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Compil’ Ciné Steampunk : Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire & La Boussole d’Or



Pour cette quinzaine sous le signe du Steampunk, petit arrêt sur deux films. Plutôt destinés à la jeunesse. Tous deux adaptés de romans. « Jeunesse » eux aussi. Car il en faut bien pour tout le monde !

Compil' Ciné Une

 

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire

Orphelins Baudelaire Affiche

 

Réalisation : Brad Silberling

Casting : Jim Carrey, Emily Browning, Liam Aiken, Meryl Streep, Jude Law,…

Scénario : Robert Gordon, d’après les romans de Lemony Snicket

Genre : Conte fantastique

Durée : 1h 47min

Sortie en France : 22 décembre 2004

 

Synopsis : Violette (Emily Browning), Klaus (Liam Aiken) et Prunille (Shelby et Kara Hoffman) sont les enfants Baudelaire. Ou plutôt les orphelins Baudelaire. Car leurs parents viennent de mourir dans un incendie qui a, dans le même temps, ravagé leur maison. Violette, Klaus et Prunille sont les enfants Baudelaire. Mais ce ne sont pas des enfants comme les autres.

Violette – 14 ans – est une scientifique hors pair qui s’attache systématiquement les cheveux à chaque fois qu’elle s’apprête à inventer quelque chose de nouveau. Klaus – 12 ans – lit tout ce qui lui tombe sous la main et possède la capacité de toujours retenir l’intégralité de ce qu’il a lu. Prunille – une enfant en bas âge à l’âge indéterminé – mord tout et n’importe quoi, et surtout les objets durs. Leurs parents morts, les orphelins Baudelaire se retrouvent à la tête d’une immense fortune. Fortune qu’ils ne pourront toucher qu’à la majorité de l’aînée.

L’exécuteur testamentaire des parents Baudelaire, Mr. Poe, est en charge de placer les orphelins chez leur plus proche parent. Malheureusement pour eux (car ce film montre bien qu’un malheur n’arrive jamais seul), il s’agit du Comte Olaf (Jim Carrey) – un acteur excentrique maître dans l’art du déguisement et dont l’unique but est de se débarrasser des trois enfants afin de mettre la main sur leur immense fortune. Après avoir tenté de les éliminer, il en perd la garde et les orphelins Baudelaire sont envoyés ailleurs. Mais le Comte Olaf décide de ne pas en rester là et ne va avoir de cesse que de les poursuivre partout où ils iront.

Les Désastreuses AL 2

Avis : Ce qui a fait l’originalité (et le succès) de cette série littéraire (intitulée elle aussi Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire) destinée à la jeunesse – treize tomes à ce jour et dont ce film est l’adaptation des trois premiers – est sa narration résolument pessimiste, ainsi que son côté cynique et humour noir. N’ayant pas lu les romans, difficile d’en dire plus ici. Néanmoins, le film semble avoir rendu hommage à cet aspect, puisqu’il est lui aussi sur un registre relativement cynique, passant notamment par le biais de son narrateur. Car, tout comme dans les romans, il est ici omniscient. D’abord par la voix off qui raconte les mésaventures des orphelins, mais aussi par une matérialisation de l’auteur puisque le déroulement de l’histoire est entrecoupée de plans sur le romancier (Jude Law ici) et sa machine à écrire. Tout comme dans les livres, il est donc un personnage à part entière du film et y est intégré de manière plutôt subtile.

Pour ce qui est du scénario, inutile de s’y attarder plus que de raison car son but n’est clairement pas de faire passer un quelconque message. Il s’agit juste de nous raconter les mésaventures de trois enfants qui viennent tout juste de devenir orphelins et qui, malheureusement pour eux, sont la cible d’un sinistre personnage. L’intérêt n’est donc pas le fond ici, ce qui est un parti-pris clairement défini, mais bien la forme. Une place importante est, en effet, attribué à l’esthétisme du film, esthétisme qui ne s’arrête pas aux seuls décors et costumes. Ils sont évidemment à l’honneur, avec certains traits faisant référence à l’univers Steampunk : grands manoirs victoriens, machine à écrire de l’auteur pleine de rouages, objets et autres inventions des parents Baudelaire et de Violette, robes lacées style corsets (trop beau les corsets !), et j’en passe… S’ajoute à ça un changement d’ambiance à chaque changement de lieu ou de situation : côté chaleureux du manoir des parents Baudelaire avant l’incendie ou de l’immense maison de l’Oncle Monty, côté beaucoup plus sombre et humide de la maison suspendue au dessus de l’eau de la Tante Agrippine, ou encore côté sinistre du manoir du Comte Olaf. Les personnages aussi collent à cet environnement particulier, avec un jeu excentrique et burlesque pour la plupart des acteurs – Jim Carrey en tête, mais c’est un registre qui lui est extrêmement familier. Seuls les orphelins restent dans la sobriété, ce qui ne dénote pas pour autant avec le reste puisque cela met en relief le décalage de leur situation d’enfants entrant d’un coup dans le monde des adultes, monde dont ils ne connaissent pas encore les codes.

Pour faire court, le film se laisse regarder sans aucun souci. Petits et grands y trouvent chacun leur compte. On ne s’ennuie pas et les yeux sont ravis. L’humour, même s’il y est noir, est bien présent et fait travailler les zygomatiques. Ce moment passé en compagnie des orphelins Baudelaire et de la ribambelle de personnages qui gravitent autour d’eux est donc relativement agréable.

