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Shenmue III : Une trop longue attente



Tant de questions que l’on se posait depuis l’annonce du titre survenu à l’E3 2015, oui il y a déjà quatre longues années. Shenmue III est passé par bien des étapes avant son lancement et son Kickstarter largement réussi avec plus de six millions de dollars collectés via plus de 69 000 généreux(euses) donateurs(trices).

À la tête du studio Ys Net, Yu Suzuki l’a déjà dit, cet épisode Shenmue III ne constitue pas la fin de l’épopée de Ryo Hazuki, le protagoniste de l’histoire principale, mais bien une nouvelle étape.

La suite du périple de Ryo

S’agissant d’une suite directe, on reprend l’aventure là où elle avait été laissée en suspens il y a 18 ans, c’est-à-dire SPOILER : au niveau d’une grotte. Ryo, accompagné par son amie Shenhua en apprend un peu plus sur le miroir du dragon grâce à une fresque dévoilant un dragon et un phénix tels qu’ils sont représentés sur les miroirs. Mais surtout, le jeune homme est encore à la recherche de Lan Di, l’assassin de son père pour se venger. Pour l’heure durant son périple en Chine, et plus particulièrement dans le petit village de Bailu, Ryo est à la recherche du père de Shenhua qui a disparu.

Après 18 longues années d’attente, pouvoir découvrir enfin la suite des aventures de Ryo Hazuki fait plaisir mais forcément après tout ce temps, et même s’il y a des révélations, des moments plus épiques et d’autres nostalgiques, on était en droit d’en attendre beaucoup plus sur ce périple. Cependant, il ne faut pas non plus oublier que Shenmue est aussi une invitation au voyage, l’esprit de la licence est donc respecté, ouf !

Pour les retardataires en revanche, le soft dispose d’un récapitulatif des deux premiers softs sous format vidéo mais bien entendu une vidéo ne reflète pas ce gameplay de « simulation de vie » en profondeur. Pour ce troisième épisode, on regrettera simplement les effets de mise en scène qui s’avèrent datés, chaque changement de plan amenant un écran noir avant de continuer la narration sur un autre plan. Cela manque de « fluidité » et de naturel entre ces différentes scènes. Espérons que l’équipe prendra cela en considération pour la quatrième partie.

Deux façons d’aborder l’expérience

Autant le préciser d’emblée, oui nous avons apprécié notre expérience sur ce Shenmue III mais on ne peut pas nier l’évidence, cette troisième partie de l’aventure a besoin d’optimisation et de plus de modernité. Et si jamais l’équipe de YS Net ne fait pas de mises à jour sur cet opus, les développeurs auront déjà plusieurs pistes à creuser via les retours (presse, joueurs) pour que la licence Shenmue retrouve clairement ses lettres de noblesse.

Pour cette nouvelle invitation au voyage, la structure du gameplay a été reprise sur les deux premiers épisodes originaux, quitte à être plus dépassée aujourd’hui avec davantage de mollesse, de moments moins marquants ainsi que d’une courte durée de vie face à la concurrence des jeux du genre mais aussi des aïeux de Shenmue.

Le premier point positif est que Ryo se déplace avec plus de facilité, même s’il peut encore se « cogner » contre les éléments du décor ou les contourner de manière plus difficile, son allure générale et sa prise en main sont donc plus agréables. Et c’est tant mieux puisqu’il faut faire de nombreux kilomètres pour venir à bout de l’aventure, et ce incluant les nombreux allers/retours à effectuer. Il faut dire que l’exploration « libre » du titre est soumise à la visite des lieux/endroits dans l’ordre en fonction du script, on ne peut donc pas explorer en amont si le jeu ne l’a pas décidé.

L’évolution dans les environnements reste tout de même un élément majeur pour pouvoir effectuer toutes les activités possibles dans l’aventure : réaliser des quêtes annexes souvent ratables, s’entraîner et se perfectionner aux arts martiaux, gagner de l’argent en faisant une multitude de petits boulots, jouer à des jeux de hasard, acheter/vendre des objets, enquêter ou encore cueillir des fleurs.

Les enquêtes se font toujours de manière traditionnelle, c’est-à-dire que pour collecter de nouvelles informations il faut parler à tous les PNJs du coin, et cela à n’importe quel moment de la journée, en sachant qu’ils ne se trouvent pas forcément au même endroit. Avant une Maj salvatrice du 21 janvier dernier : la discussion avec les villageois s’effectuait via un rythme particulier dans ce Shenmue ; on prenait son temps, autrement dit Ryo n’avait pas forcément l’opportunité d’interrompre son interlocuteur ce qui amenait des dialogues plus longs.

