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Comics en Vrac : Superman Pour Demain, Saga T1, SuperStar



3 comics cette semaine. En entrée, un Superman en plein doute. En plat principal, une fresque de SF un peu barrée et en dessert, un super héros médiatique. Voilà, il y en a pour tous les goûts ! 

 

Superman Pour Demain

Scénario : Brian Azzarello

Dessin : Jim Lee

Collection : DC Essentiels

Format : couleurs, 344 pages

Editeur : Urban Comics

ISBN : 9782365772020

Web : http://www.urban-comics.com

L’histoire :  la terre, normalement protégée par Superman, a subi un traumatisme incroyable : un million de personnes ont disparu d’un coup, d’un seul, sans laisser de traces. Le pire de tout, c’est que Lois Lane fait partie du lot et que Superman était occupé à botter d’autres fesses dans la galaxie au moment où cela s’est passé. Notre héros plonge alors dans une forme de désespoir teinté de remords. Il en vient à se confier à un prêtre, un homme de foi censé lui indiquer la voie à suivre. Voilà sa démarche spirituelle. Concernant les aspects pratiques, il fouille partout où il peut pour trouver un indice quelconque le menant aux disparus. Il se pourrait bien que la solution soit un pays en pleine guerre civile. Tout semble indiquer que le phénomène de la disparition soit parti de là. C’est même une machine qui semble être à l’origine de tout cela. Superman va la confisquer, non sans mal, mais un incident va lui faire rejoindre les disparus …

Notre avis : les auteurs ont cherché à nous livrer un Superman en proie au doute, en plein remord. Cela marche plutôt bien. Le fils de Krypton se voit obligé de se tourner vers un prêtre comme s’il avait tout d’un coup besoin de savoir qu’un être suprême était là pour veiller sur lui. Ces parties, ces dialogues sont tout à fait savoureux et puis voir l’homme invincible aussi fragile que ça, ça n’a pas de prix. On aime moins son enquête sur le terrain de la guérilla. Les personnages manquent d’épaisseur, notamment le général victorieux et son chien de guerre Equus. Le comics perd un peu de son rythme à ce moment là. C’est dans le dernier tiers que l’histoire rebondit à nouveau. Le voyage dans ce monde étrange est assez délicieux. 

Nous présenter Superman comme une personne fragile psychologiquement est plutôt une bonne idée. Les thèmes abordés sont des classiques du genre : le lien père-fils, le sentiment d’abandon, la culpabilité face à la perte d’un être aimé, … Oui il s’en veut de n’avoir pas été là alors qu’il n’aurait rien pu faire d’ailleurs. Cette culpabilité est tangible tout au long du récit et c’est cela qui constitue l’intérêt de cet album. 

Le dessin est plutôt classique dans le monde du comics US. On y décèle cependant un crayonné à peine moins clean que ce que l’on constate habituellement. Du coup c’est plus mature, moins teenager. 

Appréciation :  4

 

 

 

Saga, Tome 1

Scénario : Brian K. Vaughan

Dessin : Fiona Staples

Collection : Urban Indies

Format : couleurs, 158 pages

Editeur : Urban Comics

ISBN : 9782365772013

Web : http://www.urban-comics.com

L’histoire :  Marko est né sur Couronne, une planète satellite de Continent, le plus gros astre de la galaxie. Marko est un peu étrange, il a un corps d’humain et les bois d’un bouc. Alana, humaine, est native de Continent. Les deux êtres s’aiment et ont décidé d’unir leurs chemins. Pas de problème me direz-vous mais cela en pose tout de même un et de taille : Continent et Couronne sont en guerre. En d’autres termes, ce genre de relation n’est pas bien vu du tout, mais alors pas du tout. Les deux sont donc considérés comme des parias, c’est pourquoi ils se sont exilés sur une planète appelée Clivage. Ce n’est pas le genre d’endroit idéal pour passer des vacances : désolé, déserté, il est un des théâtres de l’affrontement entre les deux nations. Encore mieux, les deux êtres ne trouvent rien de mieux que de concevoir un rejeton. Ils deviennent les cibles des deux camps, la chasse est lancée …  

Notre avis : voilà un premier opus qui plante magistralement le décor. Ce monde est torturé, il est digne des ténors de l’anticipation : des peuples qui s’affrontent, des mondes dévastés et des minorités opprimées. Le scénario nous propose simplement une fuite en avant et un voyage dans les coulisses des pouvoirs en place. On y sent une xénophobie violente, un rejet de l’autre qui mettent un peu mal à l’aise au début. 

Au delà de cette ambiance, il faut saluer le travail fait sur les personnages. Les héritiers de la dynastie de Continent sont des robots tout à fait goûteux. Les chasseurs de primes ne sont pas en reste, sauvages, cruels et terriblement pugnaces. Mais au delà de ces apparences, on sent une exploration des âmes. Les auteurs nous livrent ainsi une forme de comedia del arte avec sa pléthore de sentiments et de rivalités.

Le dessin est loin des canons du comics. C’est plutôt crayonné et l’encrage flirte avec l’aquarelle. Tout cela renforce l’ambiance bien sombre que l’on nous sert ici.

En bref, on a beaucoup aimé même si l’on attend avec impatience le deuxième tome, histoire que les choses s’emballent un peu.  

Appréciation :  4

 

 

 

Superstar 

Scénario : Kurt Busiek

Dessin : Stuart Immonen

Collection : Glénat Comics

Format : couleurs, 80 pages

Editeur : Glénat

ISBN : 9782723494199

Web : http://www.glenatbd.com/

L’histoire :  Cody Bridges est Superstar. Comme nom de super héros kitsch ça se pose là tout de même. Il faut dire que cette BD nous raconte l’histoire d’un héros médiatisé (on ne peut s’empêcher de penser à Captain America là) et adulé. Il a besoin de cette popularité car sa puissance est tirée de l’énergie des gens. Il multiplie ainsi les meetings promotionnels pour récupérer des dons en nature. Ne vous méprenez pas, Cody est quelqu’un de bien, il le fait vraiment pour pouvoir sauver des vies, aider la veuve et l’orphelin. Ah oui j’oubliais un détail : ses pouvoirs. Il peut voler, encaisser les coups et il a une force incroyable. Un sorte de Superman en quelque sorte. Dans sa mission il est épaulé par son père et son frère. Le premier est PDG d’une entreprise de communication et le deuxième l’aide à distance lors de ses sorties. Les problèmes viennent de la relation de Cody avec son père qui souhaite exploiter l’image de Superstar pour engranger des bénéfices. Les problèmes commencent …

Notre avis : voilà une bien belle surprise. Sous couvert d’un héros à la façade un peu banale, on nous livre ici une vraie réflexion sur le prix de la liberté. Cody souhaite s’émanciper de son père mais il a besoin de son empire pour bénéficier de l’énergie des gens. Comment sacrifier cette énergie sans mettre le monde en danger et, surtout, sans renoncer à cette puissance qui lui plaît, évidemment. 

On y trouve aussi un héros un rien naïf quand il se fait manipuler par son père, sa petite amie ou même son frère. Mais il a aussi une part d’ombre, celle-là le rend très intéressant, loin des stéréotypes habituellement pratiqués dans les comics. Le dessin laisse transparaître la lumière et les ténèbres, c’est très bien fait. 

Bien sûr les questions soulevées sont celles du pouvoir de l’argent, du pouvoir tout court d’ailleurs. On y aborde aussi les problèmes de la filiation, de la jalousie dans une fratrie. Pour tout cela, on a aimé oui et surtout on attend le deuxième tome. 

Appréciation :  4