 

 

La Boussole d’Or

La Bossole d'Or Affiche

 

Réalisation : Chris Weitz

Casting : Dakota Blue Richards, Nicole Kidman, Daniel Craig, Eva Green,…

Scénario : Chris Weitz, d’après le roman de Philip Pullman

Genre : Aventure, Fantastique

Durée : 1h 53min

Sortie en France : 5 décembre 2007

 

Synopsis : Un monde parallèle au nôtre, où les humains sont tous accompagnés de daemons – une forme animale qui semble être la manifestation physique de l’âme humaine. Un monde parallèle au nôtre, où les sorcières existent. Un monde parallèle au nôtre, où les ours géants sont en armures et sont rois dans le Grand Nord.

Lyra Belacqua (Dakota Blue Richards) – que l’on présente comme orpheline – vit à Jordan College, au sein de l’Université d’Oxford et est élevé par les Érudits. Dès le départ, les ennuis commencent, puisqu’il lui faut déjouer empoisonnement de son oncle – Lord Asriel (Daniel Craig) – par le Magisterium (l’organe exécutif de ce monde). Par la suite, elle apprend l’existence d’une mystérieuse particule élémentaire appelée « Poussière », particule sur laquelle son oncle axe d’ailleurs ses recherches, ce qui lui a valu cette tentative d’empoisonnement.

A partir de ce moment, tout s’accélère pour Lyra. Elle fait d’abord la connaissance au Jordan College de la très énigmatique et envoûtante Mme Coulter (Nicole Kidman) – se révèlant aussi calculatrice et diabolique qu’elle n’est belle – qui lui propose de l’accueillir chez elle avant de l’emmener dans le Grand Nord. Avant son départ d’Oxford, le Maître de Jordan College lui remet une étrange boussole connue sous le nom d’ « aléthiomètre » et dont elle devra apprendre à se servir. Dans le même temps, elle apprend la disparition de son meilleur ami – Roger – certainement enlevé par les Enfourneurs qui kidnapperaient des enfants (visiblement pour le compte du Magisterium) afin d’effectuer sur eux des tests scientifiques dans le Grand Nord.

Après avoir échappé aux griffes de Mme Coulter, Lyra va croiser la route de différents personnages (gitans, ours aéronautes et autres sorcières) qui vont lui venir en aide dans sa quête – celle de sauver son meilleur ami et les autres enfants victimes des Enfourneurs, ainsi que celle de retrouver Lord Asriel, toujours menacé par le Magisterium.

La Boussole d'Or

Avis : La Boussole d’Or est une adaptation libre du premier tome de la saga A la Croisée des Mondes de Philip Pullman, Les Royaumes du Nord. Adaptation libre, car le film s’est en grande partie détaché du roman pour ce qui est du message véhiculé. L’intrigue principale et les différents personnages sont, dans les grandes lignes, maintenus. Mais la toile de fond qui était celle de la dénonciation d’un culte, présentement le culte catholique, est presque totalement occultée. Presque totalement, car cela apparaît en filigrane lors d’une scène où Nicole Kidman évoque l’innocence des enfants et le fait que les adultes eux, perdent peu à peu en pureté.

Mais à part ce renvoi au propos de Philip Pullman, le film reste dans un schéma très classique : un peu d’action, un peu de réflexion, un peu d’émotion, un peu de complot, un peu d’action, etc. Et tout ça à dose homéopathique car le public visé reste celui de la jeunesse. Attention, le film n’est pas non plus ennuyeux. Néanmoins, on aura pu espérer plus de cette transposition cinématographique. Parce que si l’exercice exige un certain nombre de choix à faire, le message du romancier aurait pu être conservé, ainsi que l’ambiance même du roman, beaucoup plus sombre que celle du film. Le parti-pris du réalisateur a été celui de viser un public plus large, c’est son droit. Mais l’idée de base est en partie dénaturée.

Pour ce qui est des acteurs, l’on se trouve là-aussi dans du classique. Il n’y a pas de « performance ». Mais le film ne s’y prête pas forcément. Ce qui n’est donc pas plus mal. Les acteurs sont ici au service d’une ambiance plus générale, passant essentiellement par un travail sur l’image.

L’effort réalisé au niveau de l’aspect visuel du film est, vous l’aurez compris, plutôt réussi. Les plans sont magnifiques, que l’on se trouve dans l’enceinte de l’Université d’Oxford, chez Mme Coulter, comme dans le Grand Nord (la liste n’est pas exhaustive). L’angoisse que pouvaient susciter certains passage du bouquin (l’horrible daemon de Mme Coulter, les scènes dans l’espèce de « laboratoire » des Enfourneurs, le côté complètement perdu de Billy Costa séparé de son daemon,…) est assez bien rendue, et l’important jeu sur les couleurs et les ombres y est pour beaucoup. L’univers Steampunk se manifeste régulièrement, pour l’essentiel par le biais d’inventions étonnantes – et plus ou moins volumineuses – telles que le fameux « aléthiomètre » de Lyra. Et toujours dans cet esprit d’esthétisme, décors et costumes sont travaillés eux aussi.

Un exercice de style intéressant pour ce qui est du rendu visuel donc, mais le charme est rompu quand au scénario (bon, principalement pour ceux qui ont eu l’occasion de lire le roman). La Boussole d’Or n’est pas non plus un film à éviter car, si l’on fait abstraction du contexte, il reste un beau spectacle pour les yeux.