- Article publié sur MaXoE.com -


La BD du jour : Le labyrinthe de Gabella/Palumbo (+ interview-vidéo)



Grand récit d’aventure mené plusieurs dizaines de mètres sous terre, dans l’enfermement du tombeau de Dédale, Le labyrinthe nous plonge dans un récit fort en couleur et alimenté par un univers oppressant qui tient en haleine le lecteur jusqu’à la chute finale… Maitrise du sujet et passion sont au rendez-vous de ce nouvel opus de la série La grande évasion.

 

Après Biribi sur un scénario de Sylvain Ricard, la série concept La grande évasion de chez Delcourt donne la parole à Mathieu Gabella repéré notamment par son œuvre en quatre tomes, La Licorne. Rappelons le principe de cette collection : des héros enfermés dans un lieu ou un environnement particulier doivent trouver les clefs qui leur permettront de s’évader. La tension imposée par le huis clos doit servir de pivot à la construction d’un scénario original. Pour Mathieu Gabella les contraintes de départ servent de repères à la création de sa trame. Un archéologue de renommée internationale convie un groupe de spécialistes en divers domaines à venir travailler avec lui sur une découverte encore secrète. Mais les spécialistes en question n’ont pas le C.V des plus grands experts en archéologie. Pas d’historiens, de carpologues, de palynologues, de dendrochronologues, ou de scientifiques rattachés de près au suivi d’un chantier de fouille traditionnel. Pourquoi ces hommes et femmes se trouvent-ils alors dans un avion prêt à décoller ? Cette question simple et légitime restera en suspend tout au long des presque 64 pages de l’album.

Mathieu Gabella nous porte sur un terrain familier de lui, la mythologie grecque, et plus particulièrement l’histoire rattachée au Minotaure et au labyrinthe de Dédale. Rien de mieux pour envisager l’enfermement de ses héros. Alors que le chef de cette expédition essaye d’expliquer et de planifier le travail qui attend chacun des membres de cette épopée, la porte d’entrée du tombeau de Dédale se referme derrière le groupe qui ne peut réagir. Des groupes d’exploration vont alors se former pour essayer de trouver une issue vers la sortie au grand jour mais, au fur et à mesure que les recherches s’organisent, les découvertes les plus étranges viennent alimenter le doute. Et si tout ce qui se tramait ici-bas, à plusieurs dizaine de mètres sous terre n’était qu’un simple mirage destiné à des fins moins avouables ?

Aventures, tensions nées de ce huis clos oppressant, folie qui vient frapper les hommes, histoire et mythologie mêlés pour densifier le récit, tels sont les ingrédients de ce nouvel opus de la collection La grande évasion. Le dessin de Stefano Palumbo est une réelle découverte. La densité de son trait, notamment dans les détails des pièces d’architecture reconstituées ici, donne de l’ampleur au récit qu’il arrive à rythmer par de grandes cases contemplatives. Un équilibre qui dénote d’une grande maîtrise au service de l’histoire. Une histoire qui aurait pu s’enfermer dans une linéarité pesante mais qui trouve les ressources et les rebondissements pour affirmer son originalité et son efficacité. Vivement recommandé.

Gabella/Palumbo – Le labyrinthe – Delcourt – 2012 – 14,95 euros

 

Interview de Mathieu Gabella