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The Quarry : Une plongée dans l’effroi ?



Récompensé à plusieurs reprises, mais aussi détenteur d’un BAFTA pour le très apprécié Until Dawn (paru en 2015), le studio britannique Supermassive Games, fondé en 2008, a ensuite continué d’expérimenter le genre des jeux narratifs et interactifs, plus particulièrement les jeux d’Horreur ou les Teen Horror, avec les opus The Dark Pictures Anthology. Sur les neuf titres prévus, au lieu de huit initialement, trois sont déjà disponibles : Man of Medan, Little Hope et House of Ashes, le quatrième : The Devil in Me, arrivera cet automne.

À l’instar de l’ensemble des jeux précités, The Quarry, inspiré par des films comme Massacre au Camp d’été, La Cabane dans les Bois, Evil Dead, Souviens-toi l’été Dernier ou encore Vendredi 13, reprend le même type de schéma narratif, c’est-à-dire des choix importants, parfois anodins, parfois très cruciaux à réaliser ainsi qu’un gameplay très facile d’accès avec sa prise en main (exploration/recherche, dialogue et QTE compris).

Ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort

L’histoire commence un soir, alors que deux animateurs de colonie de vacances cherchent à rejoindre Hackett’s Quarry, un camp de vacances en pleine forêt. Durant leur trajet, il leur arrive quelques péripéties puis une ellipse de deux mois survient. C’est désormais la fin des vacances d’été, les enfants sont enfin partis et les moniteur(trice)s du camp s’apprêtent à plier bagage.

Seulement, il s’avère qu’à cause de certains événements, ils doivent cohabiter une journée supplémentaire sur le camp. Ils sont donc bien décidés à en profiter tous ensemble autour d’un bon feu de camp. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Il faut dire que de nombreux dangers rôdent dehors, et certaines rumeurs « maléfiques » font aussi parler d’elles…

Pour ce contexte d’histoire, nous avons volontairement été vague et flou sur certains passages, ceci afin de ne rien divulguer spoilant le récit. Car si vous avez suivi le procédé des jeux de Supermassive Games, vous savez déjà que chaque décision compte et multiplie les embranchements possibles sur la suite des événements, mais aussi les différentes fins. D’ailleurs dans ce domaine The Quarry fait fort puisqu’il ne propose pas moins de 186 fins différentes, variantes plus ou moins légères incluses, de quoi offrir une belle rejouabilité.

Le studio mise donc sur un slasher Teen Horror avec The Quarry, un genre très souvent utilisé dans les salles obscures. Il n’est donc pas question de réelle frayeur comme dans les Survival-Horror Resident Evil par exemple, mais plutôt de passer par des moments angoissants, dérangeants, parfois un peu plus violents/gores, mais aussi des passages plus humoristiques afin de détendre l’atmosphère ambiante.

On entre ainsi dans la catégorie des films des années 80/90 usant de prime abord de plusieurs stéréotypes de jeunes adultes, une quête de liberté grandissante, d’insouciance mais aussi, plus rarement par contre, du surnaturel. Sans trop entrer dans les détails pour encore une fois, tenter de ne rien spoiler, ce récit logiquement plus lent au démarrage afin d’intégrer tous les protagonistes, réussit ce qu’il entreprend pour satisfaire les fans de ce genre de films, avec même de multiples références. C’est simple, on se croirait face à un véritable film cinématographique bénéficiant de belles mises en scène soignées, certaines apportant un effet plus naturel, d’autres par contre apparaissent plus prévisibles, un constat qui interpellera davantage les fans de slashers Teen-Horror.

L’ensemble se vit au travers d’une version française intégrale, avec un petit regret toutefois : l’impossibilité de pouvoir choisir la V.O de ce casting bien connu des films d’horreur/action. Parmi ces célébrités, on compte notamment Lance Henriksen ayant joué dans Aliens, David Arquette dans la saga Scream, Justice Smith dans Jurassic World, Brenda Song dans Dollface, Ted Raimi (Evil Dead) ou encore Grace Zabriskie présente dans la série Twin Peaks. Dommage cependant que l’on note quelques incohérences sur certains passages, ou encore l’absence du ressenti de douleur des protagonistes, qui s’avère assez vite expédié…, tout comme la « fin » de l’aventure d’ailleurs.

Décisions, exploration, QTE,…

Tous ces acteur(trice)s se retrouvent entremêlés dans cette histoire combinant dialogues/récit via de multiples cinématiques et phases de gameplay classiques pour le style.

