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No Pain No Gain : No film…



No Pain No Gain Une

No Pain No Gain AfficheMiami. Des bodybuilders. Des voitures décapotables. Des seins siliconés. Non, vous n’êtes pas devant le tout dernier trailer de GTA mais bien entrain de regarder le dernier Michael Bay. Attention ! Loin de moi l’idée de critiquer GTA, mais tout de même… Bref.

Miami. Des bodybuilders. Des voitures décapotables. Des seins siliconés. Le décor est planté. Un homme fait ses abdos suspendu à un mur lorsque qu’une dizaine de voitures de police débarque pour l’arrêter. Notre homme, Daniel Lugo (Mark Wahlberg), a voulu atteindre le rêve américain. Rien de bien condamnable en somme. Sauf qu’il n’a pas hésité à voler, séquestrer voire tuer  pour cela. Quelques mois auparavant, il se demandait comment sortir de sa petite vie minable d’entraîneur pour le centre de fitness « Sun Gym ». Dans son cerveau – dont le QI ne dépasse pas la barre des 50 (et encore) – fleurit alors l’idée de s’approprier l’ensemble des biens de l’un de ses riches clients. Mais il ne peut y arriver seul. Il s’associe donc à deux comparses encore plus bêtes que lui (si si, c’est possible) – Paul Doyle (Dwayne Johnson) et Adrian Doorbal (Anthony Mackie) – pour monter son coup de génie (hum). 

Et ceci s’inspire de faits totalement réels.

No Pain AL Walhberg

Avec l’affaire du « Sun Gym Gang » qui a défrayé la chronique dans les années 1990 – ces trois bodybuilders dopés aux stéroïdes et qui ont commis moult crimes et délits pour atteindre leur american dreamMichael Bay tenait son sujet. Un sujet qui aurait pu lui permettre de se défaire de cette image de réalisateur de blockbusters tous plus bourrins les uns que les autres, au scénario tenant sur un emballage de chewing-gum et à la mise en scène tellement tape à l’œil qu’elle en donne mal à la tête. Un sujet qui aurait enfin permis de dire que Michael Bay est un réalisateur, tout simplement.

Mais ce sujet, il l’a massacré. Vous pouvez d’ailleurs d’ores et déjà oublier tous les mauvais films que vous avez eu l’occasion de voir jusqu’à aujourd’hui car ceux-ci n’arriveront jamais à la cheville de No Pain No Gain.

Son histoire est donc celle de trois culturistes sans cervelle qui veulent vivre dans le luxe en se disant que si certains y ont droit, pourquoi pas eux ? Sauf que, ne pouvant obtenir plus que ce que leur permet leur job puisqu’ils ont passé leur vie à développer leur corps plutôt que leur intelligence (attention, ça n’est pas moi qui dit ça, mais bien le film), ils ont décidé de s’approprier la vie de rêve des autres. Mais bêtes comme leurs pieds, leur appât du gain va les mener à des situations plus rocambolesques les unes que les autres. Et comble de tout ceci, tellement rocambolesques que même la police n’y croira pas. Du moins au début…

Avec un fait-divers pareil, il y avait matière à offrir au spectateur un film digne de ce nom. Une affaire tellement loufoque que l’on se demande comment ceci a pu réellement se produire. Mais le problème de Michael Bay est qu’il s’est attaché à faire un film qui ne repose en rien sur son scénario. Comme s’il avait peur de réaliser un film où le scénar’ tient enfin la route.

No Pain AL Shalhoub

Par où commencer ? Déjà, No Pain No Gain n’est pas un film. On ne peut décemment appeler ça un film. Il s’agit d’un clip, d’un teaser, ou de tout ce que vous voudrez d’autre. D’une durée de deux heures certes. Mais ça n’est pas un film.

Tout y est cliché. Il n’y a que des décapotables ou des voitures de courses. Le riche qui se fait séquestrer par les trois benêts est juif et antipathique. Toutes les femmes sont des strip-teaseuses aux seins siliconés (ce qui, au passage, pue la misogynie). Tout le monde est bronzé, musclé (ou cherche à l’être). Et j’en oublie, c’est sûr. Alors oui, ceci est très certainement un parti-pris. L’idée d’appuyer vraiment sur l’univers de ces trois bodybuilders. Sauf que c’est insupportable. Il y en a trop. Ça sature. Et le problème est que ça ne s’arrête pas là. La mise en scène est à l’image de l’environnement qu’a créé Michael Bay. Des ralentis de cinq minutes toutes les trente secondes. De la musique en veux-tu en voilà venant ponctuer chaque plan. Et des voix off. Mais attention, pas seulement la voix off du personnage principal qui vient nous raconter ce qui l’a mené à son arrestation. Non, il y a une voix off par personnage qui, pendant dix minutes, revient sur sa vie, ses déboires, ses états d’âmes, etc. Ah, et puis ça explose, les couleurs sont criardes, les acteurs mal dirigés surjouant constamment (quel dommage d’ailleurs d’y retrouver les très bons Ed Harris et Tony Shalhoub).

Ce mélange donne un résultat qui fait mal aux yeux, aux oreilles, à la tête. Une torture de deux heures pour le spectateur. Mais le pire, c’est que lorsque l’on tente de s’intéresser à la genèse de No Pain No Gain, au message que Michael Bay a voulu véhiculer de crainte de s’être totalement planté dans son avis et d’être passé à côté de l’intérêt du film, on lit qu’il a voulu rendre un hommage au cinéma des frères Coen et à celui de Tarantino… Donc là, c’en est trop. On ne dénonce pas le rêve américain en l’habillant de tout ce qu’il y a de plus bling bling et outrancier à tel point que cela brûle les yeux. Et surtout, on ne compare pas cela à ces réalisateurs de génie. Il suffit juste de se remémorer (et ça n’est qu’un exemple parmi d’autres) la performance de Brad Pitt en prof de fitness stupide (tiens donc) dans Burn After Reading des frères Coen et la comparer avec celle de Wahlberg, Johnson et Mackie pour se rendre compte que la direction d’acteur, ça ne s’invente pas. Ça se travaille.

Il est toutefois possible de reconnaître à Michael Bay une qualité : il vient, en un film, de réunir tout ce qu’il ne faut pas faire au cinéma.