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La BD du jour : Les fabriques de la mort de Slocombe, Martin & Froissard



Dans le Japon actuel un jeune homme anglais, journaliste de son état, va se trouver confronté à de vieux fantômes du passé. Récit intriguant qui expose en pleine face les heures troubles de l’empire nippon durant la seconde guerre mondiale, Les fabriques de la mort impose un rythme et un cadre où l’étrange n’est jamais loin…

 

 

La seconde guerre mondiale a engendré son lot d’atrocités à un degré rarement vu auparavant. Que ce soient les déportations de juifs ou d’homosexuels (voir Triangle Rose), suivies inéluctablement de la mort dans les camps de concentration, les expériences médicales nazies, les massacres d’Oradour/Glane, de Nankin ou d’ailleurs, toutes ces horreurs ont profondément marqué les esprits et les corps. L’unité 731 créée au Japon pour « Prévenir des épidémies et assurer la purification de l’eau » et qui n’était rien de moins qu’un centre militaire d’expérimentation dont le but était de concevoir des armes bactériologiques, demeure moins connue de nous. Elle a pourtant envoyé sous d’autres cieux plusieurs milliers de personnes.

Jonathan Harvester, jeune journaliste de vulgarisation scientifique anglais séjourne quelques jours au Japon afin de réaliser un article sur un célèbre chercheur nippon, le professeur Muraki. Celui-ci a mené notamment des études poussées sur le sang artificiel. Domaine on ne peut plus vital dans nos sociétés ou le sang manque cruellement dans les différents centres hospitaliers. Au cours de ses recherches, et totalement par hasard, le jeune homme va découvrir l’existence d’un procès mené contre des militaires ayant œuvrés dans la mise en place et l’expérimentation sur des hommes d’armes bactériologiques. Il découvrira aussi et surtout que le sujet reste tabou dans l’empire du soleil levant au point d’en être menacé physiquement. Messages étranges déposés à l’attention du journaliste, femme bandée souffrant d’un mal singulier, une autre écrasée par une voiture sans que cela soulève la moindre émotion, réplique d’un château allemand en plein cœur du village de Matsushiro, tout concours à poser une ambiance dominées par des contextes étranges. Le récit, qui mêle polar, histoire, mystères se fortifie de l’apport d’un dessin âpre qui se décline en couleurs volontairement sombres, allant du gris au sépia en passant par toute les teintes ocres. Les dialogues sont rarement envahissant et laisse s’exprimer l’expressivité des regards et des corps.

Cet album écrit par le touche-à-tout Slocombe possède un charme certain et les vieux fantômes risques de resurgir au travers de quelques pages passerelles vers un ailleurs que beaucoup auraient voulu endormir à jamais. Une réussite !   

Slocombe, Martin & Froissard – Les fabriques de la mort – Delcourt – 2012 – 13,95 euros