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Möbius : Jeux d’espions et jeu de l’amour (où le hasard ne fait pas forcément bien les choses)



Mobius Une Critique

Affiche Mobius Critique

Pour planter le décor, prenez Monaco – ville du luxe et de la haute finance. Quoi de mieux justement pour mettre en place une opération d’espionnage financier. Grégory Lioubov / Moïse (Jean Dujardin), un officier du FSB (anciennement KGB) spécialisé dans le domaine de la criminalité financière y est envoyé afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires russe – Rotovski (Tim Roth).

Pour infiltrer au mieux le milieu, son équipe approche Alice (Cécile De France) – une trader travaillant pour l’oligarque et qui est en partie responsable de la chute de Lehman Brothers. Mais au lieu de suivre les ordres, notre surdouée de la finance va prendre des risques la mettant potentiellement en danger. L’officier prend alors l’initiative de rompre la règle d’or – celle de ne jamais entrer en contact avec son agent infiltré – et va à sa rencontre dans le but de la protéger.

La passion décide de s’en mêler malgré eux. Grégory et Alice deviennent amants. La mission est plus que compromise.

Mobius De France Dequenne Critique

 

 

Un film sous tension 

Clairement, Möbius n’est pas un film d’action dynamique sur les services secrets à l’instar des James Bond. Le rythme est au contraire plutôt lent, histoire de créer une ambiance où la tension est, dès le début, plus que palpable. Möbius n’est, en réalité, même pas un film sur les services secrets. Oui, le scénario tourne autour d’une affaire d’espionnage financier. Oui, la plupart des personnages sont des agents ou des officiers issus de différents services secrets du Monde. Mais ça n’est qu’un prétexte. Un prétexte pour nous parler d’amour. Plus précisément d’une histoire d’amour entre deux êtres qui n’attendaient plus grand chose de la vie et qui sont cueillis malgré eux par cette passion.

La tension n’en devient que plus intense puisque Grégory / Moïse va devoir jongler entre sa mission et l’irrépressible envie de rejoindre Alice – constamment surveillée par sa propre équipe et celle de leurs adversaires, qui, l’une comme l’autre, ne doivent pas découvrir cette relation. Cette situation donne d’ailleurs lieu à des scènes de passe-passe (un ascenseur, puis une voiture – n’en disons pas plus) plutôt bien menées par le réalisateur qui, sans pour autant l’égaler, rappellent une ambiance à la Hitchcock.

Mobius Roth Critique

Certains moments orchestrés d’une belle manière donc. Mais le problème est que tout le reste n’est pas de ce niveau. L’intrigue autour de la mission des services secrets reste, au final, assez superficielle. L’utilisation de la musique est assez malheureuse : faire appel aux chœurs de l’Armée Rouge histoire de bien nous faire comprendre que l’on a affaire à des russes est vraiment de trop…

Le parti-pris d’Éric Rochant a été celui de se focaliser sur cette histoire d’amour impossible, sur les scènes de passions – charnelles essentiellement – en les rendant le plus réaliste possible. Pari perdu, celles-ci frôlent la caricature. Pourtant, le couple Dujardin / De France fonctionne. Mais pas au lit.

Le jeu de Jean Dujardin ne surprend plus. Depuis Contre-Enquête, on sait qu’il est tout à fait capable d’être un grand acteur dramatique. Le rôle qu’il campe ici le prouve encore – inutile donc de parler de contre-emploi. Idem pour Tim Roth, très inquiétant dans son rôle d’homme d’affaire crapuleux, mais il ne surprend pas plus non plus.

La surprise vient réellement de Cécile De France. Elle qui nous a toujours habitué à ce côté garçonne et grande gueule, révèle ici une sensualité et une féminité que l’on ne lui connaissait guère jusqu’alors. Elle en est méconnaissable.

Mention spéciale aussi à Alexeï Gorbounov – qui joue le bras-droit de Tim Roth – dont l’interprétation glace le sang.

 

 

Ruban de Mobius Critique

Le ruban de Möbius

 

Le titre du film trouve son explication lors du dénouement, lorsque l’on explique à notre officier des services secrets russes qu’il s’est fait piéger.

 Est utilisée pour cela la parabole du ruban de Möbius – qui consiste en une manière particulière de plier une bande de papier afin d’obtenir une surface à une seule face alors qu’elle donne l’impression d’en avoir deux. Métaphoriquement, l’on pourrait y associer l’adage « Tel est pris qui croyait prendre ». C’est en tout cas ce qui arrive au personnage de Jean Dujardin.

Le film aurait pu s’arrêter là-dessus, et ça n’aurait été pas plus mal. Sauf qu’il se prolonge encore sur une vingtaine de minutes totalement superflues et s’achève sur un « happy-end » qui n’en est pas vraiment un au final… Dommage.

Mobius Dujardin De France Critique