Dans le cadre du fil rouge Japon, je vous propose quelques comics qui sentent bon le pays du soleil levant. Parmi eux, il y a un sélectionné du MaXoE Festival 2025.

Cinq ronin: La voie du samouraï
Le récit regroupe cinq novels parues séparément aux US. Ces 5 histoires ont un point commun : le Daïmio. C’est un maître Samouraï qui règne sur une région nippone. Les 5 personnages de ces histoires ont tous une bonne raison de lui faire manger les pissenlits par la racine.
Le premier est un ronin (samouraï qui n’a plus de maître). Justement, son maître a été abattu par les troupe du Daïmio. Il n’en faut pas beaucoup plus pour éveiller, chez lui, un désir légitime de vengeance. Il se forge une réputation de guerrier immortel et sans pitié. Il porte des griffes aux poignets, ça vous rappelle quelque chose ? Il aurait aussi le pouvoir de guérison, mais c’est un leurre, il a en fait de nombreux jumeaux, frères d’armes en plus. Alors, que je réfléchisse, griffes et immortalité mais oui c’est bien sûr ! Il s’agit de notre ami Wolverine ! Voilà donc une transposition de notre héros avec quelques artifices histoire de respecter cette époque médiévale et ne pas y introduire une dimension fantastique. Voilà une idée excellente ! Le deuxième récit nous conte l’histoire d’un moine qui s’est retiré du monde car il a une double personnalité qui peut faire de lui un monstre. 3ème héros : il s’agit là d’un soldat revenant de la guerre et qui constate que sa famille a été massacrée pendant son absence. Il va falloir punir les coupables. Les deux derniers sont une esclave qui a quelques talents pour deviner les intentions de ceux qu’elle croise et un guerrier fou qui est probablement le plus dangereux de tous. Leurs destins vont se croiser lors du dernier chapitre …
Dire que ce comics nous a plu est un doux euphémisme. Vous l’aurez compris, nos 5 héros sont en fait Wolverine, Hulk, The Punisher, Psylock et Deadpool. Mais c’est retranscrit avec une belle finesse, pas de pouvoirs fantastiques, rien que des allusions, des flirts avec l’irréel. Tout cela prouve que l’on peut faire du super-héros sans tomber dans la démesure irréelle. Voilà 5 récits qui nous plongent dans un Japon bien sombre, terriblement sauvage et qui dégage, du coup, un charme fou. L’honneur est au centre du débat, il n’est pas question d’oublier les règles de l’art. Chacune des histoires nous emmène un peu plus loin vers une forme de folie mise au panthéon dans le dernier chapitre. Là tout se dénoue, on comprend un peu mieux les tenants et les aboutissants.
Vous allez prendre beaucoup de plaisir à parcourir ces planches. La manière dont les héros ont été transposés est un modèle du genre, c’est fait avec beaucoup d’intelligence. Le thème de la vengeance et de ses conséquences souvent néfastes est merveilleusement mis en lumière. La colère n’est pas bonne conseillère non plus et c’est diablement bien enseigné ici. Bon vous l’avez compris : courez acheter cet ouvrage !
Scénario : Peter Milligan – Dessins : collectif – Panini Comics – Marvel Graphic Novels – 160 pages – 2012 – prix 13 €
Hitomi
Yasuke ça vous parle ? Je suis sûr que oui. C’est la légende du samouraï noir dont on peut retrouver quelques traces dans les écrits du Japon féodal. On ne sait pas trop quelles sont les parts de vérité dans tous ces récits, on sait simplement qu’il arrive sur l’île nipponne en 1579. Il a, bien entendu, une condition d’esclave. Il rencontre alors le daimyo Oda Nobunaga qui le prend à son service jusqu’à sa mort en 1582. On perd alors la trace de Yasuke mais les auteurs ici nous proposent leur vision. Nous voilà à l’hiver 1590, une jeune fille chemine seule dans les monts enneigés. Elle atteint une maison isolée et explique aux habitants qu’elle cherche un samouraï noir. Les locaux la redirigent vers un moine qui vit au sommet de la montagne, il sait peut-être quelque chose. Cette rencontre permet au narrateur de nous raconter l’histoire de la jeune fille…
Très bel album. Vraiment. Je m’attendais à une énième histoire de samouraï mais ici il est surtout question de la relation entre deux êtres, une relation en forme d’héritage, une relation entre confiance et vengeance. Ce que j’ai apprécié c’est le fait qu’on ne tombe jamais dans des évidences, les personnages peuvent être ambigus, les certitudes ne durent pas longtemps, le pragmatisme prend le pas sur tout. Cela fait du bien d’avoir un scénario qui n’est pas cousu de fil blanc, qui n’est pas prévisible. Il y a d’ailleurs des passages qui nous assènent des coups de poing dans le bide. On retrouve aussi le Japon féodal avec grand plaisir, ses coutumes, ses traditions, son honneur sont bien au rendez-vous. Finissons avec les dessins. Je dois avouer que j’ai été décontenancé au début, le trait est inhabituel pour le moins mais on s’y fait très vite et il colle parfaitement à la période.
Contenu vo : Hitomi #1-5
Scénario : H.S. Tak – Dessins : Isabella Mazzanti – Urban Comics – Grand Format Urban – 144 pages – juin 2024 – prix 20 €
silent dragon
Nous voilà dans le Tokyo de 2063. La ville est ce que l’on peut imaginer d’une cité technophile dans le futur. Le pouvoir en place ne fait pas de cadeaux au peuple et les Yakuzas en place cherchent justement à renverser les dirigeants actuels. Il y a surtout le clan du Dragon Noir dirigé par Hideaki. Ce dernier a réussi à fédérer tous les clans du coin grâce notamment aux conseils avisés de son premier lieutenant, Renjiro. Mais ce fidèle va se voir déshonoré par son maître qui l’accuse de trahison et ordonne sa décapitation. Jeté dans la fange, son corps est récupéré et son esprit est transféré dans un corps cybernétique par des inconnus. Ceux-ci lui promettent de retrouver un corps humain un jour s’il les aide dans leur projet consistant à abattre Hideaki.

Un comics comme je les aime. Ce mélange des genres est vraiment plaisant, les yakuzas et autres samouraïs se mêlent aux techniques modernes. Et puis le scénario possède pas mal de tiroirs cachés ce qui n’est pas pour me déplaire. Il y a aussi cet aspect manga qui donne du sel à l’ensemble, vous savez ce petit côté excessif propre aux productions japonaises et j’adore ça. La fin est digne des mangas également, elle désarçonne et dérange un peu. Le dessin est parfait à mon goût. Le trait est précis mais pas aseptisé, comme je l’aime. Voilà un comics qui sera dans la prochaine sélection du MaXoE Festival !
Scénario : Andy Diggle – Dessins : Leinil Francis Yu – Glénat Comics – 160 pages – novembre 2019 – prix 18,50 €