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Séries TV : The Big Bang Theory – BAZINGA!



D’abord, il y a Léonard. Physicien expérimental, surdoué, mais légèrement handicapé vis-à-vis du sexe faible par sa petite taille et ses obsessions de scientifique geek, voire de nerd.

Ensuite, il y a Howard, ingénieur, obsédé sexuel pervers, juif vivant chez sa mère, mais qui semble cacher une nature singulièrement différente. Lui aussi geek, et grand ami du précédent.

Puis vient Rajish, astrophysicien indien de son état, incapable de parler en présence d’une femme à cause d’un mutisme sélectif (vérifiez, ça existe). Geek.

Enfin, enfin, vient l’inénarrable Sheldon. Intelligent jusqu’à la folie, double docteur en science, physicien, sa vie est un ensemble de tocs et névroses remarquablement entretenus, et se résume à ses recherches et à ses passions : l’informatique, les jeux vidéos, les bandes dessinées et autres trains miniatures.

Léonard et Sheldon partagent le même toit et y reçoivent quotidiennement les deux autres larrons, pour des réunions de nerds endiablés qui jouent à World of Warcraft pendant deux jours, ou préparent leurs costumes pour quelque ComicCon à venir.

Mais un jour, Penny vient s’installer en face de l’appartement. Penny est une jeune aspirante actrice, serveuse, bête comme ses pieds, mais mignonne comme tout, pétillante et (très) délurée. La confrontation est inévitable, et la coexistence ne sera pas toujours facile… mais toujours drôle.

Chuck Lorre, dans The Big Bang Theory, s’attaque à une « ethnie » que l’on voit peu à la télévision, et jamais être les personnages centraux d’une série : les nerds. Les quatre mousquetaires en sont tous, à des degrés divers. Ainsi, si Léonard a une vie sociale plutôt normale et est du reste certainement le moins atteint du lot, Sheldon, lui, est au bord de l’autisme intégral. Et l’arrivée de Penny dans leur vie va évidemment perturber les habitudes et les modes de vie de presque tous, Sheldon constituant en quelque sorte un inamovible point zéro.

Dur défi que de s’attaquer à une cible pareille : les nerds sont souvent moqués, souvent méprisés à la télévision, et centrer une série autour d’eux risquait de faire de la série soit une vacherie sans intérêt soit un réservoir à blagues incompréhensibles par les non-nerds. Or, précisément, Chuck Lorre parvient à traiter ses personnages avec respect, et même quand il les moque cruellement, Sheldon ayant des allures de nerd alpha, il y a toujours un fond de tendresse qui font que l’on ne peut le détester, et qu’on a toujours un peu de bienveillance envers lui.

De plus, la série parvient à égrener, bien sûr, des plaisanteries issues du monde des nerds : les jeux de rôles, les jeux de plateaux, les jeux vidéo, le cinéma, les bandes dessinées, et même une série de plaisanteries fort savantes qui feront le régal des scientifiques avertis. Tout y passe, mais la série parvient à conserver un humour omniprésent et accessible à tous, et il faut bien le dire, on rit beaucoup devant chaque épisode de vingt minutes.

Les interactions sont finement écrites, les évolutions des personnages discrètes mais pertinentes au fil des six saisons que compte le programme, et les showrunners parviennent à conserver, en permanence, des histoires très courtes (plusieurs par épisodes), des histoires plus longues (plusieurs épisodes) et des histoires de fond (plusieurs saisons) comme la relation entre Léonard et Penny.

S’ajoute à cela une cohorte de personnages savoureux : pour ne pas spoiler, citons Kripki le rival de Sheldon, les parents de Raj, Will Wheaton, Stuart le vendeur de BD, etc.

Bien sûr, on retrouve aussi quelques obsessions de Lorre : les mères sont des garces, et les femmes soit des idiotes soit des monstres… Fort heureusement, la série n’en abuse pas, faute de quoi on taxerait à tort la série de misogynie… La série, d’ailleurs, est parfois un peu borderline, à travers le personnage d’Howard et son judaïsme (rien de scandaleux rassurez-vous), ou à travers des saillies très drôles mais dont on a parfois un peu honte de rire…

Et avec tout cela, on obtient une série chorale qui, tout simplement, fait du bien.

Bien sûr, tout n’est pas égal. Ainsi, la saison 2 tourne exagérément autour de Sheldon jusqu’à générer la lassitude par moments (même si le personnage est sublime et si son interprète a reçu un grand nombre d’Emmy Awards), et la saison 5 est un peu trop centrée sur les histoires de coeur. Mais l’ensemble est si drôle, si nécessairement original, de personnages nouveaux à la télévision créant fatalement de nouvelles situations, qu’il serait vraiment dommage de se priver d’un thérapie par le rire…