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Metal Gear Survive : la galère interdimensionnelle



Lucy in the sky with Kuban 

Ce Metal Gear Survive s’inscrit comme la suite directe de Metal Gear V et débute immédiatement après la destruction de Mother Base. Mais vous n’incarnez pas Snake, même si celui-ci apparaît brièvement dans la cinématique d’introduction. A défaut du Big Boss, c’est un de ses fidèles lieutenants dont vous prendrez la destinée en main. Etrange destinée d’ailleurs car apparemment, vous figurez parmi les victimes du cataclysme final qui clôt The Phantom Pain. Mais en fait, vous n’êtes pas mort… Enfin si… Ou peut-être ! Enfin, on ne comprend pas grand-chose si ce n’est que votre corps est récupéré par un étrange scientifique qui va vous propulser dans une dimension  parallèle via un « trou de ver ». Cet univers surnommé Dite est une sorte de projection alternative de la Terre en franchement moins sympathique.

En effet, la surface de cette planète est terriblement hostile et désolée mais elle est surtout arpentée par les Errants, créatures humaines infectées par un étrange organisme et réduites à l’état de zombies sanguinaires. Votre mission relève quasiment de l’impossible mais vous êtes obligé de l’accepter : retrouver les archives d’une unité envoyée précédemment sur Dite et récupérer de l’énergie Kuban contenue dans les cristaux qui parasitent les fameux errants. Et comme vous êtes vous-même infecté (même si on ne sait pas pourquoi !), vous avez tout intérêt à mener ces missions à bien afin de trouver un éventuel remède. Bon en gros, c’est un scénario complétement tiré par les cheveux qui ne cadre surtout aucunement avec la mythologie des Metal Gear ! Une intrigue élaborée sous hallucinogènes et qui sert de prétexte à un jeu faisant la part belle au survivalisme. Les fans de la série peuvent déjà commencer à grincer des dents ! Mais restons calmes et objectifs…

Voyage au bout de l’enfer

Votre avatar atterrit donc sur Dite. Et franchement, c’est moche ! Dans tous les sens du terme. C’est gris-beige, uniforme au possible avec de grandes étendues sablonneuses et les reliques de bases scientifiques ou militaires plus ou moins en ruines et dont on se demande comment elles sont arrivées là ! Franchement, au bout de cinq minutes, votre personnage devrait logiquement renoncer à la vie et s’empaler sur le premier objet contondant venu afin de s’éviter un spectacle aussi déprimant. De la même manière, le joueur devra s’armer de courage pour ne pas avaler un temesta et se réfugier dare-dare dans son plumard. Mais voilà, vous êtes combattif et une IA baptisée Virgil, abandonnée par l’expédition Charon, va vous redonner un petit coup de boost en vous fixant des objectifs. Virgil, Charon, ça ne vous rappelle rien ? Et bien oui, La Divine Comédie de Dante et son fameux périple aux Enfers ! Et clairement, c’est un peu ce à quoi vous êtes confronté. Parce que non seulement il fait très moche sur Dite mais en plus y’a rien à se mettre sous la dent. Ah si ! Il y a quatre moutons et des gerbilles… Bon, là encore, on ne sait pas trop comment ils ont atterri sur Dite mais on va toujours en trucider un, histoire de se faire un bon steak. Je vous le disais, c’est complètement absurde ! 

Une aventure au régime sec !

Metal Gear Survive n’obéit donc à aucune logique scénaristique. L’idée générale, c’est de survivre dans un univers terriblement hostile et d’upgrader le camp de base abandonné par l’expédition Charon. Dans celui-ci, vous trouverez différents ateliers assignés à des tâches bien spécifiques : élaboration d’armes ou encore de gadgets mais aussi construction de nouvelles unités de fabrication ou de structures défensives. Mais pour cela, il faudra récolter des matières premières à savoir du bois, du métal, du caoutchouc, des clous et j’en passe… Donc il va falloir crafter comme un malade en cassant des chaises, des tables ou des futs en métal pour vous constituer un stock conséquent de matériaux. Pour collecter tout ce bazard, vous devrez vous déplacer sur Dite et donc vous aventurer hors de votre petit havre de paix. Mais il est sans doute utile de vous rappeler que vous n’avez quasiment rien à boire, ni à manger. Et votre avatar n’est pas vraiment résistant pour un commando d’élite ! Plusieurs jauges seront ainsi à surveiller de près : une jauge de vie et d’endurance bien évidemment mais aussi des pourcentages d’affamement et de déshydratation. Et ces paramètres seront dans un premier temps sacrement problématiques tant trouver de l’eau potable ou une ration alimentaire s’avère compliqué dans cette fichue dimension. On peut toujours boire de l’eau croupie ou ingurgiter une brochette de gerbilles mais c’est alors prendre le risque de tomber malade et de souffrir de vomissement sporadiques.

