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Argo, ou comment la CIA s’invite à Hollywood (ou l’inverse)



Argo Une 

Argo Affiche

1979, Téhéran, Iran. La révolution islamique fait rage. Le 4 novembre, l’ambassade des États-Unis est prise d’assaut par des militants réclamant le retour de l’ancien dirigeant iranien, hospitalisé à New-York – le shah Mohammad Reza Pahlavi. Le personnel fait tout ce qu’il peut pour détruire les documents « sensibles » (pour ne pas dire secret-défense) avant de tenter de se mettre lui-même à l’abri. Mais la quasi-totalité des membres est finalement prise en otage. Seuls six parviennent à sortir du bâtiment  à l’insu des assaillants. Pour se réfugier à l’ambassade canadienne. Où ils attendent que leur Gouvernement trouve une solution. Conjointement avec l’État du Canada, la CIA doit organiser la sortie des diplomates du territoire iranien avant que les preneurs d’otages ne se rendent compte de leur absence. Pour cela, elle fait appel à l’un de ses agents, spécialiste de l’exfiltration, Tony Mendez (Ben Affleck). Son rôle est d’échafauder au plus vite un plan – qui plus est on ne peut plus crédible – afin de permettre aux six américains de regagner leur pays sans dommage et  dans les plus brefs délais. Le scénario qu’il imagine se révèle hollywoodien.

Argo Diplomates

 

Based on a true declassified story 

C’est en regardant le film La Bataille de la Planète des Singes et en le commentant avec son fils par téléphone interposé qu’émerge dans l’esprit de Tony Mendez l’idée de l’exfiltration dont il est en charge. Le canevas ? Faire passer les six diplomates pour une équipe de tournage canadienne venue faire des repérages à Téhéran pour leur film. L’opération est extravagante. Mais les scénarii envisagés par ses petits camarades de jeu (une évasion à vélo, notamment) le sont tout autant. La CIA – tout de même un tantinet réticente quant au projet – laisse à notre agent le bénéfice du doute si celui-ci arrive à monter un plan béton en un temps record. Pour cela, il contacte un spécialiste des effets spéciaux à Hollywood – John Chambers (John Goodman) – qui s’empresse de le mettre en relation avec un producteur (légèrement has-been) : Lester Siegel (Alan Arkin). Après avoir passé en revue plusieurs scénarii, les trois hommes tombent sur Argo, le scénario d’un film de science-fiction qui aurait certainement fait un pur nanar. Le choix étant arrêté, la mission peut démarrer.

Suite à un bref rappel historique de la révolution islamique iranienne durant le générique histoire de rafraîchir la mémoire du spectateur, le film s’ouvre sur la prise d’otage à l’ambassade. Les dix premières minutes sont donc d’une grande intensité. Ensuite, le réalisateur s’attache avec une extrême précision à nous conter les tenants et aboutissants de l’exfiltration. Le scénario d’Argo est d’une belle efficacité, et plutôt bien ficelé donc. En tout cas certainement beaucoup plus que son cousin de film de SF.

Argo Scénar'

 

L’art du timing selon Ben Affleck

Tout dans Argo tient la route. Le scénario (n’y revenons pas), mais aussi la mise en scène. Car Ben Affleck a su créer une réelle tension ici. Attendez-vous donc à connaître quelques montées d’adrénaline tant notre cher réalisateur aime jouer avec nos nerfs lors de certaines scènes… Un téléphone… Une voiture… Un avion… Mais ne gâchons pas le plaisir, vous jugerez par vous-même. S’ajoute à cela un film qui jongle magistralement entre scènes d’action, d’humour, de réflexion, de clins d’œil à la SF qui raviront certains (suivez mon regard) et de huis-clos où la peur est plus que palpable. Cela aurait pu être maladroit, mais le tout est – bien au contraire – orchestré d’une belle manière. Et cette précision est aussi due aux acteurs. Le duo John Goodman / Alan Arkin apporte la touche d’humour au film pour que l’ensemble ne soit pas trop pesant. A l’inverse, les six diplomates livrent tous un jeu qui nous montre tout le côté oppressant et dangereux de leur situation, avec quelques crises tellement l’opération proposé leur paraît insensée. Enfin, en plus d’être derrière la caméra, Ben Affleck est aussi devant et donne toute sa dimension à la complexité de son personnage, personnage qui ira jusqu’au bout, jusqu’à désobéir aux ordres, afin d’accomplir ce pourquoi il a été engagé à la base.