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La BD du Jour : Le fils de l’Ursari de Cyrille Pomès (Rue de Sèvres)



Récit estampillé jeunesse mais qui peut se lire par tous, Le fils de l’Ursari parcourt le destin tragique d’une famille roumaine poussée vers la France pour engraisser une mafia bien peu scrupuleuse. Lente descente aux enfers qui laisse pourtant entrevoir une lucarne d’espoir dans l’intégration du jeune fils, doué aux échecs…

Daddu est dresseur d’ours dans une Roumanie pauvre et pas forcément tendre. Avec sa famille il passe de village en village, avec un accueil souvent mitigé voire hostile. Un soir sur une route la voiture lâche, laissant Daddu et les siens sur les bords du chemin. Pire, le petit campement que la famille installe dans l’attente du jour à venir, est pris d’assaut par des riverains remontés. Au petit matin, tout n’est plus que désolation. Dans ce contexte de sinistrose ambiante, un homme approche Daddu pour lui proposer un deal. Un voyage vers Paris, où sa famille pourra se reconstruire contre une avance de 60 000 leiki (monnaie roumaine) remboursable sous un mois, faute de quoi le double sera à rembourser…

60 000 leiki ce sont plus de 12 000 euros à trouver une fois arrivé. Un pari difficile à tenir, mais Daddu a-t-il vraiment le choix ? Installés dans un bidonville de montreur d’ours, Daddu devient ferrailleur tandis que sa femme et sa fille se font mendiantes. Dimetriu et Ciprian, les deux garçons, deviennent pickpocket, Dimetriu, plus âgé excelle dans ce nouveau « métier » tandis que Ciprian, lui, est plutôt dans une phase « d’apprentissage ». Peu attentif à sa tâche il découvre, près au jardin du « Lusquenbour », un jeu étrange dont il ignore tout, « lézecheck ». Un homme tentera de lui apprendre le jeu et descellera un talent inné pour cette pratique…

Au départ il y a le livre éponyme de Xavier-Laurent Petit que Cyrille Pomès découvre et décide d’adapter. Ensuite il y a le talent d’un dessinateur qui s’affirme de projet en projet. Ici l’auteur de La Dame de Damas livre un récit qui met en scène la trajectoire d’un jeune garçon qui dévoile un talent réel pour le jeu d’échecs. Un enfant craintif, qui évolue depuis toujours dans un milieu où il a appris à se méfier des gens. D’un autre côté le récit met en scène la mafia roumaine qui met en place, au cœur de Paris, des réseaux très lucratifs pour des riches pontes basés en Roumanie. Le récit n’a rien de joyeux au premier abord. Les lumières passent par cet enfant timide qui pourrait, pourquoi pas, permettre grâce à son talent, de briser la trajectoire sombre qui se profile pour sa famille. Tendre, émouvant et d’une maîtrise rare.

Cyrille Pomès – Le fils de L’Ursari – Rue de Sèvres