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La BD du jour : Le monde perdu de Bec/Faina et Salvatori



Un monde perdu qui n’aurait connu aucun dérèglement depuis la préhistoire ? Une faune et une flore préservées capables d’exciter la communauté scientifique peu à l’aise avec les remises en cause de certains dogmes ? En adaptant l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle, Bec relève un challenge de taille. Un premier volet maitrisé qui donne envie de (re)lire l’œuvre de l’auteur anglais… Signe de la réussite de l’exercice !

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Monde perduAlors qu’il prend part à une expédition en Amérique du Sud au cœur de la forêt amazonienne, le professeur Challenger, homme franc qui tiendrait assurément d’un Burton, découvre, agonisant au milieu d’un village autochtone d’indiens cannibales, un homme lui aussi venu semble-t-il explorer cette partie du monde encore inconnue des Européens. L’homme allongé sur un lit de peaux tendues doit à son albinisme le fait de n’avoir pas suscité d’envie anthropophage de la part de ses hôtes. Lorsque le professeur Challenger s’approche de lui pour essayer de le soigner il crie dans un dernier souffle des mots étranges difficilement exploitables en l’état : Les… Les formations basaltiques… sur la carte… Les… Les chutes… Par les chutes. Il tend aussi au professeur un étrange carnet de voyage dans lequel se trouve consignées de biens étranges données sur un monde perdu qui n’aurait pas évolué depuis la préhistoire. Ce monde s’élèverait quelque part en Amazonie sur un plateau protégé de l’homme.

Deux ans plus tard le professeur Challenger attend de grimper à bord d’un navire à destination de l’Amérique du Sud. En défendant les données contenues dans le carnet mystérieux il s’est vu opposé l’invective de toute la communauté scientifique de l’époque. Une communauté plutôt ancrée dans les traditions et peu enthousiaste pour ce qui lui semble être de pures élucubrations d’un farfelu. Challenger lance ainsi un défi à Summerlee, l’un de ses confrères et farouche opposant. Les deux hommes, ainsi que Lord Roxton, un chasseur renommé qui aime à faire les titres des journaux et Ned Malone, un jeune chroniqueur, se trouveront réunis pour composer ce qui va ressembler à l’une des plus grandes expéditions exploratoires jamais connue…

Revisité Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle n’est pas chose aisée. S’enferrer dans une relecture contemplative laisserait le récit graphique s’enliser dans des sables mouvants. Il faut au contraire sur ce type de récit prendre l’initiative de dynamiser le texte riche du père de Sherlock Holmes pour le sublimer. Sans pour autant défigurer l’œuvre mais en lui assurant sa pertinence et son suspense. C’est l’option choisie par Christophe Bec qui excelle dans la délivrance des infos par touches homéopathiques qui participe à faire croître la tension. Sans jamais trahir la finalité de l’œuvre originale, il parvient ainsi à offrir un récit dynamique et limpide. Si le premier volet de cette série repose essentiellement sur le voyage exploratoire de notre troupe hétéroclite jusqu’à l’entrée sur le haut plateau préservé, Christophe Bec pose çà et là des pièces qui enrichissent le déroulé grâce à des flashbacks astucieux qui délivrent de la matière et ce rapport à la mort qui parcours le récit. Le dessin quant à lui se fait efficace et expressif aussi bien dans la présentation des personnages que dans la description des différents lieux traversés. Même si une bonne partie de l’album se déroule sur les chemins rocailleux, Faina et Salvatori arrivent à donner de la diversité aux plans pour éviter de tomber dans une linéarité graphique. Ajoutons à cela un petit cahier de croquis calé en toute fin d’album et vous aurez compris que cet album mérite d’être lu en attendant la suite !

Bec/Faina et Salvatori – Le monde perdu T1 – Soleil – 2013 – 14,50 euros