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La BD du jour : La traversée du Louvre de David Prudhomme



Nous sommes peu de chose face à l’art, face aux génies de la création, qui, dans chaque œuvre, donnaient des pistes pour comprendre leur époque, leurs préoccupations du moment dans une mise à nue qui nous parait aujourd’hui salutaire. Car de ces traces du passé peuvent se dégager des lignes, des directions pour comprendre une époque, tirer des enseignements et finalement nous surprendre chaque jour un peu plus…

 

 

Le Louvre, lieu de découvertes, de redécouvertes, de surprises, d’émotions glanées au détour d’un couloir étroit – tout juste tamisé de spots discrets et bien placés – et à coup sûr moins fréquenté. Le Louvre labyrinthe. Espace de culture, de passion, de tout ce qui a fondé l’image et la particularité de nos sociétés depuis l’antiquité la plus précoce. Les toiles occupent les murs, espèrent capter l’attention. Quelques secondes gagnées contre l’oubli. Là les fers de lance des collections ravissent les touristes en manque de clichés-force pour un album à partager avec des proches à qui dire « J’y étais » tels ces braves d’Austerlitz. Le regard, les regards. Ce qu’ils suscitent d’émotions, d’émois, de réappropriation, d’interprétation. Nous sommes tous émus par des œuvres différentes et nos réactions elles aussi sont propres à chacun. Là notre corps se tord devant tel détail révélé par une attention croissante, là encore la foule se succède sagement pour observer l’œuvre du grand maître. Nous sommes différents dans nos observations et pourtant si sensibles devant l’art, devant sa capacité de suggestion, d’histoires à construire. David Prudhomme traverse le Louvre, il note, couche sur son carnet de croquis le croquant de telle ou telle situation, observe les gens, réagit, interagit devant les tableaux et sculptures exposées çà et là. Le regard de l’autre – il nous le confie lui-même lors de notre déambulation – peut aussi modifier notre propre perception. Le musée, dédale sans fin, offre différents visages. Il permet au dessinateur de nourrir son imaginaire, et donc le nôtre. Que ne donnerait-il pas pour savoir ce que pense cette jeune femme figée devant cette œuvre ! Où son esprit se perd-il ?

Avec humour, une pointe d’ironie, un respect pour ce vaste champ-monde qu’est le Louvre, Prudhomme offre une vision décalée de son parcours. Il donne à voir ce que nous ne voyons pas, les regards contraires, les poses lascives, les corps tordus dans un désir de compréhension globale, si tant est que cela soit possible, les intérêts et désintérêts, la vie et cette petite mort de l’œuvre. Les mots sont rares. Interjections, brefs soupirs, admirations… Ils supportent le temps.

La traversée du Louvre offre une vision d’artiste, riche de sa compréhension et de son inclination au travail minutieux de ces maitres du passé. Les symboliques se figent dans un attachement à donner vie à ce purgatoire de l’art. Et nous, là-dedans, me direz-vous, que devons-nous retenir de ce voyage dans les méandres du Louvre ? Peu et beaucoup à la fois. Si nous sommes peu de choses face à l’art, face à l’histoire, nos avis, notre perception peuvent encore prolonger la vie de ces tableaux d’un autre temps qui nous offrent, encore aujourd’hui, leurs moindres richesses ainsi révélées…

David Prudhomme – La traversée du Louvre – Futuropolis – 2012 – 17 euros

 

La visite du Louvre avec David Prudhomme, une partie de l’équipe de Futuropolis,  Fabrice Douar et quelques autres privilégiés !

Devant le Fra Angelico, Le Couronnement de la Vierge (photos 1 à 3), l’attention est toute portée vers les explications tout à la fois précises et « accessibles » de Fabrice Douar, éditeur du Louvre qui est partie prenante de cette collection dans laquelle un auteur se voit confié le soin de raconter sa vision du musée-monde… Plus loin, dans la galerie Médicis, nous retrouvons dans l’album de David Prudhomme, une des scènes qu’il a captée sur le vif autour des fameux bancs à partir desquels on peut, assis, prendre le temps de saisir l’ambiance de la salle et observer les détails de chaque œuvre… (photos 4 et 5). Enfin, devant Le philosophe en méditation de Rembrandt, nous observons la lumière de cette œuvre qui a traversé les âges. En finale, David nous laisse même parcourir son carnet de croquis… Ou comment passer dans le regard de l’auteur… (photos 6 à 8).