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La BD du jour : Florida de Jean Dytar (Delcourt)



La découverte du nouveau monde s’accompagna dans les années qui suivirent de voyages destinés à établir des colonies sur les nouvelles terres prometteuses. La France et l’Angleterre, même si elles avaient un temps de retard sur l’Espagne et le Portugal, qui s’était partagé le monde nouveau au traité de Tordesillas, comprirent l’intérêt de construire un Empire. Florida raconte l’un de ses voyages malheureux sur les côtés Américaines…

Personne ou presque ne connait Jacques Le Moyne de Morgues dont les cartes du nouveau monde ont pu séduire en leur temps. A l’aube du dix-septième siècle la cartographie représentait une première étape dans la recherche des capitaux de certains nobles ou riches marchands, prêts à relever les défis lointains. Au fil du temps, le dessin, le contour des côtes s’est affiné, au point de définir les lieux potentiels où pourraient s’établir de futurs comptoirs. Jacques Le Moyne fut l’un des premiers voyageurs français engagé dans l’exploration des Amériques. Parti en 1564 dans l’expédition Laudonnière qui se solda par un échec cuisant, le cartographe perdra de ce voyage la dextérité d’une jambe mais gagnera aussi et malgré lui des images qui allaient le poursuivre sa vie durant. Réfugié en Angleterre pour fuir la répression sanglante dont étaient victimes les huguenots, le cartographe se voit approché par Richard Hakluyt et Walter Raleigh en raison de son expérience en Floride. Une expérience qui pourrait se révéler utile pour servir les desseins des deux hommes d’établir un nouveau comptoir en Floride. C’est à cette occasion que Jacques Le Moyne révèle à son épouse le drame de son premier voyage. Un drame resté secret, lourd à porter, qui le hante aujourd’hui encore.

Jean Dytar publie peu. Peut-être parce qu’il aime que son travail se nourrisse de la patine du temps passé à la création. Dans les recherches préalables qui le conduisent à définir la trame de ses récits et dans une réalisation qui graphiquement se love au sujet pour le servir et l’inscrire durablement dans la mémoire de ses lecteurs. Florida repose sur une trame historique qui permet le développement d’une fiction savoureuse. Le portrait de Jacques Le Moyne se fait ainsi touchant grâce à l’utilisation, en vert vaporeux, de flashbacks qui révèlent le drame passé. Une époque qui a soif de découverte mais qui a peut-être déjà perdu l’idée qu’elle avait aussi beaucoup à apprendre…

Jean Dytar – Florida – Delcourt