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La BD du jour : Le Semeur d’étoiles de Shizuka Nakano



Manga poétique purement jouissif, Le Semeur d’étoiles se lit d’une traite comme un moyen de guérir de l’indifférence qui nous guette parfois. Prenons le temps, jouons à construire nos rêves !

 

J’avoue que je ne connaissais pas Shizuka Nakano avant de découvrir Le Semeur d’étoiles. Ce manga teinté de poésie et d’une réflexion sur les rêves et le bonheur à vivre les choses simples de la vie s’impose comme un véritable hymne charnel à notre existence. Peut-être sommes nous en perpétuel décalage avec les beautés de ce monde, peut-être que notre rythme de vie, à la cadence sans cesse accélérée, nous empêche de voir et de goûter à certains plaisir oubliés ou enfouis au fond de nous. En substance Nakano nous révèle cela et nous donne les liens, le fil conducteur pour corriger le tir et accroitre notre sensibilité aux choses que nous ignorons parfois, faute de temps, d’envie ou tout simplement car nous devenons chaque jour un peu plus sourd et aveugle aux beautés du monde.

Dans la postface à ce recueil de nouvelles, Shizuka nous livre la manière dont elle conçoit ses histoires : J’aime l’intense odeur de la chlorophylle au début de l’été. J’aime le bruit de la neige frôlant la porte dans un silence inhabituel. J’aime écouter le bruit d’avalanche que fait une pluie d’orage, à l’abri sous un toit. Je ne peux résister à l’attrait de l’obscurité complète ou d’une porte dont on ne comprend pas l’emplacement. Je m’intéresse à ces phénomènes et à ces objets, pas seulement pour ce qu’ils sont mais aussi pour toutes les bribes d’histoires qu’ils véhiculent. Du moins je le ressens de cette façon. Derrière le vent frais et parfumé d’une nuit d’été, ou sous la neige violente et capricieuse, j’imagine des évènements déconcertants. Elle révèle à travers ces mots son attirance pour l’étrange mais aussi les situations où nos sens se doivent d’être en éveil. D’un point de vue concret elle restitue cela au travers d’histoires où la métaphore et l’onirisme ne sont jamais bien loin. Pour autant les drames, la mort, ne sont pas absents de ses récits, ils  viennent comme pour signifier non pas une rupture mais un passage de témoin entre deux êtres. Dix histoires sont proposées dans ce recueil. Elles regorgent de rêves éveillés, de lutins étranges, de cerfs aux bois recouverts d’un délicieux nectar sucré, d’un ciel étoilé qui éclaire la lucarne d’un enfant, de pleins de choses insignifiantes sur lesquelles nous devrions porter notre attention.

Le Semeur d’étoiles peut aussi se lire comme un fantastique manuel à l’usage de tous. Posons-nous un instant et regardons au travers des évidences. Peut-être découvrirons-nous, nous aussi, des histoires capables d’alimenter nos rêves et de nous rassurer sur notre capacité à croire aux impossibles…

Shizuka Nakano – Le Semeur d’étoiles – IMHO – 2012 – 16 euros