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La BD du jour : 32 histoires d’Adrian Tomine



Recueil d’historiettes de l’américain Adrian Tomine, 32 histoires reprend les planches dessinées par l’auteur encore ado qui se fondait dans un monde dont il avait seul les clefs. Surprenant sur pas mal d’aspects, une vraie curiosité…

 

 

Plongé dans un mutisme social envers ses compagnons de lycée, Adrian trouve refuge dans le dessin. Essayer de créer des histoires à la façon comics devint un refuge, un moyen d’occuper son temps. Un jour, son frère ainé tombe par hasard sur un des cahiers dans lequel il couche ses courts récits et l’encourage à en faire quelque chose. Le premier numéro d’Optic Nerve voit le jour peu après. Rien de bien ronflant, quelques pages agrafées de récits sans prétention plus apparentés à des private jokes qu’à de véritables scénettes abouties, mais qu’importe le jeune ado poursuit son chemin, tire du quotidien, de ses rapports difficiles avec les gens qui l’entoure des trames pour alimenter ses histoires. Ses rêves aussi se voient parfois transcrit sur le papier, pour ne pas oublier et parce qu’ils fondent un monde qui lui appartient. Dans joyeux anniversaire il nous conte la relation d’un couple miné par le manque de dialogue et par le doute grandissant, c’est dans cette histoire que le jeune dessinateur expérimente son dessin au trait tracé à la règle qui décontenance par sa rigidité confronté à un récit quant à lui anguleux qui laisse la place à la réflexion. Un contraste saisissant. Dans Adrian quitte son travail le jeune homme expérimente la dure loi des petits jobs et des relations avec sa patronne. Le surréalisme s’installe parfois comme dans Coiffeur où alors qu’il se fait couper les cheveux son coiffeur décide soudainement de se mettre en grève ou dans Archi-complet dans lequel il fonce vers le Broadway theatre suite à un appel inconnu et, après avoir fait la queue de longues minutes durant, il se voit refuser l’entrée au motif que le spectacle est archi-complet… pour toujours !

Au fur et à mesure des numéros d’Optic Nerve, le style du jeune auteur s’affine, il tente ici quelques couleurs, là de densifier son trait et de le porter vers une plus grande cohésion par rapport aux thématiques qu’il aborde. Une découverte donc celle d’un auteur qui au fil des ans est parvenu à se construire un style, à s’affirmer par un travail acharné et des remises en question permanente et bien venues au regard de son dessin actuel…

Adrian Tomine – 32 histoires – Delcourt – 2012 – 16,50 euros