Et si vous aviez le malheur d’oublier quelque chose auprès d’un PNJ ou chez un marchand par exemple, la séquence de discussion reprenait à zéro comme si Ryo ne lui avait pas adressé la parole, et rebelote le lendemain, ce qui avait tendance à casser le rythme. Depuis cette Maj, les dialogues peuvent être passés plus rapidement et donc gagner un peu en rythme. Quel dommage que cela ne fût possible qu’en vérifiant le contenu de cette Maj survenue il y a quelques jours à peine et non pleinement durant notre expérience de jeu qui en aurait été que meilleure.

Pour pouvoir vagabonder, Ryo dispose d’une barre de santé qui a été fusionnée avec une jauge d’endurance. Si elle s’épuise au fil du temps (courir, combattre,…), il y a plusieurs moyens pour la remplir : en se reposant chez Shenhua ou en mangeant par exemple. Évidemment pour se remplir l’estomac, il faut pouvoir acheter de la nourriture et donc avoir assez d’argent que l’on obtient en travaillant, en jouant à des jeux de hasard/adresse, et même en ramassant des plantes. D’ailleurs, la découverte de la flore est nouvelle pour cet épisode, il suffit de ramasser une plante étant indiquée par un « symbole ». Il est toutefois regrettable que cette flore ne puisse qu’être uniquement vendue pour gagner un peu de pécule.

Une variation de gameplay comme la création de mixtures à partir de ces plantes par exemple pour se soigner aurait pu justement inciter à faire plus de cueillette. Mais là, vu la pauvreté de la rémunération pour des plantes, on se contente plutôt de réaliser des mini-jeux pour mieux se remplir les poches. Comme couper des bûches, faire des courses de tortue sous forme de QTE, taper des taupes ou jouer à des jeux de hasard complet ou d’adresse. On retrouve aussi le chariot élévateur ainsi que des jeux d’arcade. Par contre sur ce dernier point, il est difficile de ne pas souligner l’absence de jeux Sega, une absence certes comblée par de nouveaux mini-jeux dont certains précités mais une absence quand même.

En conclusion, cette jauge d’endurance peut autant être contraignante sur les débuts (et davantage) car la dimension de l’argent prend alors plus de place, et d’un autre côté le réalisme s’accentue aussi. Il y a tout de même une autre variante pour que cette jauge « d’endurance » évolue et donc pour que sa progression soit plus agréable : s’entraîner contre des mannequins en bois dans les dojos. À force de travailler certaines postures, la jauge d’endurance maximale finit par grimper. Il faut certes y passer un peu de temps mais cela n’en sera que plus bénéfique pour progresser mais aussi lors de combats.

L’influence de Virtua Fighter ne se ressent presque plus

Les affrontements réels sont beaucoup plus rares qu’avant, les batailles étant optionnelles pour la plupart et liées aux entraînements ou en échange d’informations, etc… Celles et ceux qui avaient joué aux précédents opus seront quelque peu dépaysés, car l’influence de Virtua Fighter ne se ressent presque plus. Pour combattre, il suffit d’utiliser les touches du pad pour faire des coups de pieds et poings, et lorsque l’on enchaîne les attaques dans le bon ordre on déclenche une technique qui au passage s’améliore. On peut aussi esquiver les coups avec sa garde. Reste que pour avoir un peu de difficulté, et pour que les manuscrits de techniques servent à quelque chose, il faut choisir la difficulté maximale. En l’état par défaut, utiliser la touche de raccourci lançant une technique rend les combats trop simples et ne nécessitent même pas l’évolution de ses techniques au préalable.

Joli mais inégal

Pour son enrobage visuel, Shenmue III se dote de l’Unreal Engine 4, si les paysages sont détaillés et offrent de jolis panoramas avec un petit plus renforcé par les effets de lumière, on ne peut pas en dire autant sur le traitement des visages qui lui est très inégal d’un personnage à l’autre. Même si ce troisième opus est logiquement plus « beau » grâce à son passage à l’UE4, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il soit à la hauteur des ténors de la génération actuelle.

Par contre en dehors de la mise en scène « coupée » et du traitement inégal des visages, le titre de YS Net rencontre notamment plusieurs soucis techniques : chutes de framerate, bugs de collision ainsi que du clipping, les deux premiers problèmes ont d’ailleurs fait l’objet de quelques réglages dans la dernière Maj mais les problèmes ne sont pas complètement réglés.

Concernant la bande sonore, Shenmue III dispose de sous-titres en français et de voix en anglais ou japonais, au choix. Finissons avec l’OST du jeu, les habitués de la licence reconnaîtront certains morceaux des épisodes précédents mais aussi de nouvelles mélodies restant en accord avec la licence.

Testé sur PS4 Pro