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Yakuza 6 – A Song of Life : Shenmue 3 peut bien attendre !



La vie d’un Yakuza n’est pas un fleuve tranquille…

Nous retrouvons donc Kazuma Kiryû après un petit passage à l’hosto mais surtout trois années de mitard pour avoir joué du biceps au mauvais endroit avec des mauvaises personnes. Son premier réflexe, dès sa sortie, sera de retrouver les protégés d’un orphelinat dont il est en quelque sorte le parrain mais surtout la jeune Haruka, sa fille adoptive, ancienne star de J-pop et accessoirement dans le collimateur de la mafia. Malheureusement, la jeune Haruka semble avoir disparu depuis l’incarcération de Kiryû et lorsque celui-ci la retrouve, c’est dans un profond coma suite à un accident de la circulation qui ressemble fortement à une tentative d’assassinat. Pour parachever le tout, Haruka est désormais la mère d’un nourrisson que Kiryû va prendre sous son aile tout en étant résolu à comprendre ce qui a bien pu arriver à sa protégée. Pour paraphraser Schwarzie dans ce chef-d’œuvre de narnardise qu’est Commando : « Peu importe où, quand et comment mais quelqu’un doit payer…« . Evacuons immédiatement la question qui taraude certainement celui qui découvre la série des Yakuza avec cet ultime opus : pourra-t-il apprécier son scénario et s’attacher à des personnages qui ont été savamment développés depuis plusieurs épisodes ? Absolument ! De fait, le fan sera évidemment plus à même de comprendre certaines allusions ou références à des événements antérieurs mais le jeu n’oublie pas de guider le néophyte, par exemple en présentant très rapidement chaque personnage-clé lors de sa première apparition. Pas de problème majeur de ce côté-là. 

Bienvenue dans L’Empire du Soleil Levant.

Reste plus qu’à profiter de cette immersion totale dans le Japon moderne, que ce soit celui d’un quartier Tokyoïte à l’atmosphère animée voire épileptique ou les quelques rues de Onomichi, petite bourgade plus provinciale qui constitue l’une des zones principales de cet épisode. Ce qui frappe d’entrée, c’est la qualité de la restitution des lieux mais plus encore celle d’une atmophère particulièrement dépaysante. Les rues fourmillent de détails caractéristiques de la culture nippone avec ses échoppes colorées, ses lanternes et ses bannières décorant les façades, ou encore sa multitude de vélos (que vous pourrez par ailleurs fracasser sur la tête de vos adversaires). Les intérieurs ont également bénéficié du même soin avec des appartements urbains austères et fonctionnels qui alternent avec les logis plus zen et traditionnels. C’est également l’évocation d’un art de vivre bien particulier. Sans aller jusqu’à parler de « simulation de vie », il est possible de faire beaucoup de choses que l’on pourrait considérer comme annexes ou secondaires comme s’offrir quelques sushis ou encore boire un petit sake ou une Sapporo dans un bar plus ou moins louche. Mais en vérité, tout cela est parfaitement intégré à un arbre de progression touffu qui permettra d’améliorer les aptitudes de Kiryù. Par exemple, outre le fait d’obtenir un badge de récompense qui fera la joie des amateurs de trophées, arpenter les cafés pour picoler et sociabiliser avec les piliers de bar locaux aura un impact sur vos capacités d’endurance. Rien n’est donc laissé au hasard et ce qui pourrait sembler anecdotique peut considérablement impacter les talents de votre avatar. S’entraîner à ingurgiter des burgers (la culture américaine n’est jamais très loin tout de même…), c’est aussi augmenter votre tolérance digestive et donc au final vos capacités de récupération d’énergie ou de santé ! Le tout illustré par une image de votre estomac en coupe… Comme vous pouvez le constater, cela va quand même très loin ! 

