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La BD du jour : Le marin, l’actrice et la croisière jaune T3 de Hautière et Poitevin



La croisière jaune poursuit sa route, non sans difficultés. Que ce soit dans les confins de l’Empire chinois ou sur les pentes du toit du monde, les hommes qui ont tout quittés pour faire vivre l’idée que chaque point du globe peut être parcouru et traversé par véhicule motorisé. Un prélude au développement de l’industrie automobile au quatre coins du globe…

 Croisière 2

CroisièreSouvenons-nous. Les deux premiers volets de la série Le marin, l’actrice et la croisière jaune voyaient se préparer et débuter un défi inconcevable pour l’époque : traverser l’Asie de part en part sur près de 30 000 kilomètres en véhicule motorisé. Ce projet un peu fou devait mettre en lumière la société d’André Citroën. Enorme coup de pub donc puisque la plupart des journaux influents de l’époque se faisaient fort de suivre les périples de cette expédition. Et quelle expédition ! Les terres à traverser par le convoi ne sont en effet pas franchement sûres. Des pilleurs de bas étages sillonnent ainsi régulièrement les routes principales dans le but de détrousser les voyageurs qui osent s’y aventurer. Rien de bien rassurant pour une expédition qui se veut pacifique à la base. Concrètement deux groupes se forment le premier sous l’autorité de G.-M Haardt et Audoin-Dubrueil, part de Beyrouth et le groupe Chine part quant à lui de Pékin. Nous suivons donc en parallèle ces deux traversées aussi périlleuses l’une que l’autre. Le tome 3 de la série débute en juin 1931, soit deux mois environ après le lancement officiel de cet incroyable défi. Le groupe Chine fait face à des querelles intestines en son sein de la part des observateurs et scientifiques imposés par Pékin. Il fait également face à des restrictions en essence qui mettent en danger son bon déroulement. Le tout dans un contexte géographique et géopolitique complexe dû à la traversée du désert de Gobi. Le groupe dirigé par Haardt lui, détourné vers l’Himalaya doit composer avec les routes peu praticables, la traversée sur des ponts supportant à peine le poids des véhicules et des routes de montagne tout juste dimensionnées pour les faire passer. Loin d’Europe, le marin du titre, Victor Point, écrit de longues lettres à sa muse, Alice la fameuse actrice dont la beauté dérange forcément les vieilles mégères bourgeoises. L’expédition Citroën prenant du retard, l’amour des tourtereaux survivra-t-il à cet éloignement ?

Le troisième volet de cette série dépaysante poursuit sur le même rythme que les deux premiers avec une tension qui croit tout du long. L’alternance des récits et des paysages (le Paris du début des années 30, la Chine et l’est asiatique ainsi que les montagnes himalayennes) dopent en permanence le récit qui ne reste pas cantonné dans le seul enchainement de faits rapportés mais parvient à les densifier par touches subtiles superbement cadencées. Le dessin quant à lui se régale des paysages à mettre en lumière, des combats qui surgissent avec leur lot de gravité et de tensions palpables, de la représentation fine des engins utilisés par les deux groupes. Le tout offre un spectacle grandiose, qui pourrait paraître un tantinet académique mais qui délecte de bout en bout. Recommandé !

Hautière/Poitevin – Le marin, l’actrice et la croisière jaune T3 – Soleil/Quadrants – 2013 – 10,95 euros