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La BD du jour : Loup de Pluie de Dufaux et Pellejero



Avec Loup de Pluie Jean Dufaux revisite le western dans la lorgnette des relations de paix entre indiens et nouveaux colons. Des relations pas forcément admises de tous, notamment de ceux qui crapahutent sur les landes arides, colt à la ceinture, pour le plus grand malheur de ceux qui croisent leur route…

 

Le western a décidément le vent en poupe. Après l’excellent Texas Cowboys de Matthieu Bonhomme et Trondheim dont nous vous avons dit le plus grand bien il y a peu, nous voici replongé en plein cœur d’une Amérique en proie à une violence galopante dans ses territoires reculés où les tensions entre grandes familles vont bon train. Posons le contexte. Les Mc Dell sont de riches propriétaires avec à leur tête Vincent, un industriel du chemin de fer qui construit et améliore le réseau des voies de communication avec les villes environnantes. Jack et Bruce ont hérités de leur père le respect pour les peuples indigènes qui se trouvent confrontés à la réalité d’une Amérique nouvelle assoiffée de terres prospères à conquérir au-delà des simples côtes jusqu’alors colonisées. Le contact entre les deux peuples se fait donc dans la rudesse, pour ne pas dire dans le sang.

Mais notre histoire reste bien plus terre à terre. Ingus éminent représentant de la famille Limb débarque en ville avec la ferme intention de parler à Bruce Mc Dell auquel il reproche de tourner autour de sa sœur. Dans la saloon de la petite bourgade il fait la connaissance de Loup de Pluie, un indien en train de jouer une partie de poker dans l’arrière salle. La rencontre va s’avérée tendue entre les deux hommes et un duel au pistolet prendra forme une fois les deux hommes au dehors. Ingus Limb y trouvera la porte des enfers et Loup de pluie la véhémence de la population locale, car, même si le duel a respecté les formes en usage, un indien a toujours tort. Mis en prison par le shérif il évitera de peu le lynchage et sera sauvé par Bruce, qui le fera libéré. Mais cet épisode ne va pas en rester-là. La famille Limb décide que sa justice basée sur le colt chargé de ses six cartouches reste de loin la meilleure, sous-entendu la plus efficace et la plus rapide.

Avec Loup de Pluie Jean Dufaux nous offre une vision du grand ouest peu vue ailleurs, faite d’un mélange de traditions et légendes indiennes, d’un respect pour l’autochtone a qui l’avenir présente peu d’espoir, exprimé ici par le biais des actions de Vincent Mc Dell et de toute la palette de l’univers western classique avec son lot de violence, d’incompréhension et de justice rapide. Le travail de Pellejero au dessin donne corps au propos, le trait simple et appuyé va à l’essentiel, les couleurs qui se développent principalement dans les nuances ocre participent à la mise en ambiance de ce récit brillant ponctué par cette scène magnifique dans laquelle se réunissent les représentants de la communauté indienne et ceux de la bourgeoisie locale avec à leur tête Vincent Mc Dell. Dans les coulisses de cette rencontre de paix au somment, Jack le cadet de la famille prend toute la mesure du moment : Maintenant j’en saisis la pertinence. Je suppose que mon père avait compris avant nous l’importance de ces rencontres entre nos deux communautés. Chacun gagne à mieux comprendre l’autre. Et puis, mon père s’entend bien avec Nuage Rouge. Grâce à leur entente, une paix durable s’est installée dans la région. Reste à voir qui en sera le bénéficiaire. Pas les indiens. Leur grandeur appartient au passé. Pour eux le voyage est terminé. Et vous le regrettez ? [L’interroge le photographe venu immortalisé cette rencontre] Oui. Un passionnant récit qui nous réserve encore bien des surprises lors du second et dernier volet…

Dufaux et Pellejero – Loup de Pluie T1 – Dargaud – 2012 – 13,99 euros