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La BD du jour : Les chasseurs d’écume T2 de Debois & Fino



Suite des aventures bretonnes de Jos, pêcheur au caractère trempé qui espère se rapprocher toujours plus de sa belle Denise. Mais si le contexte économique de l’époque est tendu, il en est de même pour le volet sentimental…

 

Dans le premier volet de cette série, Jos un homme d’une soixantaine d’années se rendait à Paris pour défendre l’intérêt de la sardine dans les hautes strates de l’Etat. Son compagnon de compartiment vite intrigué par le personnage avec qui il voyageait, force tranquille ayant à n’en pas douté « vécu », lui demandait de partager son histoire. C’est cette histoire contée dans le premier volet de cette série, 1901, premières sardines, qui se poursuit dans le second opus baptisé Les maitresses du quai.

Nous sommes en 1909 et Jos, le personnage central de l’intrigue, a bénéficié d’un apprentissage accéléré pour prendre la succession de son père trop tôt disparu. Le jeune homme entend bien perpétrer la mémoire de ses aïeuls. S’il semble bien parti pour y arriver un problème de taille va le faire chavirer. Alors que le jeune homme surprend sa douce, la belle Denise Guilcher, sur des rochers près de la mer, celle-ci lui révèle la triste vérité : sa mère a conclu un arrangement de fiançailles avec un ouvrier de Concarneau, un dénommé Œil-de-machine, qui tire son nom d’un œil perdu lors de combats entre soudeurs-boîtiers et ouvriers en sertissage (mise en boîte des sardines). Cet homme violent a arraché Denise en payant une forte somme d’argent à la famille Guilcher. Jos démuni va dès lors essayer d’économiser sur ses ventes de sardines pour essayer de proposer une somme supérieure et faire ainsi changer d’avis la mère Guilcher. Mais rien n’est simple car la surproduction croissante résultante de la mécanisation des mises en boîte a fait chuter considérablement le prix de la sardine, dont des paniers entiers restent invendus sur le port lorsqu’ils ne passent pas tout simplement par-dessus bord…

Avec ce second volume de la série Les chasseurs d’écume, Serge Fino et François Debois poursuivent la présentation de l’univers de la pêche en Bretagne au début du XXème siècle. L’époque changeante, poussée par le développement de l’industrie et une mécanisation à tous les stades de fabrication, permet à quelques privilégiés de s’enrichir grassement tandis que le pêcheur, traquant tôt le matin les bans, la matière première, se trouve plongé dans une crise sociale jusqu’alors jamais vécue. Pour espérer faire plier les nantis les pêcheurs trouvent leur salut dans l’union et dans l’entonnement des chansons fédératrices, telle l’Internationale. Ce second volet évoque donc en partie les révoltes sociales réprimandées dans le sang, mais pas uniquement. Pour Jos en effet cette époque charnière s’enveloppe d’une autre lutte émérite pour conquérir, auprès de la famille rivale, Denise, celle qu’il aime. Pas de mélo, pas de critique sociale mais juste une histoire d’hommes, de femmes, poussés vers les désillusions à venir mais qu’anime encore cette foi en cette sardine goûteuse pêchée à la sueur des fronts au large des côtes de Douarnenez…  

Debois/Fino – Les chasseurs d’écume T2 – Glénat – 2012 – 13, 90 euros