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FIFA 13 : EA Sports, it’s in the porte-monnaie



Tous les ans, peu avant Noël, la buche, les sapins, les indigestions et un nouvel Assassin’s Creed, Electronic Arts ressort sa batterie de jeux de sports : foot américain, basket, hockey, golf, même le football universitaire et on en passe, une nouvelle version sort tous les ans et, plus étonnant, elle se vend tous les ans. Sous ce titre et cette dernière phrase un brin provocateurs se cachent pourtant une réalité tout à fait concrète : Electronic Arts est, avec UbiSoft, l’un des studios qui propose le plus de DLC, contenus supplémentaires payants, etc, et s’il est loin d’être le seul à s’adonner à cet exercice, il est en revanche l’un des plus fervents pratiquants de la chose. De base, la démarche n’est pas vraiment sympathique du point de vue des joueurs, obligés de cracher au bassinet régulièrement pour bénéficier finalement d’un jeu complet ou de bonus qu’ils auraient débloqué il y a encore quelques années. Mais l’époque des personnages cachés et des modes de jeu à obtenir a du plomb dans l’aile…

Seulement, Electronic Arts sort donc une mouture de ses jeux tous les ans, en plus. Et, soyons honnêtes, ces nouvelles moutures ne valent pas toutes la peine d’investir 70 euros pour les obtenir. Bien sûr, les chiffres de vente d’EA donnent tort au vieux barbon que je suis, mais il n’empêche que la logique mercantile de la chose peut déplaire.

Tout cela est bien gentil, mais ce Fifa 13, alors ? A-t-il pour seule faute d’être le successeur de Fifa 12 ?

D’abord, la mise en place est un peu laborieuse. Il faut s’inscrire à une espèce de club EA pour bénéficier de l’EASFC, une nouvelle fonctionnalité du jeu qui donne accès à des défis, des objets en jeu, etc. Ah, du contenu à débloquer, voilà qui est mieux. Le principe des défis est d’ailleurs assez intéressant puisqu’il renouvelle agréablement le plaisir de jouer en proposant des situations réelles à modifier ou reproduire. Ainsi, par exemple, nous étions mis dans la peau de la Suède menée 4-0 par l’Allemagne au mois d’octobre 2012 à trente minutes de la fin, avec pour objectif de refaire son retard, comme dans la réalité. Ce concept, en lui-même, est vraiment sympathique.

On retrouve, évidemment, le Fifa Ultimate Team, où l’on créé une équipe avec des cartes, équipe que l’on joue ensuite pour obtenir des points qui permettent d’acheter des cartes, et ainsi de suite. Le problème, c’est que le modèle est pour l’heure ainsi fait que la tentation est grande, pour pouvoir construire et surtout maintenir son équipe au plus haut niveau, de dépenser de l’argent réel. EA a renoncé à faire de Ultimate Team un DLC payant l’an passé, et c’est bien, mais pas à la manne qu’il peut représenter… Il fuat tout de même dire que le système est sympathique, et que l’on prend plaisir à monter son équipe, d’autant qu’il y a désormais des matchs à enjeu, contre une équipe-type de la semaine écoulée, qu’il faut vaincre pour obtenir encore quelques deniers…

Le Mode Ultimate Team, l’aspirateur à brouzoufs pour les collectionneurs…

On retrouvera, ensuite, le désormais célèbre mode Carrière, qui vous permet de jouer un joueur, et un seul, pendant toute sa carrière. Si le gardien est d’un intérêt plutôt limité, les autres ne sont pas inintéressants, même si l’aspect un peu redondant de la chose peut finir par lasser. Changer de club, passer de la réserve à l’équipe première, être sélectionné, tout y passe. En revanche, on passera rapidement sur le mode Carrière destiné à devenir un manager, auquel on préférera, largement, un Football Manager…

Enfin, à côté de ce menu plutôt copieux, on retrouve les saisons, en ligne ou non, les matchs en multi local ou online, les matchs rapides en solo, etc. Tous les modes classiques d’un jeu de sport, avec en plus la possibilité de jouer une saison à deux en « coopération », avec un ami. Belle initiative.

 

Et sur le terrain?

D’emblée, l’impression visuelle est quand même remarquable : les modélisations sont fines, les animations réussies et très nombreuses, et on reconnait sans peine les joueurs sur le terrain, en particulier les têtes d’affiche. La physique de la balle, quant à elle, est de plus en plus affûtée, et une course balle au pied aura pour effet d’effectivement repousser le ballon plus loin donc de rendre son contrôle plus long.

