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Space Hulk Tactics : 40.000 raisons de mourir !



Si Vis Pacem, Para Bellum

Mais tout d’abord, qu’est-ce donc qu’un Space Hulk ? Et bien il s’agit d’un conglomérat d’épaves de différents spaceships et de multiples débris dérivant dans l’espace intersidéral. Malheureusement, ces amas offrent des caches de choix pour différentes créatures aussi hideuses que belliqueuses et en particulier les Genestealers, des aliens tout en crocs et en griffes qui pallient un niveau de développement technique particulièrement rustre par des capacités reproductives que ne renieraient par leurs lointains cousins à savoir les Zergs de Starcraft. Face à cette menace, des commandos de l’Imperium constitués de Space Marines aux armures « Terminator » rutilantes et aux bolters laser dévastateurs sont régulièrement envoyés pour investir les couloirs de ces vaisseaux décharnés et éliminer leurs potentiels résidants. La première force de Space Hulk Tactics est de rester extrêmement fidèle à cet univers futuriste assez particulier au sens où celui-ci est également largement influencé par un design et une imagerie hérités de l’Héroïc Fantasy chère à Game Workshop. Ainsi, les Space Marines œuvrent pour un Empire théocratique à l’organisation presque féodale et dont la spiritualité n’est pas absente comme en témoigne le nom des factions militaires qui composent son armée. On peut donc considérer que les Blood Angels ou les Ultra Marines ne partent pas seulement en guerre mais véritablement en croisade, protégés par de saintes bannières… et de gros flingues bien évidemment !Space Hulk Tactics vous propose donc de prendre en main différentes escouades de ces « anges sanglants » pour pacifier un énième Space Hulk menaçant l’intégrité de l’Empire.

Un alien, ça va ! Mais des aliens….

Space Hulk Tactics reprend dans les grandes lignes le gameplay du jeu de plateau original. Il s’agit donc d’un jeu d’exploration et d’affrontement au tour par tour dans un environnement relativement resserré composé de couloirs et de portes blindées. Disons-le tout de suite, il ne faut pas être claustrophobe et s’attendre à des environnement diversifiés : rien ne ressemble plus à un intérieur de vaisseau qu’un autre intérieur et les labyrinthes métalliques dans lesquels vous évoluerez semblent forcément sortir du même moule. Mais au final, il s’agit avant toute chose d’instaurer une atmoshère étouffante et oppressante, les terribles Genestealers pouvant vous tomber dessus au détour d’un couloir ou rester tapis derrière une porte que vous ne manquerez pas d’ouvrir inconsidérément. Et sur ce point Space Hulk Tactics retrouve cette faculté de vous tenir en haleine et perpétuellement sur le qui-vive. Dommage que la bande-son, terriblement minimaliste, ne soit composée que de quelques thèmes épiques juste corrects et qui ne soutiennent pas suffisamment la tension parfois palpable que génèrent certaines séquences de jeu. Tout le monde n’a pas la maestria d’un Jerry Goldmith pour combler le vide sidéral d’une partition aussi terrorisante que celle d’Alien. En revanche, les développeurs de Cyanide ont clairement décidé de mettre les bouchées doubles en termes de modes de jeu puisqu’en dehors du multiplayer et d’un mode escarmouche permettant des parties « relativement » rapides, deux grosses campagnes scénarisées sont proposées dont l’une totalement dédiée aux Genestealers ce qui constitue une grande première pour la licence et laisse entrevoir deux gameplays forcément différents, au regard des spécificités de ces factions.

