Souvenez-vous, l’an dernier, Disney faisait fantasmer les fans avec la première version de Disney Infinity, une espèce de Skylanders mâtiné de Little Big Planet qui promettait d’incarner à l’écran des personnages Disney via de charmantes figurines, tout en ayant la possibilité de créer son propre univers, presque son propre jeu, via un éditeur surpuissant. Les plus médisants se demandaient comment tout cela allait tenir sur une seule galette des consoles de l’ancienne génération… et ils ont eu raison. Jeu d’action mou aux contrôles immondes, particulièrement les véhicules, répétitif au possible, mal réalisé, et pour couronner le tout grevé d’un éditeur qui tenait de l’usine à gaz improbable à l’ergonomie inaccessible aux adultes les moins patients, donc par extension aux enfants, Disney est passé complètement à côté de son sujet.
Aussi, quand a été annoncée la nouvelle version, cette 2.0, appuyée cette fois sur la juteuse licence Marvel propriété de Disney, le fan était comblé : un univers qui se prête très bien au concept, de sympathiques figurines Marvel cartoon pour les collectionneurs, et surtout il était impensable que Disney commette deux fois la même erreur, la puissance des consoles next-gen autorisant à l’évidence ce qui n’avait pas été réussi par le premier opus.
Las. On connecte son portail à sa One (à noter qu’un coup sur deux quand vous redémarrez la console elle ne reconnait plus le portail), on place ses figurines, possiblement son power disc (un disque optionnel qui vous donne accès à un nouveau contenu aléatoire), sa figurine d’aventures (qui vous donne accès à une aventure spéciale)… Et la déception est là.
Entendons-nous bien : il y a inévitablement un côté jouissif à incarner Hulk, Thor, Iron Man ou un gardien de la galaxie. En effet, les figurines sont très réussies. Mais le jeu n’a pas tiré les leçons de ses précédentes déconvenues.
D’abord, la phase action n’est toujours pas terrible. Il y a quand même un mieux, les combats ont gagné en tonicité, mais tout cela est toujours assez laborieux et pas vraiment excitant. Un bouton pour frapper, parfois deux, un saut, une prise, une esquive, une attaque spéciale, certains personnages qui volent, point. Tout ça en plus pour en rester à des combos basiques… De plus, l’équilibrage laisse franchement à désirer, car si par exemple Hulk est une powerhouse incroyable, la Veuve Noire n’est vraiment pas un personnage performant. Or, nous sommes dans un jeu, donc toutes les figurines devraient se valoir. C’est bête, mais fondamental. En revanche, il y un petit mieux dans l’arbre des compétences, qui permet de créer un personnage à sa main, même si certaines relèvent du passage obligé.
Les scénarios, que ce soit celui des Avengers ou celui des Gardiens, n’ont à peu près aucun intérêt, et l’aventure proposée se résume souvent à des allers-retours laborieux dans des environnements tristes et vides, pour faire à peu près toujours la même chose en affrontant des ennemis qui se ressemblent tous…
Restent quelques mini-jeux à débloquer qui sans être passionnants, ont au moins le mérite de varier un peu, le tower defense en Asgard s’offrant même le luxe d’être plus amusant que le jeu de base…
En revanche, le multi est à peu près illisible, et donc très laborieux (le combat contre Loki reste un souvenir personnel cuisant).
Reste l’outil de création. Un progrès a été réalisé, c’est vrai. Mais n’oublions pas que les premiers utilisateurs, ce sont les enfants, et ceux-là seront bien désemparés devant un outil qui reste difficile d’accès. Malgré le côté prédéfini de certaines constructions, obtenir un résultat correct et ludiquement pertinent relève du parcours du combattant… C’est d’autant plus dommage que l’ensemble est étonnamment riche, et que Disney a eu une très bonne idée en proposant des défis de création hebdomadaires.
Enfin, reste le point le plus énervant : le modèle financier. A l’heure du F2P, proposer un jeu aussi cher, surtout en ayant aussi peu travaillé pour revoir sa copie, est à la limite de l’escroquerie pure et simple : le public enfantin est très prescripteur et peu regardant. La guerre du portefeuille va donc faire rage, tout ça pour qu’à l’arrivée il soit plus que probable que le bambin soit déçu… Les figurines sont réussies, mais chères, les power discs sont des arnaques sans nom, et si tous les packs aventure sont du même tonneau… Et cerise sur le gâteau : chaque figurine appartient à un monde. Autrement dit, je ne peux pas jouer Donald chez les Avengers et, pire que tout, pour pouvoir jouer ma figurine achetée à prix d’or, je dois d’abord trouver les jetons lui correspondant dans mon aventure. De même si j’ai tous les jetons mais pas la figurine. Si si. Autrement dit, pour jouer Nova, je dois trouver son jeton dans le monde des Avengers. Je vais garder pour moi ce que m’inspire ce genre d’idée géniale, sinon je vais être grossier.
Posons quand même quelques chiffres : selon le support, le jeu de base va vous coûter 50 à 70 euros, le précédent portail étant bien évidemment dépassé. Chaque autre aventure coûte 30 euros, et les personnages, qui ne sont pas toujours utilisables à l’achat en plus comme nous l’avons dit, autour de 13 euros. Ah, et les fameux power discs, si je les qualifie d’arnaques, c’est parce qu’ils sont par deux à 5 euros… Dans des paquets opaques. On achète à l’aveugle, avec le risque d’avoir deux fois le même ou d’en avoir un qui ne sert qu’à un personnage qu’on n’a pas. Du racolage actif, pour pousser à l’achat.
