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Ekhö, le travail graphique



Une personne non avertie pourrait penser qu’il est parfois simple de relier les traits qui formeront la future planche d’un album. Mais tout n’est pas si simple et coordonner un travail à deux entre un scénariste qui a une idée précise de ce qu’il recherche et un dessinateur qui espère aussi apporter sa touche à l’édifice peut prendre des tournures parfois épiques ! Si on ajoute à cela l’apport d’un troisième larron à savoir le coloriste et vous aurez compris que rien n’est forcément simple, même si cela se passe souvent fort bien ! Décorticage du travail sur une planche d’Ekhö…

Le dernier volet de notre focus consacré à Ekhö, la nouvelle série phare d’Arleston et Barbucci, s’arrête aujourd’hui sur le travail purement graphique. Nous vous présenterons en effet ici trois des étapes majeures de la construction d’une planche :

– Le crayonné, qui pose le contexte, les volumes, les perspectives…
– L’encrage qui donne la version plus détaillée en appuyant le trait.
– La mise en couleur de la planche qui lui donne son aspect final.

Le crayonné qui n’est pas la première étape du travail (un storyboard plus ou moins travaillé est souvent réalisé notamment pour permettre une meilleure vision globale de la planche et de son découpage), laisse apparaitre les formes, les volumes, les lignes. Il s’agit donc d’une ébauche case à case du dessin final. C’est l’étape de base réalisée comme son nom l’indique au crayon et qui peut donc être retouchée, repensée, retravaillée jusqu’à ce que son auteur arrive en accord avec l’effet recherché. Les bulles sont placées généralement à cette étape (ou à l’encrage) car elles participent de l’équilibre général. Nous voyons qu’Alessandro a placé sur sa planche 7 les bulles a posteriori car elles gênaient peu la réalisation du dessin, en raison de leur faible densité.

L’encrage consiste à appuyer le contour du dessin soit à l’encre de chine, soit à la plume, au feutre, au pinceau (pour les aplats)… Il n’y a pas de règle en la matière. Les ombres sont également posées afin de donner un aspect définitif à la planche avant (si cela est le cas) la mise en couleur. Deux méthodes existent à ce stade. Soit l’auteur réalise son encrage à même le crayonné et gomme ensuite les marques de crayon superflues. Soit il travaille à la table/tablette lumineuse sur laquelle il place le crayonné et redessine sur une feuille blanche les contours et les ombres définitifs. Cela permet de garder la trace de cette étape (et fait souvent le bonheur des amateurs plutôt friands de ces premiers jets). Une dernière méthode consiste à utiliser un calque transparent placé sur le crayonné. Dans de nombreux cas le travail du dessinateur s’arrête à cette étape, soit que l’album est publié en noir et blanc, soit que la mise en couleur est confiée à un coloriste. Aujourd’hui où la cadence de publication doit souvent s’accélérer pour éviter de laisser trop de temps entre chaque tome, le recours à un coloriste est fréquent (payé généralement entre 80 et 100 la planche). Le dessinateur confie au coloriste ses planches au fur et à mesure qu’il les achève ce qui permet un cadencement accéléré. Dans le cas d’Ekhö que nous vous présentons ici, la mise en couleur a été confiée à Nolwenn Lebreton qui a déjà travaillé sur d’autres projets d’Arleston.

La mise en couleur est souvent réalisée avec des notes fournies par le dessinateur et le scénariste le cas échéant sur l’ambiance recherchée. Cette étape est souvent cruciale pour soutenir l’effet recherché et se prépare soigneusement. Le coloriste en fonction des choix opérés par le dessinateur va appliquer la couleur sur les zones délimitées par l’encrage. La couleur est souvent réalisée sur un tirage à part appelée le bleu (les traits sont imprimés en bleu clair). Elle peut aussi être réalisée à l’informatique qui autorise toutes les retouches par l’utilisation des multiples filtres offerts.

Ces différentes étapes sont souvent réalisées sur des supports plus grands que le format du futur album pour un meilleur confort de travail.

Nous vous proposons de découvrir ici la planche 6 et la planche 7 de l’album ainsi que quelques recherches sur les personnages principaux et secondaires… Maintenant que les étapes de construction d’une planche sont connus de vous, vous apprécierez je l’espère d’autant plus les visuels qui suivent !

Plongée dans l’atelier d’Alessandro Barbucci !

 

Planche 6

 

 

Planche 7

  

 

Recherches de personnages