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La Terre du Milieu « L’Ombre de la Guerre » : Talion versus Sauron



Librement adapté de…

Si l’œuvre de Tolkien laisse une place importante aux tractations diplomatiques entre des Royaumes plus ou moins unis contre les forces de Sauron, si elle ne néglige pas non plus le développement psychologique de ses principaux personnages, la Terre du Milieu reste avant tout un univers très sombre dans lequel la guerre et le combat sont omniprésents. Pas vraiment le temps de profiter d’une paix éphémère car les armées du Mordor demeurent perpétuellement en état de veille, animées par un seul but : faire chuter les hommes et servir l’Anneau ! L’Ombre du Mordor dont vous pouvez lire notre test pour vous rafraichir la mémoire, proposait donc en toute logique un gameplay résolument tourné vers l’action et vous permettait d’incarner Talion, un Rôdeur Gondorien dont la famille fut décimée et qui, rejeté par le Royaume des Morts, se voit confier la double mission de se venger mais surtout de faire chuter le Seigneur des Ténèbres. Pour cela, il est aidé du fantôme de Celebrimbor, prince elfique qui forgea jadis les anneaux de pouvoir et avec qui Talion est capable de fusionner.

Nous avions quitté Talion alors que celui-ci était parvenu à forger un ultime anneau de pouvoir à même de rivaliser avec l’Unique. Ce tout nouveau épisode baptisé L’Ombre de la Guerre se présente comme la suite directe du premier opus et il semble indispensable ou du moins recommandable d’avoir joué à celui-ci pour profiter pleinement de cette nouvelle aventure. Talion est toujours animé par une haine viscérale et n’a pas renoncé à vaincre Sauron par tous les moyens. Mais très rapidement, notre héros largement inspiré du personnage d’Aragorn se voit subtiliser son anneau par une nouvelle figure maléfique : la belle et vénéneuse Arachnée. Difficile de savoir si celle-ci œuvre pour Sauron ou se positionne comme une ambitieuse rivale. Le résultat est le même : aidé par Celebrimbor, Talion se doit de retrouver son bien s’il veut mener à terme sa quête vengeresse. 

Les bases du scénario sont donc rapidement posées et il faut reconnaître que cette intrigue « colle » plutôt correctement à la mythologie de Tolkien même si certains adorateurs intégristes de son œuvre vont probablement hurler à mes propos. Il y aura toujours des puristes qui couineront devant les très nombreuses libertés prises par les développeurs : les Ouargs changent de nom, on peut croiser un Gondorien de type africain qui se promène au beau milieu de Minas Ithil et Arachnée, la célèbre araignée de Cirith Ungol se voit étrangement anthropomorphisée… Ce n’est pas vraiment du total respect ! Mais franchement, on entendait déjà les mêmes jérémiades effarouchées lors de la sortie du Seigneur des Anneaux ou pire encore du Hobbit. Laissons-là ces batailles de spécialistes et profitons simplement de ce jeu qui reprend malgré tout le design et les grandes lignes thématiques de la Trilogie dont cet épisode se veut une préquelle.

Le système Némésis : un gameplay adaptif

Pour mener à bien votre entreprise, il va falloir découper de l’Uruk Hai sans discontinuer. Clairement, L’Ombre de la Guerre est un gros jeu d’action à la troisième personne bâti sur le modèle d’un Assassin’s Creed. D’ailleurs, la comparaison entre ces deux titres ne s’arrête pas là puisque le jeu propose également un open world regorgeant de missions principales ou annexes ou bien simplement de petits défis à relever. Le menu est particulièrement copieux et la carte du jeu donne rapidement le tournis par le foisonnement des objectifs à remplir. Par ailleurs, toute votre aventure sera directement impactée par le système Némésis déjà présent dans le précédent épisode mais ici largement approfondi. Mais de quoi s’agit-il ? Et bien plutôt que d’affronter des ennemis anonymes et clonés ad nauseam, les développeurs ont choisi de personnaliser de nombreux capitaines dotés de leur propre identité mais surtout de points forts et de faiblesses.

Il est donc plus que jamais utile de collecter des informations sur telle ou telle cible afin de savoir exploiter ses failles et de ne pas se retrouver dans une situation périlleuse et insoluble faute de renseignements. L’échec, à savoir une mort prématurée, est à ce titre extrêmement punitif puisque votre assaillant se voit alors systématiquement upgradé, l’ego gonflé à bloc par la victoire. Cette individualisation des leaders ennemis est poussée dans des retranchements insoupçonnés comme en témoigne le déroulement de certains combats. En effet, les capitaines ou les commandants de citadelles sont même capables de s’adapter à votre tactique et de vous surprendre là où vous l’attendez le moins. Par exemple, si vous abusez de sauts afin de passer derrière votre adversaire, celui-ci modulera son comportement et anticipera chacune de vos tentatives pour vous repousser : ce sera le moment de modifier votre tactique…

Malheureusement, le jeu est parfois vaguement « cheaté » avec quelques boss particulièrement retors et n’affichant aucune faiblesse. Et là, c’est la bonne prise de tête ! Qui pouvait penser qu’un Orque était capable de réfléchir à ce point ? C’est clair, ce jeu ne respecte pas l’esprit de Tolkien qui veut que ces créatures soient avant tout de gros berzerks décérébrés. Sans compter que ces leaders évoluent rarement seuls : le nombre d’ennemis prêts à vous tomber dessus est parfois si important que le jeu semble lorgner vers le genre bien spécifique du Musô. Ce n’est pas un Dynasty Warriors, loin s’en faut, mais il y a quand même du monde à l’écran et pas franchement bien disposé à votre égard.

Pour clore le chapitre autour de ce système Némésis, sachez qu’au bout d’une grosse heure de jeu (disons deux), il sera également possible de soumettre ou de soudoyer certains officiers ennemis et de les intégrer à votre armée. En effet, L’Ombre de la Guerre intègre à son gameplay une gestion d’effectifs militaires puisque chaque place-forte que vous reprendrez à Sauron devra être soigneusement protégée avant d’être de nouveau assiégée par les hordes ennemies. Libre à vous de choisir celui qui devra assurer le commandement de la garnison. Et choisissez-le bien car les trahisons et retournements d’armure sont toujours possibles ! 

More is less or less is more ?

Comme vous pouvez le constater dans ces quelques lignes, L’Ombre de la Guerre se veut très ambitieux. Et sur certains points, le pari semble réussi : les graphismes et les animations sont nettement plus travaillés sans pour autant atteindre des sommets. Les décors sont également plus diversifiés même si tout cela reste au final assez sombre. Cette logique du « toujours plus » se retrouve également dans l’arbre de compétences et l’inventaire de Talion. On ne sait où donner de la tête tant les possibilités de développement ou de looting semblent démesurées. Mais c’est sans doute en raison de ce caractère pléthorique que le jeu finit par se prendre les pieds dans le tapis.

A trop vouloir en faire, L’Ombre de la Guerre finit par noyer le joueur sous la multiplicité des options. C’est encore plus flagrant si l’on considère le nombre de missions et de quêtes réalisables. Certes, cela rallonge de manière plus que sensible la durée de vie du jeu mais c’est au prix d’une très grande répétitivité. Car au final, toutes les missions finissent par se ressembler et ce qui peut tenir en haleine une quinzaine d’heures finit par s’effilocher au bout d’une vingtaine. Assez incroyablement, le joueur finit par attendre le chapitre final et désire réellement en finir ! L’écriture scénaristique, un peu paresseuse, mais surtout le manque de charisme des principaux personnages ne jouent sans doute pas en faveur du titre dans ce domaine. 

Testé sur PS4.