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Total War Warhammer : par la saucisse de Sigmar !



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Boyz boyz boyz, I’m looking for a good time

Tout part pourtant comme d’habitude. On se sent comme à la maison. De belles batailles rangées, bien ordonnées, des lignes bien en place s’apprêtant à percer le flanc d’une infanterie offerte au terme d’une embuscade menée de main de maître. Ca, c’est dans Total War. Sauf que dans Warhammer, il va falloir rajouter à l’équation de la sorcellerie et des grosses bestioles malveillantes. Et ça change tout.

Creative Assembly, les auteurs de Total War, ont un univers connu et reconnu. Des STR extrêmement pointus, plaçant le joueur dans la peau d’un chef de guerre Romain, japonais ou que sais-je. La série n’est plus à présenter pour les amateurs de ce genre de jeu dans un cadre historique léché. Pour la première fois, le studio a donc choisi de sortir de sa zone de confort pour se heurter à du médiéval fantastique. Pari périlleux s’il en est, car les conséquences sont nombreuses : créatures fantasmagoriques, magie avec tout ce que cela peut comporter de surpuissant, compétences inhabituelles, etc. Un travail titanesque, en vérité. Pour se lancer, Creative Assembly a donc eu la double bonne idée : d’abord une licence porteuse, celle de Warhammer, que les joueurs de figurines et de rôle connaissent par coeur, mais aussi et surtout un système de jeux de figurines, justement, qui a dû lourdement impacter la recherche d’équilibrage du jeu et la faciliter grandement. Après tout, il « suffit » de transposer en jeu les mécaniques du jeu de plateau, tout en préservant l’identité de Total War, à savoir notamment le temps réel. Pas facile.

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Warhammer, pour les non-initiés, c’est du Tolkien en plus bourrin (encore que), un joyeux bazar dans lequel se côtoient un Empire rigide et autoritaire, des Vampires, le Chaos, les Orcs, et autres joyeusetés du même genre. De cet univers sont issus force jeux, et entre autres des jeux vidéos comme récemment Vermintide. On notera également que Bloodbowl vient de Warhammer, pour les amateurs. C’est aussi, ne nous mentons pas, une énorme source de revenus pour Games Workshop, propriétaire de la marque, autant dire que Creative Assembly joue sur du velours.

Les fondamentaux sont donc là, et bien là.Tout procède d’une carte du monde, dans laquelle nous allons administrer nos villes, conscrire, bâtir, déplacer nos armées, voire négocier des échanges diplomatiques. Du Civilization light, en gros, auquel ne manque d’ailleurs pas un arbre technologique que l’on débloque progressivement, et qui se veut tout de même essentiellement martial. Oui, dans Warhammer, le bonheur du peuple se raisonne beaucoup à coups de tartes dans la gueule, en mode « si vous n’êtes pas content allez construire votre ferme sur les terres du Chaos ».

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De toutes les matières, c’est la Waaagh que j’préfère

Mais le noeud de l’ensemble se joue dans les batailles. On arrive alors sur une représentation du champ de bataille dont chaque détail compte.

Car, bien sûr, la puissance de chaque année est importante. Mais elle n’est pas toujours déterminante. En effet, une escarmouche bien menée, des troupes placées en embuscade ou autres, sont autant de moyens de faire basculer une bataille dans un sens ou dans l’autre. La topographie, du coup, joue également un rôle déterminant, n’importe qui comprenant aisément qu’un archer, c’est plus efficace en hauteur.

Sauf que, comme nous l’avons dit, il s’agit de Warhammer. Il faut alors, aussi, tenir compte des unités mythologiques : on ne traite pas un géant comme un fantassin – merci Captain Obvious -. Et chaque armée a des caractéristiques qui lui sont propres, beaucoup plus qu’elles ne l’ont jamais été dans un Total War. Les orcs sont, ainsi, beaucoup plus forts physiquement que la plupart des autres races. Les Nains n’ont pas de magie, mais leur moral ne faiblit jamais, et leurs armes de siège sont terrifiantes. L’Empire est une armée humaine assez classique mais avec quelques talents magiques. Les Vampires, eux, sont au sommet de la chaine alimentaire, mais sont vulnérables à différents égards.

