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La BD du jour : Les Etiquettes de Clarke



Un auteur de BD qui prend sa vie comme trame d’un album, voilà qui n’est pas classique. On y découvre des virées en festivals plus ou moins recommandables mais aussi des tranches de vie, des moments captés sur le vif qui permettent de retrouver un auteur simple qui n’hésite pas à se livrer sans peur, faisant de son album l’objet d’une thérapie. Culotté et savoureux !

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LES ETIQUETTES[TRE].indd.pdfLa vie d’un auteur de BD. Le voile du mystère tombe lorsqu’on découvre qu’elle n’est ni plus ni moins pimentée que celle de chacun d’entre nous. Frédéric connait un succès certain avec une série devenue culte. Grâce à elle il est invité à gauche et à droite dans les festivals qui pullulent ici ou là. Parfois de vrais traquenards pour ne pas dire plus. Quelquefois notre auteur y rencontre des personnes qui le touchent et avec qui il partage un moment de vie, en toute simplicité. Car il ne faut pas croire que la vie d’auteur de bande-dessinée soit le Pérou, ou tout du moins pas pour tout le monde. Pas de mode Superman, pas d’airbag pour amortir les coups, la vie se décline comme pour tout un chacun avec ses épisodes joyeux et surtout, ceux qui marquent le plus, ses moments graves, dont la mort d’une mère qui touche l’homme, la séparation avec sa femme. Dans ce magma de situations qui s’enchaînent se lit la vie d’un homme qui se livre avec modestie. L’inspiration de l’auteur en berne ne lui autorise pas de grandes extrapolations graphiques ou scénaristiques, mais la force et l’envie de revenir sur les détails, sur ces bouts de papier que forment les étiquettes et qui en disent souvent bien plus sur la qualité de l’homme.

Avec Les Etiquettes, publié dans la collection Treize Etrange de chez Glénat, Clarke nous propose un récit qui se veut autobiographique. L’auteur s’y dévoile donc sous la forme d’une véritable introspection qui prend le lecteur à témoin. Arrivé à un tournant de sa vie, il fait, avec cet album simple en apparence dans sa forme et dans son fond, un break dans une carrière marquée par le succès de sa série Mélusine. On y découvre un auteur que le doute peut traverser mais qui arrive encore et heureusement à nous surprendre par un récit intimiste qui se lit d’une traite et apporte un véritable esprit de fraîcheur chez le lecteur. Le ton savoureusement décalé dope en permanence ces épisodes de la vie de l’auteur, qui avec un sens rare de l’expressivité, nous apparaissent comme des plots placés là pour nous orienter et nous prémunir d’un quelconque ennui, ou d’une lassitude face au quotidien de nos vies. Parfois il semble qu’il faille être plus attentif à ce qui se joue devant nous pour arriver à percevoir du sens dans chacun des moments que nous vivions seul ou avec d’autres. Alors les sons qui guident nos vies se teintent de couleurs chaudes. Hautement recommandé !

Clarke – Les étiquettes – Glénat/Treize étrange – 2014 – 15 euros