La Révolution Française n’est pas la période de l’Histoire la plus exploitée par le cinéma. Cela dit, il y a tout de même de la matière et c’est bien évidemment le cinéma français qui a été le plus productif. Quelques films dans les années vingt, deux ou trois Sacha Guitry, une adaptation de Lady Oscar par Jacques Demy, une romance de Jean-Paul Rappeneau (Les Mariés de l’An II) et – beaucoup plus récemment – deux œuvres concernant Marie-Antoinette, celles de Sofia Coppola (oui, une exception américaine) et Benoît Jacquot. Au milieu de tous cela, quatre films, réalisés entre les années 80 et 90. Pour l’essentiel, ce sont des comédies se servant de l’Histoire comme toile de fond, se jouant d’elle parfois. Pour l’essentiel. Car on y trouve également un biopic qui rappelle que Gérard Depardieu est un acteur immense.
Danton (1983), Andrezj Wajda
Printemps 1794. La France est en pleine « Terreur ». Danton, député montagnard, quitte sa retraite afin de rejoindre Paris pour y affronter Robespierre, son ancien compagnon de lutte durant la Révolution.
Le film d’Andrezj Wajda est construit sur l’opposition entre deux hommes, Danton et Robespierre, et donc sur deux visions différentes de la Révolution Française.
En Danton, Gérard Depardieu, dont la performance est une fois de plus bluffante. Face à lui, une distribution franco-polonaise, avec Wojciech Pszoniak en Robespierre, mais également Patrice Chéreau (Camille Desmoulins), Roland Blanche, ou encore Jacques Villeret.
L’œuvre dépeint de manière très réaliste l’un des passages les plus sombres de la Révolution. Son réalisateur a reçu le César du Meilleur Réalisateur en 1983.
Liberté, Égalité, Choucroute (1985), Jean Yanne
Une parodie (sa dernière en tant que réalisateur) comme seul Jean Yanne en avait le secret, mêlant Révolution Française et conte des Mille et Une Nuits.
Et rien que pour l’affiche, ça donne envie : Michel Serrault, Ursula Andress, Jean Poiret, Daniel Prévost, Darry Cowl, Gérard Darmon, Roland Giraud, …
Comme quoi, lorsque Jean Yanne est de la partie, il est vraiment possible de rire de tout. Et avec les plus grands !
Chouans ! (1988), Philippe de Broca
La Révolution Française vu du côté de ses opposants, du côté des royalistes vendéens et bretons qui souhaitaient rétablir la monarchie. Une famille dont les fils se déchirent pour la France, l’un étant favorable à la République, l’autre la combattant farouchement. Une famille dont les fils se déchirent également pour l’amour d’une jeune femme.
Un film dont la Révolution Française sert de prétexte à une romance ? Pourquoi pas ! Surtout si Philippe de Broca est aux commandes, tant il est doué pour les films d’époque.
Du côté de la distribution, l’immense Philippe Noiret. Ainsi que Sophie Marceau, Lambert Wilson, Stéphane Freiss, Jean-Pierre Cassel, ou encore Roger Dumas. Rien que ça !
Ridicule (1996), Patrice Leconte
À l’aube de la Révolution Française, un jeune noble désargenté arrive à Versailles à la cour du roi Louis XVI. Il y découvre alors un milieu frivole où l’art de faire de l’esprit est le maître mot, et où le jeu est à tout prix d’éviter surtout le ridicule.
Non, me direz-vous, le film de Patrice Leconte ne traite pas directement de la Révolution (même si son ombre plane à certains moments). Mais son sujet n’est pas pour autant dénué d’intérêt puisqu’il dépeint la vie à la cour, à l’époque où se met en place cette Révolution, montrant le côté totalement déconnecté des grands vis-à-vis du peuple, leur seule préoccupation étant la peur du ridicule.
Si le film est bon (car oui, il l’est véritablement), son affiche n’y est pas étrangère puisqu’elle réunit Charles Berling, Jean Rochefort, Bernard Giraudeau, Fanny Ardant, ou encore Judith Godrèche.
Ridicule a fait l’ouverture du Festival de Cannes en 1996 avant de remporter en 1997 le César du Meilleur Film et celui du Meilleur Réalisateur pour Patrice Leconte.
Deux mots de théâtre pour finir, le cinéma n’étant pas seul à avoir mis en scène la Révolution Française. Parmi les adaptations de la période, la plus célèbre reste sans doute la création collective du Théâtre du Soleil – 1789 – mise en scène par Ariane Mnouchkine en 1970. En 1974 sort même la version filmée du spectacle. Avis aux amateurs !