Voyage sur les terres orientales prises dans les mailles des contes des Milles et une nuits qui teintent cette histoire d’effluves romanesques. Sort tragique pour le Kabyle, djinn prisonnier d’une lampe dont il ne peut s’extraire que par les souhaits de ses maîtres. Souhaits sanguinaires loin de nos contes d’enfance…
Dans le premier volet de cette saga orientale, nous avions suivi le destin d’un enfant sauvé d’une mort probable par Sinan, prophète à la tête d’une armée nizarite. Elevé par cet homme mystérieux qui forme dans son antre des guerriers (haschischins) programmés pour mourir, sur demande, il sera lui-même sacrifié pour la cause lors d’une réunion tripartite entre le Roi de Jérusalem, Baudoin, Saladin, celui-là même qui a massacré la tribu de l’enfant, et Sinan. Juste avant de partir dans l’au-delà, une femme se présente près du jeune homme, affublé du surnom de Kabyle en référence à ses origines, et l’oblige à regarder au fond d’une lampe à huile. Lorsqu’il se réveille il comprend qu’il est devenu un djinn, un génie prisonnier d’une lampe dont il ne pourra s’extraire que pour mener à bien trois missions qui lui seront confiées.
Dans le premier opus de cette série il lui avait été demandé de tuer Sinan, son ancien maître. Pour ce second opus il devra entreprendre une mission plus périlleuse encore : entrer dans la cité mythique d’Iram afin de trouver le chef des Golems et savoir qui intente à la vie de son nouveau maître Saladin qui a pris possession de la lampe. Mais la cité d’Iram n’est pas une paisible bourgade dans laquelle le commerce va bon train, elle foisonne de Rokhs, des oiseaux gigantesques seuls capables de blesser les djinns. Se retrouver au cœur de cette cité s’apparente donc à un voyage sans retour ou presque. Le Kabyle sera aidé dans cette mission par Esther et Hassan un nomade détenteur de connaissances infinies sur le lieu dans lequel ils évolueront.
Construit autour de plusieurs légendes et contes connus de tous, Ali Baba, Aladin, Simbad, Shéhérazade… cette série initiée par Mathieu Gabella au scénario regorge de références orientales. Menée sous un rythme effréné, l’histoire du « Kabyle », fresque fantastique aux rebondissements permanents (le héro prend conscience qu’il est pris dans un piège mais n’a pas encore les clefs pour échapper à son sort), se savoure à chaque page. Le dessin foisonne de détails tant au niveau des paysages/cadres que de son bestiaire et de ses personnages. Le lecteur se trouve saisi par un tel déploiement d’effets et la densité, qui peut décontenancer au début, mais qui fait réellement sa force. Le suspense sur le devenir du Kabyle, prend forme à chaque nouvelle épreuve qui lui est imposée. Une transposition réussie dans les contes des Milles et une nuits, revisités et modernisés pour l’occasion… Une série qui fera date.
Mathieu Gabella & Paolo Martinello – 3 souhaits T2 – Drugstore – 2012 – 13, 90 euros