Pour ceux qui l’ignorent, Deadpool est un mercenaire aux pouvoirs mutants. Ainsi, il régénere, se téléporte, et surtout il est complètement givré et fait tomber le quatrième mur : il sait parfaitement qu’il est un héros de BD, tout comme dans le jeu il sait qu’il est un héros de jeu puisqu’il commence en attaquant le développeur pour lui intimer de faire un jeu à sa gloire. Le ton est donné.
A telle enseigne que le jeu va très vite se révéler un étonnant Dr Jekyll et Mr Hyde. Deadpool est un jeu drôle, et même vraiment très drôle parfois, avec des situations décalées dans lesquelles Deadpool interpelle les concepts de base des jeux, et même si parfois on vire un peu dans la blague de fesse ou la mysoginie il est difficile de ne pas ricaner dans son fauteuil.
Du reste, vouloir faire de Deadpool, sorte d’anti-héros déluré qui analyse sa situation, un jeu vidéo qui parodie son genre en l’analysant était une très belle idée. Si elle avait été suivie des faits.
Car dans les faits, et ils sont tenaces, si Deadpool est un personnage génial que les auteurs adorent manifestement, le jeu dans lequel il se débat est d’un classicisme à bailler aux corneilles. Et ça, ce n’est pas être une parodie, c’est juste être très exactement ce que l’on critique, comme Scream 4 l’avait été au cinéma de slasher… Deadpool a des gros flingues et des katanas, formidable, mais l’ensemble tourne très vite en rond, la faute à une richesse très insuffisante des possibilités de combos. On est loin d’un DmC ou d’un Batman, justement. Et gagner de l’expérience n’y change rien : rien ne vous fera tomber de votre chose ou ne renouvellera le plaisir. Le jeu s’endort très vite, et on a devant soi un produit calibré, formaté, et même pas spécialement excitant. C’est Deadpool bon sang ! Donnez-nous de la folie, de l’emphase, de la démesure, et pas seulement dans le personnage principal !
Accessoirement, c’était vraiment très compliqué d’allouer la téléportation à un bouton différent de celui qui permet de finir un adversaire ? Ca aurait évité de se retrouver n’importe où, de préférence hors de vue de la caméra, dans une situation alambiquée… Et que dire du système de visée, qui de temps en temps cible ce que vous voulez sauf ce qu’il faudrait cibler… Ajoutons à cela des niveaux globalement peu inspirés (à part un ou deux craquages qui nous font rêver à ce qu’aurait pu être le jeu si les développeurs avaient été aussi audacieux tout au long du développement), une absence à peu près totale de bonus à récupérer (un comble) et une IA de moule cuite, et on obtient un jeu tout juste passable.