Chaque instant se vit au travers du point de vue de chaque moniteur(trice), apportant son lot de séquences de discussions et de choix à réaliser. Par exemple, vous pouvez simplement faire devenir votre personnage très sympathique et avenant avec les autres, ou antipathique. Mais attention, en faisant certains de ces choix, il est possible d’avoir des retournements de situation qui peuvent mettre en danger vos protagonistes. Ainsi chaque choix, qu’il soit pressenti comme anodin ou plus difficile, n’est pas à prendre la légère si vous voulez garder tous vos personnages en vie.

Pour autant, dans The Quarry il n’y a jamais vraiment de « mauvais » choix, seulement des chemins différents et des voies plus difficiles. Sachez également qu’en finissant le jeu ou en acquérant l’édition Deluxe, « trois vies » sont disponibles afin de sauver son ou ses chouchous, cela ayant évidemment pour effet de le(s) garder en vie soit un peu plus longtemps ou jusqu’à la fin « du film » qu’initialement prévu par vos choix.

En dehors de ces décisions, avec un temps largement nécessaire pour se décider, quelques phases de QTE sont de la partie. Pas de quoi avoir peur ni se sentir trop angoissé, ils sont très simples avec juste l’appui sur une touche particulière pour les réussir, il y a aussi l’appui maintenu pour retenir sa respiration pendant l’approche d’un grand danger, ou quelques phases de tirs.

Pour le reste, on se retrouve avec des passages à la troisième personne comme nous avions pu le voir dans les précédentes productions du studio. Dans ces phases, il suffit de se déplacer, assez lentement soit dit en passant, dans un axe limité prévu par la séquence, soit très très légèrement ouvert, soit un simple effet « couloir ». L’ensemble étant mis en scène par une caméra libre ou par des plans fixes avec un petit regret constaté : les décors étant parfois un peu trop/très sombres pour s’y perdre ou rater des informations.

Ces séquences dites en « mouvements libres » sont donc symbole de recherche pour faire progresser le scénario avec au passage la récolte de « preuves à conviction », d’informations sur des événements précédents pour approfondir le récit, et par des cartes de tarot. Ces dernières permettent de rencontrer une voyante et de choisir, ou non, de visionner l’un des futurs possible pour tenter de changer les événements à venir, un système là encore déjà vu dans les anciennes productions de The Dark Pictures avec le Conservateur des lieux.

Précisons également que le titre propose deux modes multijoueur : le premier, comme nous avons pu le voir précédemment dans Man of Medan par exemple, peut ici se jouer jusqu’à huit en local, l’optique étant de se passer la manette pour voir les réactions/réflexions de vos ami(e)s.

Dans le deuxième mode (en ligne) : La Meute de Loups, point d’aventure en parallèle comme ce fut le cas dans d’autres jeux, place simplement à des votes régissant les prochains chemins à prendre. Là encore, cela permet de voir si vous êtes en phase avec d’autres personnes, ou même de voir des séquences que vous n’auriez pas forcément prises en considération dans un premier run.

Dernier point, il est tout à fait possible de visionner The Quarry comme un film cinéma dans un mode dédié avec le choix de plusieurs fins ainsi qu’en mode « chaise de réalisateur » pour modifier quelques paramètres avant visionnage du film comme la réaction des protagonistes durant l’aventure : sang-froid, insouciance,…

Du cinéma interactif

Parlant de cinéma, il est l’heure de passer à la partie technique et graphique du titre. Si l’on déplore quelques soucis de synchronisation labiale en langue française, ainsi que quelques textures et expressions faciales en deçà selon les plans, le reste de cette expérience interactive s’en tire vraiment bien. Les modélisations des décors ainsi que des acteur(trice)s arrivent à donner une retranscription vraiment réaliste, d’autant que les effets de lumière et ombrage participent grandement à cette ambiance Teen-Horror. Dommage cependant, pour se répéter, que certains passages de jeu soient trop sombres pour y voir quasiment quoi que ce soit.

On termine par un petit mot sur la partie musicale. On a bien-sûr le droit à des musiques d’ambiance qui sied bien aux situations, mais aussi à des chansons de guests pour accentuer le côté cinématographique. Sans tous les citer, Moonlight est chanté par Ariana Grande, Thorn in my Side est interprété par Nik Ammar, Lucy Underhill et Michael Orchard. Il y a aussi la présence de The Venice Connection ou encore de Siobhan Williams, cette dernière étant à la fois l’interprète et actrice de The Quarry dans le rôle de Laura.

Testé sur Xbox Series X