Je prendrai un menu B5 avec une paire de baffes s’il vous plaît…

Bien entendu, le cœur du gameplay d’un Yakuza reste la simulation de bastons et celles-ci s’accumuleront de façon exponentielle lors de votre aventure. Que ce soit face à un adversaire unique ou encore en affrontant les membres d’une Triade chinoise voulant challenger la mafia locale, Kiryû aura largement la possibilité de faire étalage de ses talents de combattant ultime. Le système a quelque peu été simplifié par rapport aux épisodes précédents qui proposaient de se familiariser avec différentes écoles de combat. Désormais, vous utiliserez un amalgame de toutes ses variantes même s’il reste possible de mettre l’accent sur telle ou telle approche technique. Les rixes s’en trouvent donc simplifiées pour plus de fluidité. Attention, simple ne veut pas dire simpliste et appréhender les multiples combos pour les enchaîner efficacement ne se fera pas en deux temps trois mouvements. Au final, ces séquences s’avèrent toujours aussi plaisantes et dynamiques d’autant que les éléments de décors sont mis à contribution et peuvent souvent être utilisés pour neutraliser vos adversaires. Ajoutez à cela des mouvements spéciaux et des finish spectaculaires et vous obtenez un cocktail particulièrement convaincant… 

Mais comme nous l’avons précisé ci-dessus, le gameplay de Yakuza 6 est particulièrement protéiforme et le nombre de mini-jeux ou d’activités proposés est tout simplement hallucinant. Vous voulez faire du base-ball ? C’est possible ! Une petite pêche au harpon afin de tester votre précision ? Pourquoi pas ! Allez donc me travailler ces biceps à la salle de Gym ! Sérieusement, on ne sait où donner de la tête et du paddle tant les activités les plus évidentes ou les plus délirantes s’offrent à vous au moindre recoin de rue. S’il semblait assez logique dans un tel jeu de proposer une séance de Karaoke, il n’était pas si prévisible de se voir lancer dans une chasse aux chatons perdus… Et lorsque Kiryù doit abandonner sa panoplie de Yakuza pour celle de Papa Poule afin d’aller chercher du lait en poudre et de clouer le bec de ce sacré nourrisson, on touche au délire ! Allez, cours Forrest ! Ce côté foutraque pourra décontenancer ou ravir selon vos attentes ou votre degré de tolérance mais le moins que l’on puisse dire, c’est que Yakuza 6 ne se moque pas du joueur et offre une durée de vie quasi infinie pour peu que l’on ne s’en tienne pas à l’aventure principale déjà bien copieuse.

Un jeu Assimil

Ce qui fait également tout le sel d’un Yakuza, c’est sa dimension cinématographique et en particulier sa galerie de personnages. Mettons de côté le scénario somme toute assez classique et reprenant tous les codes du film de ganster nippon : le bilan reste positif sans atteindre des sommets. Mais il est impossible de ne pas s’arrêter sur les nombreuses phases de dialogues qui émaillent votre progression. C’est sans doute à ce niveau qu’il convient d’adresser à Yakuza 6 quelques critiques. Ces dialogues ont eu au moins un avantage, celui de vous faire profiter de la modélisation impeccable de ses intervenants. A ce niveau, c’est la classe internationale ! Texture de la peau, gestion des expressions faciales et du regard, c’est réellement un travail de haute volée proche du photoréalisme. Et la qualité de l’interprétation n’est pas en reste avec un jeu d’acteur vraiment nickel.

La participation du maitre Kateshi Kitano vient parachever un bilan plus que positif du jeu. En revanche, ses dialogues sont tout de même extrêmement bavards par moments d’où des écarts de rythme relativement coupables, en particulier au début de l’aventure. Montre en main, hormis un petit combat en guise d’apéritif, il faut se farcir quarante minutes d’une succession de dialogues plus ou moins longs avant de se frotter réellement au gameplay. Si vous rajoutez à cela le fait que le jeu est exclusivement en japonais, chose plutôt cohérente, mais traduit uniquement dans la langue de la perfide Albion, il y a éventuellement de quoi décourager les non anglicistes. Et il est fort peu probable qu’un patch proposant des sous-titres en français ne soit à l’ordre du jour. Au moins, certains feront des progrès en anglais, c’est déjà ça !