Un brin de mystère autour d’un meurtre, une touche de suspense façon Agatha Christie ou Arthur Conan Doyle le tout revisité à la française, voilà ce que nous proposent Li-An et Laurence Lacroix dans le premier volet des Enquêtes des Maîtres de l’Etrange… De bonnes raisons de s’y attarder !
Une jeune femme retrouvée morte près d’une voie de chemin de fer par temps enneigé. Tel est le point de départ de cette histoire des Maitres de l’Etrange. La police rapidement prévenue de l’homicide se rend sur place et ne trouve aucune preuve tangible sur les lieux même où le crime aurait été commis. Le corps de la jeune femme gît trop loin des voies pour avoir été jeté depuis un train et aucune trace de pas n’apparait sur la plaine recouverte d’un duveteux manteau blanc alors que la neige a cessé de tomber depuis un certain temps déjà.
Cette affaire semble donc limpide pour l’inspecteur chargé de l’enquête, cela est l’évidence même : le découvreur du corps, un cheminot dénommé Bouvreuil, ne peut être que le seul suspect de ce crime. Mais pour le club des Maître de l’Etrange, institution qui regroupe de fins limiers adeptes de la résolution de crimes difficilement solutionnables, cet homicide parait plus complexe qu’il n’y paraît. Les maîtres de l’Etrange se compose de St-Gris, du colonel de Vraimont, du père Couraud et de Monsieur Raymond, ancien agrégé de mathématiques. Alors qu’il a résolu par le passé des mystères bien sombres, ce cercle ne brille plus par sa perspicacité.
Il faut dire que le parti pris de développer des scénarii de raisonnements à partir des seuls éléments contenus dans les coupures de presse n’offre plus la garantie d’une résolution facile. Pour la présente affaire les méthodes d’investigations devront donc changer et le changement viendra de la petite nouvelle admise au sein de cette institution, la nièce de St-Gris, une certaine Aglaëe Aglaë. La jeune femme viendra donc bouleverser quelque peu les habitudes de ces messieurs en charentaises. Mais ces messieurs joueront le jeu et avec un plaisir qui s’affichera au fil de l’enquête, signe que l’immobilisme de la pensée ne s’enracine pas dans leurs esprits ! Filous au possible ils glaneront les indices qui leur permettront tout d’abord de connaitre l’identité de la jeune victime avant de percer les secrets attachés à cet homicide.
Li-An et Laurence Lacroix nous offrent un album fort agréable qui possède un rythme, une saveur particulière dopée par un suspense qui se construit au fil des planches. Le dessin reconstitue l’ambiance d’une époque fin de siècle, il se fait support et prolongement de l’action. Le premier volet de cette série séduit par son dosage parfait entre aventure, humour, reconstitution historique et construction du background des personnages qui s’affinent progressivement au cours du récit. Les ingrédients essentiels pour faire des Maître de l’étrange une série qui se démarquera sont là… A suivre donc avec intérêt !
Li-An et Laurence Croix – L’ange tombé du ciel – Vents d’ouest – 2012 – 13, 90 euros