- Article publié sur MaXoE.com -


Retour sur Game of Thrones : Le Trône de Fer – vaincre ou périr



Vouloir faire un jeu de rôles dans l’univers du Trône de Fer est ce que l’on peut appeler un coup de folie. La saga se démarque notamment par la qualité de ses personnages, toujours complexes et cohérents, ses intrigues extrêmement complexes, mais aussi des dialogues ciselées à la précision remarquable. Et ce n’est pas faire offense au monde du jeu vidéo que de considérer que l’on atteint rarement le nirvana en la matière. Aussi, l’appréhension au moment de lancer le jeu, lorsque l’on est un fanatique assidu comme votre serviteur, est bien palpable.

Début des hostilités avec un personnage, un garde de nuit. Le vieux briscard que l’on nous invite à jouer est un vieux de la vieille, bourru et rompu au combat, à la loyauté indéfectible. On commence donc doucement à prendre la mesure du personnage et du système de combat. Las, deux constats s’imposent : d’abord le jeu, et en particulier les visages, est terriblement laid. Textures minimalistes et peu variées, personnages rigides, visages figés… Sans espérer les excès d’un LA Noire, on est quand même dans des standards de qualité très inférieurs à ce qui se fait maintenant.

De la même manière, le système de combat, basé sur une pause active chère à Cyanide, montre rapidement ses faiblesses : quelques combinaisons de techniques sautent aux yeux et permettent de triompher sans difficulté de l’essentiel des combats. C’est pourquoi il vaut peut-être mieux commencer en difficile, car une fois le pli pris, le jeu devient une partie de plaisir de ce point de vue là…

Seule consolation, les contrôles ont été pensés pour des manettes (l’inventaire en est une preuve douloureuse) mais on peut tout à fait s’en sortir au clavier.

Enfin, les séquences d’infiltration, originales et dont nous ne vous dévoilerons pas la nature, tournent vite en rond et sont beaucoup trop aisées.

Et pourtant, le jeu est une réussite, pour la plus simple des raisons : c’est une adaptation remarquable.

D’abord, nous allons être amené à jouer un autre personnage, un prêtre rouge qui revient sur ses terres pour les revendiquer à la mort de son père. Les deux personnages étant, par nature, déconnectés du jeu des trônes, c’est donc avec le joueur qu’ils vont faire leur apprentissage, le prêtre étant néanmoins plus raffiné par son éducation, là où le garde de nuit sera plus direct mais pas nécessairement moins performant.

Evidemment, les deux vont être confrontés à une histoire qui parait relativement simple, mais va se compliquer de manière exponentielle, jusqu’à devenir un scénario largement digne des romans, absolument passionnant et captivant, qui interdit de lâcher le clavier tout comme il est impossible de lâcher les livres lorsque l’on s’est plongé dedans (ils arrivent même à convertir les bibliophobes, c’est dire!).

Et que serait un beau scénario sans beaux dialogues? Et là encore, Cyanide a réalisé un tour de force : non seulement les dialogues sont brillants, mais le joueur devra triplement peser chacun de ses mots. Premièrement, pour ses effets à court terme. Deuxièmement, pour ses effets à long terme, certaines décisions ou certaines paroles ayant des effets deux à trois chapitres plus tard, voire au delà. Troisièmement, parce que la façon dont on mène ses conversations aura un impact direct sur des talents que le personnage pourra débloquer et qui enfluonceront son potentiel.

Car le jeu n’oublie pas qu’il est un jeu de rôle : chaque personnage a ainsi des caractéristiques, des talents spéciaux (comme le fait d’être ambidextre) qui seront compensés par autant de malus (l’hémophilie, par exemple), mais aussi un arbre de compétences, largement dépendant de la classe choisie au départ. Difficile d’en dire plus, mais sachez que les classes peuvent évoluer, et que vos choix n’y seront pas étrangers.

Difficile d’en dire bien davantage sans risquer de basculer dans le spoiler honni, sachez simplement que c’est la première fois, en tant que joueur, que j’ai autant l’impression que mes choix de dialogue ont un réel poids, et que le scénario est certainement l’un des plus riches de toute l’histoire des jeux vidéo. On peut trouver cela dythirambique, il s’agit pourtant de l’exacte vérité.

 

Testé sur PC.