Deux jeunes enfants parcourent une Chine dévastée par la guerre. Nous sommes en 1937, époque charnière dans l’histoire de ce pays. Rien ne sera plus comme avant et nos deux héros, Yaya et Tudeo vont faire de leur fuite une grande leçon d’apprentissage sur la vie et ses dangers… Une série marquante pour petits et grands !
La guerre sino-japonaise aura été l’une des plus meurtrières notamment en termes de population civile. La bataille de Nankin décrite avec maestria par Nicolas Meylaender et Zong Kai dans Nankin paru chez le même éditeur évoque un des aspects de cette guerre. Dans La balade de Yaya le sujet est plus global tout en étant destiné à un public plus jeune. Les auteurs traitent donc du conflit et des horreurs de la guerre sans les montrer directement – hors les bombardements qui amènent une réflexion sur la perte des repères et des cadres de l’enfance – en jouant sur les peurs, les souffrances liées à la séparation des êtres chers et les états d’âmes qui en découlent. Les héros de cette série à l’allure d’épopée se nomment Yaya, fillette d’une riche famille de notables et Tudeo, saltimbanque exploité par le tyrannique Zhu. Les deux enfants vont se trouver liés dans une fuite qui les mènera de Shanghai vers les terres plus méridionales du pays, avec, comme but ultime, le ralliement de Hong Kong où les parents de Yaya ont fui pour éviter une mort probable. Mais rallier la Chine du sud n’est pas chose aisée. La fillette se souvient d’un voyage en avion vers cette ville symbole de liberté, un voyage qui n’avait duré que quelques heures. Là le parcours sera plus long, semé d’embûches et de nombreux doutes. De la panne mécanique en passant par la malveillance de quelques adultes cette aventure sera l’occasion pour les deux amis de se lier dans une souffrance adoucie par le partage d’un destin commun.
Le premier volet de cette série nous permet de faire connaissance avec les différents protagonistes, à savoir Tudeo, Yaya et Pipo, l’oiseau qui l’accompagne partout d’une part, Zhu, les parents de la jeune fille et nombre de personnages secondaires d’autre part. Dans le second volet les deux amis se trouvent pris au piège de Zhu. Ils devront déjouer les pièges de ce tyran pour s’échapper d’un destin funeste. Dans ce volet se révèle le don de Yaya pour la communication avec les animaux, dans le cas présent des serpents qui l’aideront à se délier de l’étreinte de ses tortionnaires. Le troisième volet verra les deux amis prendre la route dans le camion d’un petit cirque ambulant et échapper de peu aux retrouvailles avec Zhu. Dans le dernier volet qui vient juste de sortir, L’île, Yaya et Tudeo qui avaient pris place à bord d’une barque devant la menace de Zhu arrivent sur une île qui se révèlera vite inhospitalière. Sur ses rivages un couple crapuleux exploite des femmes et des enfants afin de récupérer des perles de culture dans les huîtres enfouies dans les profondeurs. Un nouveau contact pour Yaya avec la réalité d’un monde qui lui échappe encore mais qui la fera sans conteste mûrir.
Jean-Marie Omont (scénario) et Golo Zhao (dessin) livrent une fresque sensible sur l’enfance. Le scénario plein de rebondissements met en avant des épisodes de l’histoire de la Chine des années 30 et 40. Le dessin, quant à lui, utilise l’espace laissé par le format à l’italienne de l’album, qui autorise les panoramas sur les paysages variés de la Chine rurale, et les changements de rythmes et de casses. Porté par des couleurs vivent les décors sont autant des découvertes pour leurs petits héros que pour nous. Une série qui se démarque véritablement et dont la suite réserve bien des surprises !
Jean-Marie Omont et Golo Zhao – La balade de Yaya (4 tomes parus) – Editions FEI – 2011-2012 – 8,50 euros l’un