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La BD du jour : L’aéropostale T2 : Mermoz de Bec et Dumas



A l’instar de Guillaumet et de Saint-Exupéry, Mermoz repose au firmament des légendes de l’aéropostale. L’homme au caractère bien trempé vivra avec cette volonté et cette idée fixe de défier les éléments pour ouvrir la première voie aérienne régulière reliant l’Afrique à l’Amérique du Sud. Dans un album riche en émotions, Christophe Bec et son compagnon de cordée Patrick A. Dumas, nous immergent dans la légende de ce grand nom de l’aviation civile…

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MermozEn ce 12 mai 1930 en plein cœur de l’Atlantique Sud l’océan demeure calme, uniforme comme pour annoncer des changements à venir. Car rien ne saurait préserver ceux qui tentent de défier les airs avec des coucous qui pourraient s’apparenter à de simples papiers volant face au déchainement des éléments. Tout du moins pas indéfiniment. A bord d’un Laté 28 baptisé Comte de la Vaux, Mermoz et ses compagnons de route espèrent prouver aux yeux du monde que rallier l’Afrique à l’Amérique du Sud, chose impensable il y a peu, n’est plus qu’un simple rêve. L’ouverture d’une nouvelle voie ne se fera pourtant pas sans douleur. Alors qu’ils survolent l’Atlantique Sud les trois hommes vont se retrouver face à un mur de nuages épais et charbonneux, le fameux Pot au Noir. 5000 mètres de turbulences qui attisent les peurs de tous les marins du monde. Au cœur de la nappe nuageuse électrique, Mermoz aux commandes de son Laté décide de survoler les eaux de près à 50 mètres de haut seulement pour essayer de passer sous le tapis sombre et se préserver la possibilité de guetter un couloir libérateur. Au cours de cet épisode particulièrement tendu, la cabine de son hydravion devenu véritable saune Mermoz se remémore un autre épisode mouvementé vécu dans le sud marocain. Un épisode au cours duquel l’homme, capturé par des Maures, échappa de peu à la mort…

Second épisode des pilotes de légendes, Mermoz reste sur le thème ouvert avec Guillaumet à savoir l’évocation non pas de la biographie exhaustive du pilote – par ailleurs parfaitement servie par Micheluzzi chez Mosquito (voir la chronique ici) – mais d’un épisode de la vie de ce personnage d’exception. Sur le fond cela laisse un maximum d’ouverture au sujet, aiguise notre curiosité sur la vie de cet homme, et sa farouche conviction de la possibilité d’ouvrir une voie aérienne dans l’Atlantique Sud. D’un point de vue formel le dessin de Patrick A. Dumas sert parfaitement son sujet. En proposant des doubles-planches du Laté 28 placé en plein cœur des turbulences, les auteurs proposent de nous immerger dans les tensions et les craintes (la peur était-elle une donnée qui traversait les protagonistes de cet épisode ?) vécues en direct par Mermoz et ses compagnons de voyage. Les couleurs maitrisées de Saïto donnent du volume à l’ensemble, un relief nécessaire pour stimuler encore plus notre imaginaire. Au final l’exercice est maîtrisé même si nous n’aurions pas boudé que ce 48 pages se développe sur une pagination plus épaisse pour nous en mettre encore plus plein les mirettes ! A suivre avec un tome 3 consacré au peut-être moins connu Paul Vachet, un pilote à la carrière fournie qui, contrairement à la plupart de ses compagnons, survivra aux périples qui lui seront proposés…

Bec/Dumas/Saïto – L’aéropostale T2 : Mermoz – Soleil – 2014 – 13, 95 euros