Pour la gloire de l’Imperium

La première de ces campagnes solo vous propose donc de diriger des escouades de Space Marines à l’assaut d’un Space Hulk de toute évidence infestée par des hordes de xénomorphes mal attentionnés. Comme nous l’avons déjà indiqué, le gameplay reprend dans les grandes lignes celui du jeu de plateau avec cependant un ajout majeur, celui des cartes de commandement. En gros, chacune de vos unités que vous aurez préalablement déployées dans l’aire de jeu divisée en « hexagones » se voit attribuer un certain nombre de points d’action qu’il s’agit de dépenser le plus tactiquement possible sachant que certaines d’entre elles ont un coût évidemment plus élevé. Vous pouvez par exemple progresser d’une case, ouvrir une porte ou encore vous maintenir en position défensive et ainsi fragger toute créature qui passerait inopinément dans votre ligne de tir. Comme bien souvent, vos unités possèdent des capacités spécifiques, certaines s’avérant plus léthales mais en revanche moins mobiles en raison d’une armure renforcée. Il faut donc bien réfléchir à l’enchainement de vos différentes actions car une fois celles-ci programmées, aucune rétroaction ne sera possible, à l’inverse d’un bon vieux boardgame. Il est à noter que le jeu intègre de nouvelles options au fur et à mesure de votre progression via des « achats » de matériel ou encore des upgrades ce qui enrichira la dimension tactique du jeu. Mais ce sont surtout ces fameuses cartes de commandement qui constituent la réelle valeur ajoutée de ce gameplay somme toute assez conventionnel et daté. En effet, ces cartes peuvent être sacrifiées pour se renforcer en unités ou bien utilisées en « one shot » pour activer des capacités spéciales temporaires mais franchement puissantes et clairement déterminantes pour modifier le cours de votre mission. Il n’est pas rare de renverser ainsi à votre avantage une situation qui semblait pourtant désespérée. Car si les Genestealers ne disposent pas d’un équipement high tech, ils imposent manifestement la loi du nombre et vont assaillir par grappes des Marines qui semblent parfois bien esseulés malgré leur imposante stature.

Pesant et austère

C’est d’ailleurs le concept sur lequel sera axé le gameplay de la campagne Genestealer. En effet, lors de la phase de déploiement, le joueur ne placera pas directement des unités mais plutôt des sortes de « nids » qu’il pourra faire éclore ultérieurement et plus spécialement au moment où les marines s’y attendent le moins. Malheureusement cette phase de placement a tendance à devenir laborieuse et répétitive. De manière générale, la campagne (et son arc narratif) sera moins immersive que celle consacrée aux forces de l’Imperium d’autant que la seule vue proposée sera isométrique alors qu’il est possible de basculer dans une vue type FPS avec un bon vieux Space Marine. Tout ceci relèverait du simple détail si une impression de lourdeur ne se dégageait pas d’une jouabilité qui souffre sans doute de son côté old school. Le caractère séquentiel du gameplay, le placement des unités ainsi que la progression « case après case » font évidemment partie intégrante de la logique d’un jeu au tour par tour mais finissent par poser des problèmes de rythme assez conséquents. Trente ans séparent le premier Space Hulk de cette dernière mouture et sans doute n’est-on plus habitué à cette forme de lenteur et surtout à l’accumulation de ces phases de planification… Et puis, il faudrait également évoquer un vrai problème d’ergonomie et de lisibilité.: les informations à l’écran sont parfois difficiles à déchiffrer et la navigation dans l’interface n’est pas toujours des plus aisée. La presbytie de l’humble testeur que je suis ne saurait tout expliquer ! Enfin, si le jeu n’est pas laid et propose un design très respectueux de l’univers Warhammer, nous sommes tout de même là face à un niveau technique un peu cheap par rapport aux standards actuels. Pour le coup, un jeu comme X-Com qui évolue dans le même créneau ludique est franchement moins terne et autrement plus dépaysant. C’est un peu dommage car Space Hulk Tactics reste un jeu intéressant en soi et propose par ailleurs de multiples options. Le mode escarmouche permet de se faire une petite partie en vitesse (comptez néanmoins 40 minutes en raison des problèmes suscités) et le titre propose également un éditeur de niveau franchement facile d’accès et à même de mobiliser une communauté de joueurs qui commence d’ores et déjà à s’étoffer. 

Testé sur PS4