- Article publié sur MaXoE.com -


Rome Total War 2 : tous les chemins mènent à la guerre !



 total_war_rome_ii_wallpaper_1_by_themis711-d55y55m

Propos liminaire : je vous dois un aveu. Oui. Nous autres, testeurs/rédacteurs, ne sommes pas toujours des surhommes infaillibles et surpuissants. Parfois, oui, mais pas toujours. Ainsi, la série des Total War, si elle titille l’amateur d’Histoire que je suis, laisse sur le bas-côté le piètre joueur de STR que je suis et qui a un peu de mal à multiplier ses doigts pour mettre en place la tactique qu’il a élaboré. Aussi, pour l’occasion, je me suis adjoint les services du Chad. Le Chad est un garçon sympathique, historien de son état, et surtout fanatique absolu de la série, et bien plus à même que moi d’en extraire la substantifique moelle là où je me serais humblement tenu à survoler le jeu… Aussi ce papier et ses conclusions sont-ils en très grande partie due à son œil acéré, rendons à César ce qui appartient à César. Habile transition.

Le premier contact est très réjouissant : on découvre en effet une carte stratégique magnifique, encore plus riche et fournie que celle des opus précédents. Qui mieux est, l’IA est une sacrée sadique, qui va multiplier les angles d’attaque en jouant habilement sur ses forces et ses faiblesses : contournement, embuscade, elle ne reculera devant rien. Si d’aventure vous vous amusiez à laisser une province mal défendue, l’IA ne se privera pas de vous châtier durement pour cette insuffisance…

Le tutorial, ensuite, est aussi clair que synthétique, et plonge le joueur dans le sort peu enviable de la République Romaine naissante, alors que ses belliqueux ennemis la regardent avec un appétit plus ou moins dissimulé…

Total War- Rome II 7

Continuons sur les points positifs avec le système de déplacement des troupes, qui prend enfin en compte le déplacement des troupes par voie maritime… dans des navires de transport. Là où un Empire Total War vous permettait grosso modo d’embarquer votre armée entière, avec canassons et artillerie, dans un brick de commerce, celui-ci exigera la présence des galères de transport, qui vous permettront par exemple de contourner sournoisement l’ennemi. Attention toutefois aux galères ennemis, car sans escorte il faudra apprendre à vos hommes à nager avec leurs plastrons… En revanche, petit détail agaçant, les galères refusent parfois d’accoster sur une place alors qu’elles le peuvent sur la plage voisine… Bug ? Mapping ?

Sur le plancher des vaches, la ligne de vision, plus éloignée, donne davantage d’importance au relief, permettant ainsi de fondre sur l’ennemi après avoir progressé derrière un protecteur ressaut de terre…

Les villes, lors des batailles de siège, sont un peu plus variées que par le passé : on n’affronte pas, sempiternellement, la même ville. Même si elles ne sont tout de même pas extrêmement nombreuses, les affronter toutes et en définir les faiblesses restera un travail de longue haleine.

Enfin, les batailles historiques, hélas pas assez nombreuses, sont de beaux défis, et offrent un sentiment grisant d’immersion dans l’Histoire.

 28187TWRII_Battle_HollowSquare

Que de bons côtés! Mais hélas, toute médaille a son revers, et Rome Total War 2 ne fait pas exception à cette mauvaise règle…

Autant l’IA stratégique a fait des progrès, autant celle des batailles reste bête à manger de l’avoine par picotins. Oui, dans ce test, je fais une obsession sur les chevaux. Ainsi, il a été possible de gagner 8 batailles avec la même armée et la même formation contre le même ennemi, des fantassins au centre et de la cavalerie sur les ailles. Dès que l’infanterie entre en contact avec l’ennemi, la cavalerie charge par l’arrière et perfore les lignes. Débandade = boucherie. On va vous en donner, de la pax romana. Et là, ça pose problème. Cela signifie que l’IA ne s’adapte pas, n’apprend rien, mais surtout qu’avec cette martingale on va pouvoir défaire l’ennemi dans la majorité des cas, ce qui met au rebut les archers, trop lent, les chiens ou les éléphants incontrôlables, et même les armes de siège bien trop laborieuses à déployer en comparaison de cette tactique simpliste…

Alors bien sûr, les plus férus d’Histoire s’emploieront à faire une armée « classique », conforme aux usages de l’époque, d’autant que le nombre d’unités pharaonique s’y prête, mais les fondamentaux reviennent vite au galop, parce qu’ils sont imparables… Quel dommage. Du reste, cela revient en fait pour le joueur à faire un effort pour compenser une IA faiblarde, ce qui pose quand même un problème…

Certes, un patch est annoncé pour corriger un peu ces errements, et améliorer les graphismes et les performances (en intertour sur la carte stratégique), mais il aurait peut-être fallu commencer par cela avant de sortir le jeu…

Les batailles navales sont, hélas, pour le coup, tristement réalistes. A l’époque, la méthode la plus sûre consistait à éperonner l’ennemi. On se retrouve donc à utiliser un béhémoth de bois comme un projectile, dans ce qui ressemble de plus en plus à un combat de sumos aquatique. Amusant à imaginer, moins à jouer.

total-war-rome-ii-pc-1371222775-053

Par ailleurs, l’intégralité des tooltips a été remplacée par un lien vers une encyclopédie en ligne… Fouillie, exigeant d’être connecté en permanence, elle pousse à regretter les bons petits outils des jeux précédents…

Enfin, et vous savez à quel point cela peut m’énerver, fidèles lecteurs de MaXoE, le jeu affiche une politique de DLC révoltante. Plusieurs DLC existent déjà, d’autres sont annoncés, et l’on sent que, à la base même du jeu, comme pour Shogun, l’aspect vache à lait a été bien travaillé (plus que l’IA en tout cas). Autant on peut le comprendre pour un jeu gratuit d’accès, autant là il coûte quand même ses 50 €… De même, si on peut admettre de débourser, quelques temps après la sortie, une somme parfois conséquente pour une extension comme ont pu l’être les excellentes Invasions Barbares, il reste inacceptable, le jour même de la sortie, de devoir payer X euros en plus pour débloquer des unités qui ont donc été développées en même temps que le reste du jeu et qui sont partie intégrante de celui-ci… Vous imaginez commander une pizza quatre fromages et vous entendre dire que pour la mozzarella il y aura un supplément de 2 euros ? C’est pourtant ce que fait l’éditeur ici.

Rome Total War 2, c’est comme la copie du bon élève de service. On sait qu’on y trouvera tout ce que l’on peut en attendre, mais on sait aussi que l’on ne risque que trop peu d’être surpris, en bien comme en mal. Le jeu remplit son office, mais on a un peu l’impression qu’on a repeint le plafond plutôt que de faire de réels travaux.

 Total-War-panoramic