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Pour couronner le tout, le joueur pourra recruter des héros qui, en accomplissant des quêtes, pourront s’équiper, découvrir de nouveaux talents, etc. Le souci, lié à cette mécanique, c’est que le jeu est difficile et exigeant, et que du coup il est souvent malvenu d’envoyer un héros, souvent décisif en bataille, gambader à mille bornes pour récupérer un bouclier… Hors belles opportunités, on a plutôt tendance à dédaigner cette proposition, ce qui est un peu dommage. En revanche, et même sans cela, un Héros, ça envoie du pâté. Je peux vous assurer que la première fois que l’Empereur charge à dos de griffon, on se lève et on chante la chevauchée des Valkyries. Enfin moi je le fais.

J’insiste sur un point : ce Total War est en revanche, également, probablement celui dont les batailles sont les plus présentes et les plus conséquentes. Du coup, la gestion stratégique et politique devient rapidement secondaire, ce qui est un peu dommage. Bien sûr, le jeu gagne en profondeur tactique par l’apport des unités et talents évoqués précédemment, mais pour ceux qui, comme votre serviteur, ont tendance à privilégier la carte stratégique et à privilégier la résolution auto des batailles (hors combats essentiels et/ou imposés, ce qui est trop souvent le cas), cette omniprésence du champ de bataille peut générer un peu de lassitude. De même, l’issue d’une bataille (faire des prisonniers, massacrer tout le monde, conquérir, piller, etc) peut se révéler anecdotique.

Par ailleurs, le déroulement de la Campagne, quelle que soit la faction choisie, ne se renouvelle pas beaucoup, et revient toujours à la même destination que nous ne spoilerons pas mais qui est assez évidente rapidement.

En revanche, en contrepartie, on n’insistera jamais assez sur la générosité des batailles, et ce même si les unités légendaires n’interviennent que très tard. Les combats de titans sont légion, et sont toujours assez visibles, malgré quelques heurts.

 

T’as une belle hache, tu sais ?

Là où le studio s’est en revanche surpassé, c’est sur le design. Malgré un nombre d’unités pléthorique, le jeu affiche sans sourciller les grandes batailles rangées, avec un luxe de détails étonnant sur la moindre unité, aisément reconnaissable. De même, jongler avec les unités se fait sans grande difficulté, à condition de s’y attarder un peu.

Les décors, assez sobres, sont plutôt réussis. Quant à l’ambiance sonore, si l’on excepte des dialogues qui n’ont pas été doublés alors que le reste du jeu l’est, elle ne sert ni ne dessert le produit fini.

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Conclusion

Du coup, que penser de ce Warhammer ? C’est le moment ou jamais de répondre à nos deux questions.

D’abord, le jeu est-il accessible ? Non. Je vous le dis tout net. Comme je vous l’ai dit, et ce n’était pas pour le plaisir de raconter ma vie, je suis nul à ce genre de jeux, mais j’adorerais être fort. J’ai donc décidé de m’acharner sur celui-ci. Las, entre un tutorial hésitant et mal fichu et un jeu qui vous laisse un peu vous débrouiller en bataille et ce dès le début (même si la première est une formalité), il faut beaucoup de dévotion pour extraire la substantifique moelle du jeu. Si un effort a été fait pour aider les néophytes, il n’est pas très visible, donc joueurs peu désireux de vous acharner, posez-vous longuement la question de l’acquisition.

De même, la résolution automatique est souvent très surprenante, obligeant rapidement le joueur à tout jouer. Et en même temps, le reste étant très négligé dans cette version, on n’a un peu pas d’autre choix.

Après, le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui. D’abord, pour le fan, toutes les unités emblématiques sont là, et mine de rien, cela peut motiver le plus nul des joueurs. Au hasard, votre serviteur. Les batailles sont épiques, haletantes, et si le jeu est dur c’est aussi parce que l’IA a progressé de manière remarquable, y compris dans sa gestion de la diplomatie, aussi simpliste soit-elle. Les méthodes à l’ancienne n’ont plus cours, l’IA est plus réactive, s’adapte mieux, et exploite mieux la carte stratégique à son profit.

ps : pour des raisons de serveurs fermés, puis saturés, nous n’avons hélas pas pu goûter aux joies du multi annoncé.