- Article publié sur MaXoE.com -


Insaisissables (Now You See Me) – De l’usage de l’artifice au propre comme au figuré



Insaisissables Une

 

Insaisissables AfficheL’Amoureux. L’Ermite. La Grande Prêtresse. Et La Mort. Quatre cartes de Tarot qui donnent mystérieusement rendez-vous à quatre illusionnistes à la même adresse. Sur place, ils découvrent des plans pour de futurs numéros de magie. Ils ignorent qui les a élaborés. Tout comme ils ignorent qui les a réunit ici tous les quatre. Mais peu leur importe.

Un an plus tard (environ), à Las Vegas. Daniel Atlas (Jesse Eisenberg), Merritt McKinney (Woody Harrelson), Henley Reeves (Isla Fisher) et Jack Wilder (Dave Franco) sont les « Quatre Cavaliers ». Ils font salle comble. Et leur public en a réellement pour son argent puisque le groupe d’illusionnistes, sous leur yeux et par le biais de l’un des spectateurs (José Garcia), cambriole une banque française (le Crédit Républicain), et ce sans bouger de la scène de Vegas. Logique, sinon le show perdrait l’intégralité de son intérêt.

Mais même dans le cadre d’un spectacle, cambrioler une banque reste un crime et le FBI entend bien prouver que les « Quatre Cavaliers » sont coupables. Pour cela, il va falloir expliquer le numéro d’illusionnisme. Donc le comprendre. La chose est loin d’être aisée pour Dylan Rhodes (Mark Ruffalo) l’agent du FBI a qui l’enquête a été confiée. Déjà, il est totalement hermétique au milieu de la magie. De plus, à son grand déplaisir, il a été associé à une jeune agent d’Interpol : Alma Dray (Mélanie Laurent). Qui, à l’inverse, est peut-être un peu trop fascinée par l’art de la prestidigitation. Pour tenter de parvenir à leurs fins, ils s’adjoignent les services de Thaddeus Bradley (Morgan Freeman). Un ancien illusionniste reconverti dans le show télévisuel. Shows servant à expliquer les tours de ses anciens concurrents. Et accessoirement à détruire leurs carrières.

Insaisissables Quatre Cavaliers

Pacte, effet et prestige…

A la manière d’un tour de magie, Insaisissables s’organise en trois actes. Autour de trois numéros. Trois actes où spectaculaire et surprise vont crescendo. Le premier annonce la couleur. Le deuxième est un vrai retournement de situation. Mais l’on perçoit en même temps que rien n’est terminé. Il laisse un goût d’inachevé que le troisième et dernier acte se doit de combler en dénouant l’intrigue.

Question mise en scène, Louis Leterrier n’est pas un novice. Il est un habitué des blockbusters et sait maîtriser les visuels à la perfection. En témoignent les différents passages autour des numéros d’illusionnisme, avec une caméra aérienne, des plans nombreux et rapides, des décors grandioses. Ces scènes sont de vraies shows à elles seules. Et elles ne laissent pas le temps de s’ennuyer. Tout comme le film dans son ensemble d’ailleurs. Il va vite. Très vite. Trop vite peut-être… Car si le tout est bien orchestré, si le plaisir immédiat est présent, il suffit de prendre légèrement de recul pour se rendre compte que tout ceci n’est que de l’esbroufe. Qu’un artifice servant à masquer les nombreux défauts de ce film à grand spectacle. Et que son prestige n’est qu’un apparat…

Insaisissables Ruffalo Laurent

… pour un ensemble qui sonne creux

« Si vous regardez un tour de magie de trop près, vous n’en distinguerez jamais le truc. Il faut l’observer de loin pour en voir tout l’artifice ».

Ce conseil, le spectateur d’Insaisissables l’aura entendu à maintes reprises de la bouche des illusionnistes. Et la métaphore pour le film est parfaite. Si vous le regardez de près, vous y prendrez un certain plaisir immédiat. Indéniablement. Car la mise en scène est plutôt bien faite. Mais une mise en scène spectaculaire ne fait pas tout. Comme vous en percerez le mystère si vous prenez du recul sur un numéro de prestidigitation, vous percevrez de même tous les défauts de cet Insaisissables si vous le regardez d’un œil plus lointain.

Car derrière la claque visuelle, tout est plat. Malheureusement. Le film ne fait preuve d’aucun relief.

Ce qui est dommageable pour commencer est que ses acteurs ne sont que des faire-valoir au service de la mise en scène spectaculaire. Nos quatre illusionnistes (respectivement Jesse EisenbergWoody Harrelson, Isla Fisher et Dave Franco) censés se partager la vedette sont très peu, voire pas du tout exploités. Les liens entre les personnages ne sont pas abordés, leur histoire à peine développée,… Et idem s’agissant du duo Mark Ruffalo / Mélanie Laurent. La relation entre ces deux personnages n’est presque pas mise en valeur, alors qu’il y avait largement matière à cela. Si un conflit ou une interrogation s’esquisse l’espace d’un instant, tout disparaît l’instant suivant sans jamais être réabordé. Ce qui entraîne de gros écueils scénaristiques. Avec des passages entiers qui ne servent à rien car des aspects qui auraient pu être intéressants sont soulevés mais sans être approfondis. Le film tente de proposer une trame complexe, mais elle ne tient au final pas debout. Et son « prestige » est en réalité un Deux ex machina que l’on voit arriver à des kilomètres. Dès le début d’Insaisissables, on sait que l’on va y avoir droit. Il n’y a aucune surprise. Et l’on passe seulement son temps à deviner quand aura lieu le coup de théâtre qui offrira la clef du mystère.