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Comics en Vrac Spécial Cyberpunk : Wolverine Snikt!, Blade Runner, Dust To Dust



Et voici une sélection dans le cadre de notre Focus Cyberpunk. Je vous propose une chronique inédite, celle de Wolverine Snikt!. Et puis, pour mémoire, je vous propose deux anciennes chroniques dans le thème. 

Wolverine Snikt!

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Voilà un comics qui date un peu mais qui mérite notre attention. Wolverine se balade tranquillement à New York quand une jeune fille l’interpelle et lui dit que son peuple a besoin de son aide. Pas le temps de comprendre, elle lui prend la main et le voilà propulsé en 2047. Mais les deux êtres se lâchent pendant le voyage et Logan se retrouve alors seul dans un monde désertique. C’est ce moment là que choisit une drôle de boule de métal pour se déplacer jusqu’à lui. En un rien de temps, elle se transforme en une sorte de créature bio-cybernétique qui se jette sur lui. Wolverine finit par lui faire la peau, non sans mal et retrouve le peuple humain. La bataille contre les machines commence alors…

Oui ce comics possède quelques caractéristiques cyberpunk même si on ne retrouve pas forcément ici une ville tentaculaire bourrée d’accros à la technologie. Mais on y voit des créatures biologiques empreintes de technologie, un peuple opprimé qui lutte pour sa survie et une ambiance sombre, très sombre. Je dois bien l’avouer, le scénario n’est pas à tomber par terre, c’est même tout le contraire. Non, ce qui m’a plu c’est l’ambiance terrible qui se dégage de ces pages et le fait de voir Wolverine dans ce genre de comics. Et puis il y a un véritable style, certaines planches sont véritablement magnifiques. Il faut donc plutôt destiner cet ouvrage à ceux qui aiment les belles images et qui ne sont pas trop regardants sur la profondeur d’un scénario. 

Scénario : Tsutomu Nihei – Dessins : Tsutomu Nihei – Panini Comics – 120 pages – 2013

Visuels ©Marvel 2013

 

Blade Runner 2019 T1

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Le récit nous transporte dans le monde de Blade Runner. Ici on vous parle de Ash. Une Blade Runner qui ne fait pas de cadeaux, et c’est même tout le contraire car elle a tendance à récupérer quelques pièces détachées sur les replicants. On lui confie la mission de retrouver la femme et la fille de l’industriel Alexander Selwyn, un proche de la Tyrell Corporation. La chasse se complique un peu. La femme semble s’être enfuie, on ne sait pourquoi d’ailleurs. Elle a le soutien de certains humains mais aussi de quelques replicants. Selwyn cache quelque chose…

Pas mal cette plongée dans le monde de Blade Runner. On retrouve l’ambiance de ce monde en perdition sociale, on retrouve la tension autour des replicants. Ash ne manque pas d’atouts même si son caractère bien trempé nous empêche de réellement s’attacher à elle. J’ai trouvé qu’il y avait aussi quelques raccourcis scénaristiques malheureux, raccourcis qui parfois nous déroutent sur le comportement des personnages. Mais l’ensemble est bien construit, on lit tout cela avec plaisir et on a même hâte de lire le second tome. Le dessin est pour beaucoup dans ce plaisir de lecture, fin et bien encré, il retranscrit bien l’aspect dramatique de cet univers. En bref, un premier tome qui vaut le détour. 

Scénario : Michael Green, Mike Johnson – Dessins : Andres Guinaldo – Delcourt – Delcourt Comics – 144 pages – août 2020 – prix 15,95 €

 

 

AndroidsDreamOfElectric-couvDo Androids Dream Of Electric Sheep, Dust to Dust T1

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La dernière guerre mondiale vient de s’achever. Au-delà des blessures encore tangibles dans les coeurs, elle a laissé un lourd héritage à notre planète bleue. Les morts oui bien sûr mais aussi une poussière radioactive assez pugnace pour faire disparaître les animaux, petit à petit. Les humains résistent même si une grande partie d’entre eux s’est enfuie vers les colonies extra-planétaires. Résultat, les villes sont plus ou moins désertes, entretenant tant bien que mal l’illusion de l’activité. Dans ce monde propre à vous blinder le moral, les androïdes deviennent des entités à part. Surtout utiles lors du conflit, les robots ont parfois des désirs d’émancipation. Quelques-uns d’entre eux se sont enfuis, ils veulent profiter de la vie avant leur mort annoncée, programmée. Seulement voilà, on ne peut pas les laisser en liberté. Charlie Victor, un androïde lui aussi, est missionné pour retrouver la poignée de récalcitrants. Pour cela il va s’adjoindre les services de Malcom Reed, un spécial, un mutant. Oui il y a des mutants aussi dans ce monde au bord du gouffre. Son don lui permet de ressentir les émotions des gens et donc l’absence d’émotion des androïdes. La chasse est ouverte même si on ne sait pas vraiment qui chasse l’autre. 

AndroidsDreamOfElectric-plancheLe challenge est de taille : produire un univers étendu, préalable à l’une des oeuvres majeures de la SF du 20ème siècle. On peut déjà vous dire que l’ambiance est au rendez-vous. On retrouve ces cités sombres où chaque passant donne l’impression de vouloir fuir quelque chose. Le thème des robots rebelles n’est pas une nouveauté par rapport à l’oeuvre de Dick, ici l’originalité du récit réside dans le fait que le chasseur se pose aussi pas mal de questions vu qu’il est androïde lui-même. On apprécie aussi Malcom. Sa dépendance aux drogues anti-pouvoir ajoute une ficelle dramatique à l’ensemble. Et puis le duo a de la gueule, indéniablement. Le robot et le mutant, avouez que ça claque ! 

L’univers exploré file le bourdon. La terre est bien mal en point. Ce n’est pas tant l’environnement qui nous l’apprend mais plutôt la morosité des passants. Les auteurs ont vraiment fait un gros boulot de ce côté là. On sent l’oppression, on sent l’inéluctabilité. Et puis, on ne choisit pas son camp, on comprend les motivations de chacun. Voilà un comics intelligent qui nous pose des questions, qui nous laisse toujours sur le fil du rasoir. Et puis le thème du droit à la vie vous saute au visage, comme dans Blade Runner. Du côté du dessin, les aspects crayonnés renforcent encore l’impression d’effritement du monde. Une vraie réussite que cette BD !

Scénario : Chris Roberson – Dessins : Robert Adler – Emmanuel Proust Editions – Atmospheres – 104 pages – 2013 – prix 16 €