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La BD du jour : Guernica de Bruno Loth (La Boîte à bulles)



Guernica, symbole de la guerre d’Espagne par sa tragédie des morts humaines, l’est aussi par la fresque grandiose peinte par Pablo Picasso. Une fresque pour ne pas oublier l’horreur. Un récit de Bruno Loth essentiel…

La guerre d’Espagne aurait pu très vite virer au massacre si la force de conviction des opposants aux rebelles n’avait retardé l’inéluctable échéance. Après neuf mois d’intenses combats, Madrid tient encore de façon presque miraculeuse après avoir, à plusieurs reprises, manqué de céder sous les assauts répétés des forces franquistes. Plus au nord, le pays Basque résiste lui-aussi avec des moyens limités.

Le 25 avril 1937 les combattants républicains basques, les gudaris, fuyant la progression des forces rebelles, se replient vers Bilbao pour organiser une nouvelle ligne de défense. Ils entrent le 26 avril dans la ville de Guernica où se tient un marché. En milieu d’après-midi, survolant la ville, les premiers avions allemands et italiens larguent leurs bombes de 50 kilos. Ils allaient se relayer durant plus de trois heures pour raser méthodiquement la ville. Le bilan humain fait état de près de 2000 morts (directes ou indirectes) de cette sanglante après-midi.

Bruno Loth a déjà traité la guerre d’Espagne dans ces récits, notamment dans sa série Les fantômes de Ermo rééditée en intégrale par La Boîte à bulles en 2017. Il nous revient dans un récit documenté qui retrace cette journée tragique du 26 avril. Il le fait en suivant, en parallèle, la genèse et l’exécution par Pablo Picasso de l’œuvre Guernica exposée en 1937 à l’exposition universelle de Paris. Le récit se construit autour de quelques anonymes qui, pour plusieurs raisons, se trouvaient ce jour-là dans la ville bombardée. Des histoires se mêlent, des destins se brisent, avec en fond de toile la parfaite organisation des raids par l’aviation rebelle. L’album de Bruno Loth se révèle d’une redoutable efficacité dans la construction de la dramaturgie, aidé en cela par les propos touchants de Luis Iriondo, dernier survivant de l’horreur des bombardements, reproduits en fin de livre. Un récit pour ne pas oublier…

Bruno Loth – Guernica – La Boîte à bulles