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La BD du jour : Conquistador de Dufaux et Xavier



Hernan Cortès incarne parfaitement l’image que l’on se fait du conquistador. Arme au poing, prêt à détruire pour la simple envie d’accumuler des richesses sur le dos des populations autochtones, il possède un destin tout à la fois tragique et superbe. Personnage trouble, il donne naissance à une nouvelle série séduisante…

 

 

 

Hernan Cortès symbolise mieux que quiconque le conquistador avide de sang et d’argent. Son nom s’est construit dans l’atteinte des populations indiennes qu’il pilla sans autre regret que celui de ne pas pouvoir détruire plus, de ne pas pouvoir assoir mieux sa suprématie alors qu’elles le déifiaient. Le 22 avril 1519, il débarque à Veracruz et remonte jusqu’à Tenochtitlan (aujourd’hui Mexico). Le contact avec les populations indigènes se déroulent pour le soldat bien mieux qu’espéré, et son avancée s’en trouve favorisée lui permettant d’atteindre son but ultime, rencontrer Moctezuma, l’empereur aztèque, qui, dit-on, possède des montagnes d’or.

Conquistador évoque sous forme romancée un épisode qui aurait pu survenir dans l’histoire de la conquête et de la destruction de ce riche empire. Les auteurs rappellent ainsi le contexte de cette époque mouvementée. Cortès n’est plus en odeur de sainteté en Espagne où on considère qu’il sert mieux ses intérêts que ceux de la couronne. Et les populations locales commencent à douter de l’origine divine de leurs hôtes. Tiraillé de tous les côtés, il décide de revenir vers Veracruz où une armée montée contre lui et dirigée par Panfilo de Narvaez semble vouloir le remettre dans le droit chemin. Alors qu’il s’apprête à quitter Tenochtitlan, il confie la mission à des soldats connus pour leurs faits d’armes – entendons par là leur capacité à donner la mort sans aucune manifestation de regret et sans peur de connaitre le même sort – de dérober une partie du trésor de l’empereur aztèque. La mission sera dirigée par une femme Catalina Guerero qui aura pour second Henando Royo. Ce duo formera l’ossature de cette série dans laquelle Cortès sera toutefois présent en substance. Récit historique donc mais dopé par la quête d’un but a priori pas impossible à atteindre mais qui renfermera de bien mauvaises surprises. Car quiconque ose s’en prendre à cet empire mystérieux et riche devra aussi affronter les colères d’un mal étrange, mystique à la puissance dévastatrice : Txlaka.

Le scénario prend le temps de dérouler la trame qui formera le cœur de la série. Ce premier volet porte donc une attache toute particulière à la construction des personnages fouillés et qui possèdent en eux suffisamment de zones d’ombres pour susciter notre intérêt. Le dessin relève le défi de cette série prometteuse. Luxuriance des détails, jeux des couleurs et des climats, découpage des cases très cinématographique. Le spectacle est là, peut-être trop, mais il laisse planer suffisamment de mystères et de perspectives que l’on demande déjà la suite !

Dufaux et Xavier – Conquistador – Glénat – 2012 (sortie prévue 25 avril) – 14,95 euros