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Focus Spécial Renaissance : Cinéma et « Guerres de Religion »



La Renaissance marque la période durant laquelle la vision de l’Homme est totalement redéfinie. Il devient le centre de tout. Cette autre manière d’appréhender l’être humain est propice au développement d’un nouveau courant : l’Humanisme. Paradoxalement, la Renaissance est également la période qui connut de nombreuses guerres de Religion, opposant catholiques et protestants après la naissance et la diffusion de la Réforme. Deux films français – qui mettent en lumière deux femmes – ont pour toile de fond cet épisode sanglant de l’Histoire de France.

La Reine Margot, de Patrice Chéreau

Paris, août 1572. Henri de Navarre – futur roi Henri IV – est sur le point d’épouser Marguerite de Valois – dite Margot – fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis ; et soeur de l’actuel roi de France Charles IX. Henri est protestant, Margot catholique. Leurs noces ont pour but de réconcilier les deux branches de la chrétienté, sujette aux troubles depuis les débuts de la Réforme Luthérienne. Au lieu de cela, la nuit du 24 août 1572 eu lieu le « Massacre de la Saint-Barthélémy ».

Massacre à Paris. Le dramaturge anglais Christopher « Kit » Marlowe en a tiré une pièce de théâtre, l’auteur Alexandre Dumas un roman et le cinéaste Patrice Chéreau un film aux accents shakespeariens. Lors de sa sortie, dans les pages des Cahiers du Cinéma, Serge Toubiana écrivait : « Étrange sentiment, en voyant cette Reine Margot, d’un film qui aurait des veines, un pouls, des vrais battements de cœur. Sang d’amour et sang de haine, mêlés. Et ces battements de cœur seraient dictés, rythmés par la violence, toujours, qui irrigue le film de Patrice Chéreau. C’est ce sang, c’est cette inouïe violence, ce sont ces battements de cœur qui en font une vraie, une grande réussite ». Difficile d’avoir des mots plus justes que ceux-là pour dépeindre toute la beauté mêlée à la violence de cette fresque aussi viscérale que grandiose, qui explore toute la bestialité des hommes au travers de ce terrible épisode historique perpétré au nom de la religion.

La Reine Margot, réalisé par Patrice Chéreau. Avec Isabelle Adjani, Daniel Auteuil, Jean-Hugues Anglade, Vincent Pérez, Virna Lisi, Pascal Greggory, Dominique Blanc, Asia Argento, Jean-Claude Brialy, Jean-Philippe Écoffey, … Sorti en salles le 13 mai 1994.

 

La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier

1567. Charles IX règne sur la France, toujours sous l’influence de sa mère Catherine de Médicis qui n’exerce pourtant plus la régence. Les guerres de Religion font rage, voyant partisans du catholicisme et du protestantisme s’affronter dans des combats sanglants.

Loin de Paris, dans le château de Mézières, ce sont des guerres d’une tout autre nature qui se jouent : des gentilshommes – les mêmes qui jouent aux petits soldats – se disputent les faveurs de Marie de Mézières, amoureuse depuis toujours d’Henri, le Duc de Guise. Elle doit pourtant se résigner à en épouser un autre après que son père ait passé un accord : de Marie de Mézières, elle devient alors la Princesse de Montpensier. Rapidement, son mari Philippe la laisse pour rejoindre les autres nobles catholiques dans leur guerre face aux protestants. Marie se retrouve alors seule au château de Champigny, en la compagnie du Comte de Chabannes, son précepteur. Malgré son mariage, elle continue tout de même à être l’enjeu de passions rivales entre son époux, son ancien amant de Guise, auxquelles vient se mêler le Duc d’Anjou et futur Henri III, Roi de France.

Beaucoup moins violent visuellement que La Reine Margot (même si quelques scènes relatent furtivement et avec finesse les guerres de Religion faisant rage à l’époque), La Princesse de Montpensier n’en est pas moins violent dans son propos. De la nouvelle de la Madame de Lafayette, Bertrand Tavernier a réalisé un film mettant en lumière toute la difficulté de naître et d’être femme durant une période – bien qu’elle soit celle de la Renaissance – où elle n’était encore qu’une mineure dont l’existence dépendait de celle de son époux, sans possibilité de s’émanciper. Grâce à l’élégance du cinéma de Bertrand Tavernier, cette histoire d’amour et de massacre portée par les excellents Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet, Raphaël Personnaz et surtout Mélanie Thierry et Gaspard Ulliel (snif) apporte un regard lumineux sur la condition féminine.

La Princesse de Montpensier, réalisé par Bertrand Tavernier. Avec Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Raphaël Personnaz, Lambert Wilson, Michel Vuillermoz, … Sorti en salles le 3 novembre 2010.