Main Street aux maisons arborant fièrement la bannière étoilée, son équipe de foot locale et surtout une vague mais pesante impression que l’avenir se situe partout mais forcément ailleurs… Après avoir suivi de près la trajectoire de Max Caulfield dans la première saison, Before the Storm se concentre désormais sur sa meilleure amie, la très charismatique et surtout très rebelle Chloe Price. Dans le premier épisode, celle-ci s’était entichée de Rachel Amber, la prom queen du Lycée. Rien ne semblait pouvoir réunir deux personnalités si opposées : la nerd totalement ingérable et la starlette de la ville, à la plastique aussi irréprochable que ses résultats scolaires. Mais nous avons pu découvrir que Rachel était loin d’être aussi exemplaire que ne le laissait supposer sa réputation sans tâche. Passablement perturbée par un secret familial que laissait entrevoir la dernière cinématique, Rachel trouve en Chloe une sorte d’alter ego mû par la même amertume et le même désir de fuir un univers sclérosé par les conventions.

Trip contemplatif

Ces deux derniers épisodes nous permettront donc d’en savoir un peu plus sur les raisons du déséquilibre psychologique évident dont souffre Rachel Amber. Nous découvrirons également de nouveaux personnages comme ses parents qui auront très rapidement des informations essentielles à dévoiler… Mais nous n’en dirons pas plus tant l’intérêt des Life is Strange réside dans la découverte progressive d’une histoire bien ficelée mais également sur les relations complexes qui unissent les différents protagonistes. En effet, le moins que l’on puisse dire est que la licence ne brille pas vraiment par la complexité de son gameplay et mise tout sur la mise en place d’une atmosphère bien particulière et la richesse de son casting. La première saison réservait néanmoins quelques phases plus « actives » avec la possibilité qu’avait Max Caulfield de remonter le temps et d’infléchir quelque peu sur le déroulement des évènements récents. En résultait quelques énigmes dont la résolution obéissait toutefois à un gimmick invariable. Mais avec Before the Storm, les développeurs ont clairement visé une forme d’épure en concentrant tout l’intérêt sur des dialogues plus ou moins interactifs ainsi que l’exploration des lieux. Et pas grand chose d’autre… « L’enfer est vide » affirme le titre de l’ultime épisode » ? Mais à ce point ! Les deux derniers épisodes poussent en effet cette logique minimaliste à son paroxysme avec des phases de conversations très bien écrites mais particulièrement longues. Tout ceci fait de plus en plus ressembler le jeu à une sorte de film interactif dont nous restons essentiellement les spectateurs privilégiés. De temps en temps (mais très rarement), vous serez amené à être un poil plus actif. Par exemple lorsqu’il s’agira d’ouvrir le cadenas d’un coffre dans la chambre d’un lycéen trempant dans une sombre histoire de drogue. Mais soyons francs, ces séquences sont aussi rares qu’anecdotiques. En tout cas, elles ne vous donneront guère de fil à retordre.

Ami gamer, il faut choisir ton camp !

La question qui se pose alors est de savoir si ce parti-pris relève du pari audacieux mais gagnant ou de la fausse bonne idée par excellence. Et bien, il est impossible de donner une réponse catégorique… Tout dépend essentiellement de vos attentes : si vous désirez retrouver un univers qui doit vous être désormais très familier, vous délecter de cette atmosphère à la fois mélancolique et torturée, vous serez probablement conquis par ce gametrip contemplatif. Mais si vous rechignez à rester somme toute assez passif devant les atermoiements et les crises existentielles de ces adolescentes, vous risquez de pousser rapidement des hurlements de dépit. Difficile ainsi de noter de manière très objective une telle expérience. Reste que cette saison, tout en gardant un charme indéniable, s’avère tout de même assez décevante dans sa globalité. En effet, on a du mal à retrouver l’intensité dramatique du premier opus. Prenons pour exemple la fin tout en se gardant bien de la dévoiler… Dans le Premier Life is Strange, celle-ci provoquait une charge émotionnelle rarement atteinte dans un jeu vidéo. Epaulée musicalement par le somptueux Spanish Sahara des Foals, cette ultime séquence avait sans peine arraché sa petite larme à votre serviteur. A l’inverse, la fin de Before the Storm tombe singulièrement à plat et peine à instaurer un climax digne de ce nom. C’est bien dommage car quelques trouvailles scénaristiques sont particulièrement bien pensées et permettent d’intégrer subtilement des personnages emblématiques de la licence comme la peste de service, Victoria Chase, qui n’apprécie guère de ne pas être la vedette de la représentation théâtrale donnée par la troupe de l’Académie Blackwell. Et la bande-son indie reste du meilleur goût ! Mais pour être tout à fait honnête, il est difficile de ne pas rester un peu sur sa faim.

Testé sur PS4