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Warriors Orochi 3 : dans la colle…



Mais ? Musou Musou c’était pas Bruno Carette ?

Si Koei s’était contenté d’un musou par an, la pilule aurait pu passer. Mais avec ce Warriors Orochi 3, qui suit de peu le Dynasty Warriors Next de la PS Vita, la saturation est proche, puisque nous en sommes à facilement une cinquanaine de jeux du genre en quelques années.

Rappelons, pour mémoire, que dans ce type de jeu, on incarne un combattant qui doit affronter des hordes, que dis-je des hordes, des nuées d’ennemis, avant en général d’affronter plusieurs sous-boss et un boss par niveau. Ce Warriors Orochi ne déroge pas à la règle, et nous verrons d’ailleurs qu’il est loin d’avoir inventé le fil à couper l’eau chaude.

Malgré quelques déclinaisons, comme Gundam ou Ken le Survivant, la licence principale de Koei, associé le plus souvent à Tecmo, est la saga Dynasty Warriors, aux déclinaisons et spin-offs innombrables. Dans cette saga, on dirige, le plus souvent, un combattant de l’un des trois royaumes de Chine avant l’unification de l’Empire, en tournant entre les personnages et les royaumes, et en traversant, il n’y a pas d’autres mots, les troupes ennemies, tout en contribuant à l’unification par la force.

Révolution culturelle dans ce Warriors Orochi, car dans cette uchronie, la future Chine est attaquée par un Orochi, une hydre géante, qui met une grande déculottée aux héros de Dynasty Warriors, ne laissant que trois survivants. Ces trois héros sont contactés par une femme étrange qui va leur proposer de voyager dans le temps pour réécrire l’histoire et pouvoir triompher de l’hydre et des forces du mal. Pour ce faire, ils ne pourront voyager que dans leurs souvenirs ou dans ceux de leurs compagnons qu’ils auront sauvés dans le passé. Le scénario ne remportera pas le prix de la créativité, mais on devine déjà quelques données de gameplay amusantes, avec la possibilité de revenir à différentes époques et situations selon qui l’on parvient à sauver ou pas. Cependant, sur le fond, le jeu ne change pas : il faut toujours détruire des masses d’ennemis, déclencher des attaques musou, des furies, et intervertir vos personnages pour leur faire prendre de l’expérience harmonieusement.

Car, et c’est là le premier souci du jeu, vouloir maintenir ses différents équipiers au même niveau est illusoire : soit vous répartissez l’expérience à égalité entre les personnages, et bientôt vous aurez une telle armée qu’ils ne progresseront plus, soit vous privilégiez une poignée de personnages et dans ce cas le jeu pourrait offrir 200 ou 20.000 personnages, cela ne changerait rien. Dommage.

 

Bien, soyez sages,  je vais faire l’appel.

Le jeu, en tous cas, propose 120 personnages, et pour un tel casting, Koei a dû aller chercher dans tout son catalogue. Ainsi, vous pourrez par exemple incarner Jeanne d’Arc, issue de Bladestorm, ou Ryu Hayabusa de Ninja Gaiden…

Seulement, le gros souci du jeu, c’est que 120 personnages, ce n’est pas simple ni agréable à gérer… surtout quand on ne les connait pas. Et difficile alors de ne pas penser à ceux qui découvriront la saga via ce jeu, et qui découvriront un jeu en japonais sous-titré anglais, ultra-référentiel, mais des références d’initiés de la saga à initiés de la saga… Autant dire que les nouveaux venus auront sans doute beaucoup de mal à se sentir concernés ou même à s’y retrouver, autrement que par le chara-design.

L’autoréférence en est à un tel point que dans le jeu vous serez amenés à revivre des batailles d’opus passés, revues et corrigées pour l’occasion.

Car si le jeu est répétitif, il est en revanche également un peu plus stratégique qu’à l’accoutumée, dans la mesure où la carte révèle régulièrement un objectif temporaire ou optionnel qui vous obligera à bien gérer vos déplacements pour ne pas rater le coche. Pas spécialement difficile, mais vaguement distrayant.

Dans les niveaux, vous trouverez parfois de nouvelles armes et de nouveaux équipements, ou de l’argent avec lequel vous pourrez vous en procurer, sachant qu’il est possible de fusionner des armes, la nouvelle arme reprenant les caractéristiques des deux précédentes : nombre d’emplacements de bonus, bonus de compétence ou effets spéciaux, vous pourrez modeler votre arme selon votre style de jeu, ce qui est plutôt plaisant.

Entre deux batailles, vous pourrez revenir au camp et discuter avec des personnages pour débloquer des missions optionnelles, sachant que chaque personnage que vous serez amenés à contrôler a des interactions qui lui sont propres. Ce faisant, vous pourrez aussi tisser des liens entre les personnages, qui pourront alors venir aider leurs alliés, ou avoir des bonus en présence l’un de l’autre. Intéressant, là aussi, mais dans les faits pas vraiment ludique (il suffit de parler mécaniquement à tout le monde) et surtout, là encore, impossible à réaliser avec autant de personnages.

En revanche, la chose prend tout son intérêt en multijoueurs, dans lequel une équipe d’amis fera davantage de ravages qu’une équipe sans affinité, le mode multijoueurs étant de toutes façons le plus sympathique du jeu, puisque rapidement ce sera à qui accomplit les plus grandes prouesses ou tue le plus grand nombre d’adversaires.

Autre légère ombre au tableau : une fois les principes acquis et vos personnages bien améliorés, finir le jeu, y compris les boss, et même en mode difficile, ne devrait pas poser la moindre difficulté. C’est d’autant plus dommage qu’avec un système de combat bien rôdé, des styles très différents selon les combattants, des combos explosifs, des cancels et des attaques multiples, il y aurait eu matière à un vrai défi de joueur et à un jeu beaucoup plus intéressant. Mais foin de tout ça, et si en plus vous passez du temps à grinder (refaire des missions pour accumuler de l’expérience), le jeu virera à la promenade de santé…

 

Warriors Mochorrible 3

Continuons notre tour d’horizon en nous penchant un peu sur l’allure du jeu : les textures sont fades, les décors vides, les animations rigides et a posteriori on réalise qu’en fait Saint Seiya était carrément joli à côté de celui-ci. En plus, le jeu n’est pas très fluide, et l’IA complétement à la ramasse.

En fait, plus on joue à Warriors Orochi 3… Et plus on se dit que Saint Seiya est un bon jeu : plus difficile, plus exigeant, plus beau, avec des boss vraiment épiques. Si Omega Force avait davantage travaillé, il aurait pu produire le meilleur épisode de la série. A défaut, et sans être un mauvais jeu, Warriors Orochi 3 rate sa cible.

Finissons quand même sur deux notes positives : les musiques sont extraordinaires, rythmées à souhait, et l’éditeur de cartes est une vraie bonne idée, la communauté étant certainement à même de produire des batailles épiques.