Vous l’aurez compris, votre premier challenge ne sera pas de combattre des Errants mais de survivre à la faim, à la soif ou même à une simple diarrhée ! Si après quelques heures de jeu, vous serez à même d’améliorer votre campement et de vous constituer un stock minimal de denrées alimentaires, vos premiers pas relèveront sans aucun doute du calvaire avec de multiples morts prématurées. Il y a souvent de quoi s’arracher les cheveux mais d’un autre côté, le jeu annonce rapidement la couleur : Metal Gear Survive n’est pas un titre pour les petits joueurs et il faudra faire preuve de persévérance, accepter la logique impitoyable du die and retry pour enfin arriver à un point d’équilibre et réellement progresser dans l’aventure. Et de fait, Metal Gear Survive, malgré d’indéniables défauts dont une répétitivité dans le flux des missions proposées par l’IA, a quelque chose de vraiment addictif pour peu qu’on lui laisse sa chance et que l’on passe outre les très pénibles premières heures de jeu. On progresse pas à pas ; on customise ses tenues, on améliore ses armes… Au final, la montée en puissance est lente mais elle est réelle. Suffisamment pour casser quelques hordes de zombies !

Un peu beaucoup de Walking Dead

Au-delà de la gestion de votre personnage et plus particulièrement de sa santé des plus fragiles, le jeu vous propose bien évidemment de vous confronter aux fameux Errants, ces zombies au look relativement improbable et dont une bonne partie du crâne est remplacée par un cristal du tant convoité Kuban, source extraordinaire d’énergie.  De toutes les façons, vous n’aurez guère le choix puisque les différentes zones que vous devrez découvrir et explorer sont infestées de ces pauvres créatures décérébrées. Ces Errants sont rarement isolés et se déplacent plutôt en groupes, et si neutraliser l’un d’entre eux ne pose pas véritablement de problème, tout l’enjeu sera de ne pas se laisser déborder par un flot continu de ces ennemis. De fait, la stratégie pour les contenir est assez simple… Dans votre inventaire, il s’agit de se constituer un stock de barricades, de préférence grillagées, qui peuvent être déposées comme par enchantement entre vous et vos assaillants. Il suffira ensuite de les trépaner à l’aide d’une lance ou d’un pieu ce qui n’est pas sans rappeler la technique utilisée par les héros d’une fameuse série télévisée. Outre le fait que cette capacité de transporter des barricades ne cadre pas avec certaines prétentions réalistes du soft, cette stratégie, sans être totalement infaillible, apparaît le plus souvent comme la plus efficace d’autant que les Errants s’avèrent parfaitement stupides et viennent s’agglutiner contre vos structures défensives en attendant le coup de grâce.

Vous me rétorquerez qu’un zombie est forcément stupide par nature ? Oui mais tout de même ! Lorsque vous déposez une barricade qui laisse un couloir totalement libre de 1 mètre pour être contournée et que pas une de ces créatures n’a l’instinct (vous noterez que je n’emploie pas le terme d’intellect) de dévier sa trajectoire de quelques pas, il y a de quoi se poser quelques questions. Quant à la possibilité de recourir à des techniques d’infiltration, elles seront assez rapidement laissées de côté en raison de leur efficacité très relative. Au final, on se retrouve avec un gameplay assez répétitif, le seul réel plaisir étant d’élaborer des armes de plus en plus performantes dans les ateliers de votre base. Il faut attendre plusieurs longues heures de jeu pour que Metal Gear Survive atteigne une autre dimension et que des hordes conséquentes s’en prennent directement à vos installations. Le jeu prend alors des allures de Tower Defender assez plaisantes et génère quelques pics d’adrénaline bien sentis. Et puis le multi permet également de se payer quelques sessions coopératives toujours agréables.

Testé sur PS4. Egalement disponible sur Xbox One et PC