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La ballade de l’impossible : intimiste !



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La Ballade de l’Impossible est surtout un roman de Haruki Murakami. Succès populaire et critique, le livre sonde les méandres complexes de la conscience humaine confrontée au deuil et à l’amour. N’y allons pas par quatre chemins, le film qui nous est livré ici respecte totalement l’oeuvre originale. On peut juste y voir une vision un peu plus soft de l’érotisme débridé présent dans le livre.

Mais avant d’aller plus loin dans cette chronique, abordons quelque peu le pitch de départ du long-métrage. L’histoire commence à Tokyo dans les années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe (le personnage principal du film) se suicide, en proie à un mal-être tout adolescent. Watanabe décide alors de quitter Kobe pour aller vivre à Tokyo et entamer ses études universitaires. Il y retrouve Naoko, l’ex petite amie de Kizuki qui est une créature bien mystérieuse et bien accablée par le suicide de son compagnon. Commence alors une relation amicale et amoureuse entre les deux jeunes gens qui cherchent des réponses à la mort. Ce duo empreint de malaise est perturbé par la belle Midori, plus stable, plus lumineuse, moins angoissée. Elle va jouer un rôle essentiel dans le destin de Watanabe.

Le réalisateur nous enferme, d’entrée, dans un monde suffocant, exténuant. La mort de Kizuki va vous prendre à la gorge et la détresse de Watanabe et de Naoko prend aux tripes. Le film oscille constamment entre les abîmes individuelles du désespoir et les fusions corporelles censées réconforter les coeurs. On suit, la conscience en émoi, les déambulations de cette génération blessée. L’arrivée de Midori brouille encore plus les cartes, avec un Watanabe qui ne sait plus à qui se vouer, à qui se livrer. 

Au lieu de nous présenter cette tempête de sentiments sous la forme d’un huis-clos, Tran Anh Hung opte pour un voyage constant dans des paysages tour à tour magnifiques, inquiétants ou même flippants. Là on en prend plein les mirettes, les images sont resplendissantes en tous points. On finit parfois par ne regarder que le paysage et oublier les personnages si obscurs. Nous sommes persuadés que le réalisateur l’a voulu, comme s’il cherchait à montrer que malgré la gravité des événements, tout cela devait être remis en perspective avec tout ce qui nous entoure.

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L’amour est aussi beaucoup présent. Le sentiment contre-balance toujours le deuil et les relations des jeunes gens reposent sur des relations sexuelles intenses, aussi violentes que peut l’être le sentiment de manque d’un être cher. Ainsi, on joue avec nos nerfs, avec notre propre relation à la mort et à l’amour. Et pour cela, les acteurs sont parfaits. Chacun d’eux exprime froidement sa détresse et ses espoirs sans jamais tomber dans la caricature. Ajoutez à cela une bande-son sublime et vous aurez une idée de l’ambiance du film. Cette ambiance permet au réalisateur de nous manipuler comme des marionnettes. Certains passages vont sacrément vous remuer, mais on vous laisse découvrir tout cela. 

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Le DVD

Le DVD que nous avons eu entre les mains restitue pleinement la beauté des paysages. Du beau travail ! Les bonus présents sur le dvd sont très classiques. D’un côté le making off et de l’autre des témoignages sur les acteurs. C’est certes succinct mais ces deux reportages apportent un nouvel éclairage sur l’histoire. On comprend mieux certains choix artistiques, certains partis pris.

Au final, le film ne plaira sûrement pas à tout le monde. Certains y verront quelques lenteurs et presque parfois un peu de voyeurisme, d’autres, comme nous, y verront une vision franche, cinglante sur nos existences. La mort, l’espoir, le deuil, l’amour sont triturés par Tran Anh Hung. Il les mélange sans jamais les dénaturer. Laissez-vous tenter par ce film à part.