Par ailleurs, FIFA reste une simulation : ainsi, se retourner balle au pied trop rapidement expose à se faire prendre la balle, alors qu’il est possible de faire rempart de son corps et chercher la faute. Bien sûr, « mettre dans le vent » un défenseur collé à son dos en se retournant est toujours difficile (alors que dans la réalité il vaut mieux pour le défenseur laisser un petit écart pour éviter justement que l’attaquant se retourne), mais les progrès en terme de réalisme sont probants. On pourra toujours pester sur des buts de martien, ou sur le vieux syndrome qui veut que le joueur sur la jaquette ait des statistiques fumées (si si, elles sont fumées, même pour Messi, parce que résister à une charge de Pepe, excusez-moi m’enfin…).

La WiiU sera manifestement un petit ton en-dessous techniquement.

Plus que jamais, donc, FIFA est la meilleure simulation de football du moment. Le contrôle devient un art délicat qu’il convient de maîtriser, doser son accélération aussi, sa frappe, et plus encore. Du coup, le jeu pourra laisser certains joueurs sur le carreau, ceux qui rêvent de contrôles orientés avec un défenseur central de Ligue 1 ou d’une bicyclette depuis le rond central. Pour les autres, passé un temps d’adaptation, surtout concernant la défense inventée l’an dernier, très déstabilisante mais terriblement efficace, on trouvera de quoi jouer des matchs « comme dans la réalité », pourrait-on dire, et de quoi réjouir ceux qui savent ce que signifie de taper dans un ballon… On pourra dire que le contrôle plus délicat est surtout un moyen habile de camoufler une mauvaise gestion de la chose, mais on constate rapidement que la qualité et la facilité du contrôle dépend réellement du joueur qui le tente.

La défense, justement, parlons-en. On pourra bien sûr revenir à la défense classique des anciens Fifa, mais il faut bien admettre que les progrès accomplis en conduite de balle, en physique du ballon et en gestion des caractéristiques des joueurs aboutissent à des duels superbes, de véritables un-contre-un, et chaque action devient dès lors un petit morceau de bravoure tant la minutie est de rigueur. Une réussite totale, surtout quand on s’aperçoit qu’alors qu’on pensait au départ rentrer facilement dans les défenses, il s’avère en fait qu’elles sont bien en place et que même lorsqu’elles ne pressent pas elles bouchent les angles et les possibilités d’agir. Du reste, la passe en retrait, arme absolue de Fifa depuis toujours, a beaucoup perdu de sa superbe, tant le placement est devenu plus fin et plus intelligent.

Le souci, c’est qu’à ce petit jeu, l’attaque, avec un panel d’actions possibles plus varié, est souvent gagnante, et certains attaquants deviennent imprenables, comme Rooney ou Messi, même avec des défenseurs de grand talent. Qui plus est, la nouvelle intelligence artificielle que nous évoquions précédemment fait que les attaquants sont beaucoup mieux en place, et que gérer quatre défenseurs face à un attaquant de l’IA relève du très gros challenge. Plus que jamais, un écart de niveau entre deux joueurs va faire très mal, et il faudra passer du temps dans les ateliers pour maîtriser toutes les subtilités du jeu. On découvre d’ailleurs dans les ateliers que les pénos et les coups-francs ne sont plus un handicap pour qui sait, ou pas, les tirer : ils sont enfin devenus logiques, cohérents, et donc moins punitifs…

Sur vos terrains de PRL cette année…

Parfait, FIFA ? Et non. D’abord, les commentaires sont toujours aussi mauvais. Ensuite, l’interface est toujours aussi lourde, peu ergonomique, avec des loadings beaucoup trop longs. Mais surtout, surtout, et j’en reviens à la question posée en préambule de ce sujet : est-ce bien utile ?

La différence avec FIFA 12 est assez visible : l’IA, la physique du ballon, la technicité du jeu, ce nouvel opus franchit un échelon significatif en termes de simulation. Mais FIFA 12 était également un morceau de choix, avec des innovations mutiples, et avait largement de quoi rassasier le joueur exigeant…

Du coup, on peut dire que FIFA 13 s’adresse à deux publics : les intégristes du foot, qui seront prêt à payer pour plus de réalisme, et les joueurs online, qui n’auront pas d’autre choix s’ils veulent leur dose de matchs virtuels. Pour les autres, les joueurs du dimanche ou les joueurs moins impliqués, difficile de recommander totalement d’investir 70 euros plutôt que d’attendre FIFA 14… Non pas que le jeu soit mauvais, mais on peut bien se contenter d’une version sur deux (ou trois). Et pour ceux que les simulations de foot rebute, je pense que vous avez compris : FIFA 13 n’est pas du tout, mais alors pas du tout, pour vous.

Et une dernière question : et le fun, dans tout ça ?

J’ai trouvé ! C’est un jeu ! « Qui est l’intrus ? »

 

Testé sur PS3