- Article publié sur MaXoE.com -


Julieta – « L’absence est le plus grand des maux »



Julieta Une

Julieta Affiche« Merci de ne pas me laisser vieillir seule » dit Julieta à son compagnon, en terminant ses cartons. Elle s’apprête à quitter Madrid, pour le suivre au Portugal. L’instant d’après, tout bascule. Elle rencontre Beatriz, amie d’enfance de sa fille Antía. Sa fille, qui douze ans auparavant, l’a abandonnée sans un mot. Sans une explication. Après des années de sevrage, Julieta rechute dans son obsession, celle de l’absence de sa fille qui l’habite depuis le jour où elle a décidé de sortir de sa vie. Julieta se met à écrire à Antía. A lui raconter son histoire. Et replonge dans le passé.

Julieta Deux

La perte. L’absence. La culpabilité. Depuis des années, Julieta vit avec le fantôme de sa fille Antía. Son absence emplit sa vie. A l’en étouffer. Longtemps, elle a cherché à enfouir cela. A oublier. Mais il a suffi d’une rencontre pour que tout bascule à nouveau.

Le drame fait sentir sa présence à chaque plan. Tout comme l’absence d’Antía. Et tout le talent d’Almodóvar est là. Toute la puissance de sa mise en scène. On sait. Que quelque chose de terrible est ou va arriver. Qu’un secret va être révélé. Mais on ne sait jamais quand. Sous forme de flash-back, le passé de Julieta se déroule sous les yeux du spectateur afin d’éclairer son présent. Et c’est à nouveau un magnifique portrait de femme que le cinéaste peint. Un portrait à deux visages. Celui de la rencontre de Julieta avec celui qu’elle aime et qui deviendra le père de sa fille. Et celui de Julieta vivant dans la culpabilité et avec le souvenir d’êtres qui se sont volatilisés.

Deux visages. Deux époques. Deux actrices. Emma Suárez et Adriana Ugarte, qui interprètent magnifiquement la Julieta du présent et celle du passé. Pedro Almodóvar passe de l’une à l’autre sans heurts, avec élégance et maîtrise. Une élégance et une maîtrise que l’on retrouve à chaque plan : un cerf au travers d’une vitre, une scène d’amour dans un train, la mer agitée annonciatrice de naufrages, …

Julieta Trois

Avec ce film, le réalisateur renoue avec la simplicité. Simplicité du style. Simplicité des plans. Simplicité du sujet. Celui du temps qui passe. Des êtres qui nous quittent. Des liens qui se font. Et se défont.

La dernière scène laisse un goût amer. Un sentiment d’inachevé. Julieta continue sa route et, après s’être plongé dans son passé et avoir découvert son présent, à chacun de s’imaginer son futur. Lorsque les lumières se rallument, la douleur de Julieta – qui est devenue la nôtre – ne disparaît pas dans le générique. Elle continue à nous accompagner un moment. Et un moment encore.