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La BD du jour : L’atelier Mastodonte collectif sous la direction de Lewis Trondheim



Les ateliers d’artistes sont légions à Paris ou ailleurs pour fédérer les auteurs, leur donner l’envie de se dépasser et de partager une expérience commune (en plus des raisons purement pécuniaires). L’atelier Mastodonte offre dans un opus plutôt épais la possibilité au lecteur de vivre en direct les délires collectifs d’une bande de copains réunie par Lewis Trondheim. Original et drolatique !

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MastodonteA quoi ressemblerait la vie organisée dans un atelier réunissant quelques auteurs de bande dessinée aux caractères et aux styles très affirmés ? Pour être plus concret imaginons Lewis Trondheim proposer à Alfred, Bianco, Neel, Pedrosa, Tebo et Yoann (plus quelques invités de passage) de venir partager le loyer d’un bel appartement dans lequel chacun pourrait s’épanouir et partager son expérience. Cela donne l’Atelier Mastodonte. Nous suivrons l’arrivée de chaque auteur à l’atelier, leurs doutes, leurs manies, leurs envies et surtout leurs déconnades permanentes à base de quiproquos ou d’intérêts divergeants. Bref l’ambiance dans l’atelier Mastodonte ne faiblit pas et tout ce beau monde s’en donne à cœur joie pour faire vivre le lieu. Nous retiendrons certains moments comme plutôt croustillants, comme les scènes d’installation, les délires écolos de Cyril Pedosa qui feront voir à Guillaume Bianco des couleurs qu’aucun autre être humain n’a pu contempler avant lui, les parties d’à qui mieux mieux  pour savoir qui dessinera le plus de pages dans la semaine, les batailles rangées de strips entre Lewis et Guillaume jusqu’au bout de la nuit, la folle virée de toute la troupe à Angoulême ou encore les déraillements autour des cacas de Tébo ou de l’occupation intempestive des WC par Trondheim himself… Tout est sujet à gag, à offrir des situations cocasses desquelles en quelques cases chaque auteur arrive à ses fins : faire vivre l’atelier en lui donnant son identité.

Avec ce bel album de 128 pages plutôt dense, Dupuis livre une expérience d’auteurs originales qui annonce peut-être de nouveaux délires à venir. Sur la forme le choix de proposer cet opus à l’italienne en demi format est judicieux pour permettre d’aller à l’essentiel et de faire fonctionner au mieux le ressort du gag. L’idée également de créer les histoires non pas enchainées les unes aux autres sans lien direct mais en faisant qu’elles se répondent, qu’elles vivent avec l’apport de ce qui précède permet de créer une homogénéité d’ensemble. On rit de chaque gag pris individuellement et on chavire de plaisir à la construction en direct de cet atelier débordant d’âme. Des moments de pur délires individuels ou collectifs ainsi qu’une bonne dose d’autodérision sont au programme, renforcés qu’ils sont par l’apport d’invités de luxe : Bouzard, Buchet, Delaf, Feroumont, Stan & Vince, Vivès… qui se fondent dans l’esprit de ce qui se trame sous nos yeux. Chaque auteur joue le jeu et cela offre au final un agréable moment de lecture. Et à vrai dire… on en redemande !

Collectif sous la direction de Lewis Trondheim – L’atelier Mastodonte – Dupuis- 2013 – 14,50 euros