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Corsaire du Roy, l’Epervier toujours là ! (interview de Patrice Pellerin)



Lorsque Soleil lance en 2009 un second cycle des aventures de l’Epervier, nombre de lecteurs fans de la première heure retrouvent le sourire et l’envie d’arpenter de nouveaux territoires aux côtés de leur héros. Car Yann de Kermeur n’est pas un héros classique de BD, il est bien plus que cela, le témoignage que l’aventure au grand large a encore de belles heures devant elle !

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EpervierLorsque Patrice Pellerin décide de s’attaquer à la construction de l’Epervier, il ignore peut-être qu’il deviendra au fil du temps un de ces héros phares de la BD franco-belge. Le premier cycle paru chez Dupuis en six volumes offrait la vision d’un personnage dans son époque et dans un cadre propice à la narration. Yann de Kermeur fait partie de cette noblesse provinciale plus libre de ses mouvements car loin du cocon versaillais et de son temps suspendu. Noble dans l’âme il se verra accusé à tort d’un meurtre qu’il n’a pas commis ce qui le fera dépasser le cadre de la Bretagne pour le mener jusque sur les terres lointaines et sauvages de Guyane. Le premier cycle se développera de 1994 à 2004. Le dessinateur ne pouvait pourtant pas laisser Yann dans un carton et passer à autre chose. Peut-être que Patrice Pellerin restera du coup attaché à cette seule série mais la passion qui l’anime et cette envie de partager ses intérêts pour l’histoire, l’architecture et l’archéologie qui dopent ses scénarii en permanence, laissent suffisamment de marques dans l’esprit des lecteurs, devenus au fil du temps demandeurs de nouveaux récits palpitant, pour faire de lui un auteur majeur qui n’hésite pas à s’effacer derrière ses histoires. Après un break de cinq ans, Patrice Pellerin revient, en 2009, chez Soleil cette fois, pour proposer un second cycle aux aventures initiales de notre noble-marin, une histoire dont la suite vient de sortir il y a tout juste quelques semaines…

En avril 1742, quelque part sur les terres correspondant à l’actuel Canada, un trappeur marche sur la neige un fusil à la main. L’homme est blessé et des gouttes de sang perlent sur son passage comme pour dénoter des tensions plus que palpables qui sévissent sur le Nouveau Monde. Il arrive pourtant à proximité du fort français de St-Jean. Alors que ses occupants essayent de le soigner ils découvrent un message peint à même le dos de l’homme signé du Chevalier de Talmont, espion du Roi, qui prévient d’un danger imminent qui menace les colonies françaises déjà fragiles. A Versailles le nom de Yann de Kermeur est évoqué pour essayer de lever les voiles qui recouvrent cette sombre histoire… L’Epervier sera reçu par le Roi en personne qui lui donnera des lettres de mission officielles et des crédits illimités pour subvenir aux besoins d’un voyage jusqu’aux terres canadiennes. L’Epervier n’a cependant pas que des amis et si dans le volume 7 de cette série, il le découvre partiellement, le 8ème opus verra se confirmer les désirs de quelques nobles de faire échouer sa mission… A la tête des conspirateurs la belle et redoutable Aude de Severac qui réussira à rallier à elle les forces anglaises… Forces anglaises dont devra se jouer l’Epervier en esquivant d’habile manière un combat perdu d’avance au large des côtes françaises… Mais le danger tout juste évité ne doit en rien cacher celui qui attend Yann de Kermeur sur les terres du Nouveau Monde…

Epervier 1L’Epervier respire l’air du large. Il offre non seulement une histoire dans laquelle le lecteur se trouve indubitablement entraîné mais délivre aussi un contexte, un cadre, des personnages étoffés qui font vivre le scénario. Ces éléments qui peuvent ailleurs être peu exploités font de l’Epervier un récit dont on a l’impression qu’il dépasse de loin les simples cases mises les unes à la suite des autres. Les paysages débordent des planches de par l’imaginaire qu’ils créent sur le lecteur, de par le sens du détail de Patrice Pellerin qui consacre une grande partie de son temps à compulser images, photos, plans, à se déplacer sur site pour saisir les lumières, les perspectives et alimenter son sens du cadrage. L’Epervier donne à voir la grande Histoire par le prisme de personnages attachants, qui détonent peut-être dans leur époque – Yann de Kermeur noble sauvageon aux antipodes des bienséances de la cour ; femmes fortes, rebelles, capables de se défendre armes en mains – mais gardent leur conviction, leur sens de la survie et cette envie d’arriver à leurs fins avec une absence de résignation qui les sert tout du long de ce récit. Les aventures de l’Epervier servent donc de témoin pour présenter une époque et offrent au-delà une formidable évasion pour le lecteur avide de récits d’aventures historiques. Un must !

Patrice Pellerin – L’Epervier T7 & 8 – Soleil/Quadrants – 2009 & 2012 – euros

La galerie Daniel Maghen, qui consacrait en ce début d’année une exposition-vente d’originaux de l’auteur propose encore quelques planches, peintures et dessins préparatoires de l’Epervier, à découvrir ici… Avant de se faire plaisir !

http://www.danielmaghen.com/fr/recherche?txt=pellerin&type=0&prixmin=0&prixmax=0&typearticle=1&page=1

 

Interview de Patrice Pellerin